africa - Institut National du Patrimoine
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Africa XIII/Al-Sayyida : une femme, un monument Naziha MAHJOUB<br />
saint, et le monument qui abrite sa sépulture, Zàwiya', dans le paysage urbain et dans la<br />
pensée des populations de l'Ifriqiya' depuis la nuit des temps.<br />
En effet, la fourchette qui se situe entre 595H/1197 JC et 665H/1267 de l'ère<br />
chrétienne, apparaît à travers les sources comme une période de mutation politique, de<br />
luttes de clans, de complots, de rebellions, de guerres et de conflits religieux auxquels<br />
s'ajoutent des difficultés économiques, successives à une grande sécheresse.<br />
Les sources sont unanimes pour dresser un tableau peu réconfortant de cette<br />
époque. Cette période, connaît en effet, la sécheresse, les sauterelles, la famine, les<br />
épidémies, et en particulier la peste, et les séismes.<br />
A la naissance de c A'sha', Tunis vient de tourner le dos à une décennie<br />
particulièrement difficile.<br />
- La rigueur de l'hiver 581 H/1183 JC, la pénurie et les épidémies qui l'ont<br />
suivies.<br />
- Le froid et la faim de l'hiver suivant 582 H/1186 JC.<br />
- A neuf ans, en 600 H/1203 JC, c A'sha' est secouée par les premiers séismes.<br />
- La famine des années 635-636 H/1238 JC qui justifie l'achat de (50.000<br />
charges) de froment à la Sicile en 1239 JC (2) .<br />
- La grande sécheresse et la famine de l'année 665 H/1267 JC qui nécessitent<br />
vingt jours de prières rogatoires et l'ultime recours aux prières et aux invocations de<br />
c A'isha', les dernières, sans doute, qu'elle eut à accomplir, et qui selon les Manàqibs,<br />
furent exaucées (3) .<br />
Ainsi la ville de Tunis, eut à souffrir de la longue sécheresse et des années<br />
difficiles d'une grande partie <strong>du</strong> XIIIème siècle.<br />
En fait, les cinq dernières années qui précèdent la mort de c A'isha' et celles qui<br />
suivront, seront les témoins d'une véritable hécatombe, si l'on en juge par les<br />
témoignages des récits hagiographiques.<br />
Cette situation désespérée a concerné une bonne partie <strong>du</strong> XIIIème siècle,<br />
comme en témoignent les sources. Sécheresse, famine, pénurie, épidémie vont être le lot<br />
de Tunis, de ses environs (4) et de l'Ifriqiya en général. Mais en fait la fin <strong>du</strong> XIIIème<br />
siècle n'est guère plus reluisante puisque la famine, les épidémies et la peste en<br />
particulier, causent des ravages. Les Manàqibs d'Abù'l-Hasan al-Shàdhuli enregistrent<br />
plus de six cent morts la même année autour des années 665-666 H/1266-1267 JC (5) .<br />
Cette information est complétée par le témoignage d'un contemporain de c A'sha', le<br />
Shaykh Khalf Allàh, Imàm de la Khalwa' de Muhriz .B. Khalaf, selon lequel, autour de<br />
665 H les gens mouraient de faim dans les rues de Tunis (6) . Et ce n'est pas un hasard si la<br />
liste des Quarante disciples Shàdhuli (7) situe la mort d'un grand nombre de<br />
compagnons entre 661 H et 673 H avec une pointe au sommet en 666 H/ 1267JC. Aussi<br />
(2) Brunschwig R.. La Berbérie Orientale sous les Hafsides. Paris. Adrien-Maisonneuve. 1947,1.1, p. 36.<br />
(3) Ms Manàqibs de cA'isha' al-Manùbiyya'. op. cit., fol.5-98-99.<br />
(4) Brunscwig R. La Berbérie Orientale, op. cit., t. II, p. 293.<br />
(5)<br />
Ms B.N. de Tunis n°09858, fol. 52.<br />
(6)<br />
Ms. B.N de Tunis, Ibid.<br />
(7)<br />
Ms. B.N. de Tunis N° 02340.<br />
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