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le sourire immobile pdf - Vincent-Paul Toccoli a-nous-dieu-toccoli

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plateau tout entier, sous peine de…Le garçon, tout p<strong>le</strong>ur et tout grimace, dut, jusqu’au dernier, ava<strong>le</strong>r<br />

tous <strong>le</strong>s fruits, et, courut, malade, jusqu’où vous savez, rendre <strong>le</strong> tout, et par en haut et par en bas.<br />

Traumatisé mais dégoûté, il ne toucha plus à une cerise de sa vie! Cette chronique, - la mienne! - n’a<br />

pas cessé de penser, de percevoir, d’imaginer et de discriminer, toutes choses que j’essayais<br />

d’évacuer pendant <strong>le</strong>s séances de za zen et <strong>le</strong>s méditations marchées! Mon esprit, (dé?)formé comme il<br />

est, a regimbé en permanence contre l’interdit ‘catégorique’ kantien du ‘Tu ne dois pas!’: il a voulu<br />

tout analyser, comprendre, comparer, évaluer pour en tirer ‘du vieux et du neuf’, et faire son miel des<br />

sucs qu’il pompait. Il a fait en ‘récréation’ ce qu’il ne lui était pas permis de faire ‘en classe’: une<br />

éco<strong>le</strong> buissonnière à l’envers! Puis, Massif Central parti pour Séoul, <strong>le</strong> pur sang changea soudain de<br />

box à l’écurie. Il était dressé, ayant épuisé ruades, cabrages, sauts et galops. Mais sa ‘fatigue’ lui avait<br />

été nécessaire, puisque c’était son régime depuis cinquante ans. Maintenant, son antique nature<br />

devenue (désormais? Un temps, en tout cas!) obsolète, il s’assoit, placide, parmi <strong>le</strong>s herbes, broutant<br />

consciencieusement ce qui est devant lui, ne se laissant plus distraire par tout ce qui l’entoure, restant<br />

simp<strong>le</strong>ment là, au milieu de tout.<br />

Un vieux Maître de Ch’an raconte: ” Je suis resté avec Maître Isan plus de trente ans. Je mangeais ce<br />

qu’il mangeait, je déféquais donc ce qu’il déféquait, mais je n’ai jamais étudié son enseignement du<br />

Ch’an. Je n’avais qu’une chose à faire: prendre soin du bœuf! S’il s’enfuyait et piétinait <strong>le</strong>s autres<br />

champs, je lui donnais quelques coups de fouet pour <strong>le</strong> dresser. Ce fut sans espoir pendant très<br />

longtemps…Pourtant, maintenant il est tout blanc, parfaitement dressé et il reste là, dans la cour,<br />

devant mes yeux. Il ne s’enfuit plus, et même quand je <strong>le</strong> chasse, il ne part pas…” (Kusan 1982 : 86,<br />

note 7).<br />

Ah! Je ne peux pas m’empêcher de raconter des histoires! Je trouve que c’est la meil<strong>le</strong>ure pédagogie:<br />

en tout cas, c’est cel<strong>le</strong> que je sais pratiquer <strong>le</strong> mieux! Il est donc indéniab<strong>le</strong> qu’entre ‘Les cerises’, ‘Le<br />

pur sang’ et ‘Le bœuf’, <strong>le</strong> training, expéditif, intensif ou laborieux est arrivé à produire des résultats,<br />

c’est un fait. Je trouve quand même qu’il se dégage de toute cette entreprise une odeur de tristesse<br />

volontariste, qui me pousse, ce matin, à dire avec Albert Camus:” Il faut imaginer Sisyphe<br />

heureux!”.Il faut imaginer <strong>le</strong> pratiquant zen heureux!<br />

En fin d’après-midi, - j’étais en train de relire l’introduction de Blofeld à sa sublime traduction de<br />

Huang-po, - j’ai reçu la visite des deux moines retraitants, Taë-ri de Padoue et Sandima de Rangoon:<br />

ils m’apportaient un colis de Pierre de Séoul, rempli de bonnes choses, - entre autres du pain et du vin,<br />

- pour bien terminer cette ‘expédition immobi<strong>le</strong>’! Ils se sont assis sur la véranda et je <strong>le</strong>ur ai offert du<br />

thé. Je me sentais vraiment ‘l’ermite de Kam ro am’. Ils avaient besoin de s’épancher. Ainsi, <strong>le</strong><br />

kyölche n’est plus ce qu’en racontent <strong>le</strong>s livres, et <strong>le</strong>s Maîtres de Sôn de Songgwang sa n’ont plus<br />

l’envergure d’un Kusan. L’affluence est minime (une petite vingtaine de moines cette année), peu de<br />

non coréens (on par<strong>le</strong> d’une demi-douzaine), l’horaire est des plus élastiques (en effet, que faisaient-ils<br />

à seize heures trente, à ‘traîner’ dans la campagne, et se préparant mol<strong>le</strong>ment à rejoindre <strong>le</strong> réfectoire<br />

pour <strong>le</strong>ur dîner), et on ne médite plus des douze à quatorze heures par jour (ils m’ont avoué un petit<br />

huit heures ‘syndical’!)! Par Bouddha, où va-t-on! Kusan est mort ici même, <strong>le</strong> 16 décembre 1983, il y<br />

a quinze ans, à peine: il n’a pas encore trouvé de ‘successeur’. L’actuel Maître de Sôn serait un expert<br />

en “Vinaya”, <strong>le</strong> Livre de la Discipline des moines, pas en Méditation, et j’apprends que si Chung<br />

Hyung/San Sunim, <strong>le</strong> mien donc, a été nommé Directeur du BIIBC, c’est pour la simp<strong>le</strong> raison qu’il est<br />

l’un des moines <strong>le</strong>s plus anciens de Songgwang sa à par<strong>le</strong>r assez l’anglais (!), pour se faire comprendre<br />

des étrangers et <strong>le</strong>s comprendre!… J’avoue qu’en ce jardin, ce soir, beaucoup de choses se sont mises<br />

en place, d’el<strong>le</strong>s-mêmes, et que pour <strong>le</strong> coup, il fut, à mon corps défendant, procédé à une<br />

démystification généra<strong>le</strong>! Même <strong>le</strong> chapitre de l’argent fut évoqué par eux: capitalisation de sommes<br />

énormes par <strong>le</strong>s monastères, dues à la générosité inépuisab<strong>le</strong> des dévots coréens; accumulation à <strong>le</strong>ur<br />

profit personnel, par <strong>le</strong>s moines en position, des ‘donations’, comme on dit ici, quand el<strong>le</strong>s <strong>le</strong>ur sont<br />

remises en mains propres, si l’on ose dire! C’est peut-être la raison pour laquel<strong>le</strong> Massif Central m’a<br />

déclaré tout de go <strong>le</strong> <strong>le</strong>ndemain de Noël, qu’il avait besoin de dollars pour son voyage en Europe!<br />

Qu’aurais-je fait dans un kyölche pareil? Je me vois, semant la panique, en ‘exigeant’ une retraite dans<br />

<strong>le</strong>s règ<strong>le</strong>s, et un Maître de Sôn qui sache son métier! Pour moi, je crois de plus en plus en la<br />

Providence, qui encore ce soir me prouve qu’en paraissant brouil<strong>le</strong>r mes plans cogités depuis

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