le sourire immobile pdf - Vincent-Paul Toccoli a-nous-dieu-toccoli
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C O N C L U S I O N S<br />
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P E R S P E C T I V E S<br />
C’est dans la foulée, après une nocturno-matutina<strong>le</strong> des plus satisfaisantes (vers 5h) que je me suis mis<br />
à mon laptop. L’aube, quasi blanche déjà, était vraiment exquise, juste un peu frisquette, comme<br />
j’aime. Au milieu de quelques tril<strong>le</strong>s de lève-tôt comme moi, et persistantes comme une plainte<br />
répétitive dans l’indifférence généra<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s deux notes (ré – fa) d’un isolé donnèrent soudain à<br />
l’atmosphère sereine la touche accablante du désespoir! Comme un rappel…<br />
Peur! Oui, je l’ai souvent écrit dans <strong>le</strong>s pages qui précèdent: j’ai eu peur! Cela a d’ail<strong>le</strong>urs commencé<br />
insi<strong>dieu</strong>sement dès l’an dernier quand j’ai pris cette décision de consacrer au Bouddhisme ce congé<br />
sabbatique. Et, au risque d’étonner, la première raison en est que je n’aime pas beaucoup “tout çà”!<br />
J’aime découvrir, apprendre, savoir, voyager: essayer de comprendre, autant de l’extérieur que de<br />
l’intérieur! Ma soif de connaître et d’expérimenter, ma curiosité, mon intérêt sont tels, que je suis<br />
toujours prêt à courir une aventure du corps et de l’esprit. Mais cette non- appétence de l’Asie en<br />
général m’est devenue d’une clarté aveuglante lors de la décision du voyage en Inde: devant la masse<br />
du sous-continent, et en superficie et en histoire, je conclus, froidement, qu’il fallait y consacrer non<br />
pas une, mais deux expéditions! Et c’est ce que je fis, <strong>le</strong>s étés 95 & 96: deux fois quatre semaines,<br />
avec voiture, chauffeur, avions intérieurs, guides “B<strong>le</strong>u” et “Rough”, plus une bibliothèque de voyage,<br />
et ramenant deux valises de documents! Mes amis ont admiré mon amour de l’Inde: mais ce n’est pas<br />
vrai! Je n’ai pas aimé l’Inde! J’ai ‘fait’ l’Inde, comme on ‘doit’ assister à des cours obligatoires en fac,<br />
parce qu’ils sont objectivement importants et qu’il y aura de toute façon une épreuve portant sur ces<br />
sujets à l’examen final. Ainsi l’Inde, comme <strong>le</strong> Bouddhisme, sont, ont été pour moi des ’matières<br />
obligatoires’! Que j’ai étudiées d’ail<strong>le</strong>urs avec autant de scrupu<strong>le</strong>, sinon plus, que <strong>le</strong>s autres matières.<br />
Je connais mon sujet, maintenant: mais je n’ai pas changé d’avis! Par<strong>le</strong>z-moi plutôt de Turkestan<br />
chinois, de Pakistan, d’Iran, de Turquie, de Moyen Orient, sans nommer la Grèce ou l’Italie du Sud:<br />
voilà des voyages et des destinations dont la seu<strong>le</strong> évocation m’émeut aux larmes!<br />
C’est peut-être qu’une certaine qualité d’‘étrangeté’ me fait peur, où l’esthétique, - la mienne s’entend,<br />
- n’y trouve pas réel<strong>le</strong>ment son compte. La surenchère ornementa<strong>le</strong> de Khajurâho et de Kanchipuram,<br />
<strong>le</strong>s grouil<strong>le</strong>ments humains de Rameshwaram et de Varanasi, la beauté formel<strong>le</strong> et froide du Taj Mahal<br />
lui-même, sans par<strong>le</strong>r de la sa<strong>le</strong>té, de la puanteur et du bruit me ‘conviennent’ sûrement bien moins<br />
que la nudité nob<strong>le</strong>ment rehaussée d’une mosquée timouride ou l’aridité essentiel<strong>le</strong> d’un monastère<br />
bouddhique gandharien de la Route de la Soie ou des déserts de l’Amu et du Si Daria. Et puis, je <strong>le</strong><br />
répète assez souvent aussi, je suis un ‘indécrottab<strong>le</strong> méditerranéen gréco arabe’!<br />
Mais cette fois, la peur était beaucoup plus primitive, anima<strong>le</strong>, élémentaire: el<strong>le</strong> re<strong>le</strong>vait des<br />
circonvolutions reptiliennes de mon cortex cérébral! Ce qu’il y a de plus obscurément originaire en<br />
moi se révoltait par avance au seul pressentiment de devoir être vio<strong>le</strong>nté dans ce qui constitue son<br />
irréductibilité: à savoir ‘<strong>le</strong>s manières du corps et de l‘esprit’! (Je dis ‘manières’ au sens<br />
anthropologique de Claude Lévi-Strauss dans ‘Le crû et <strong>le</strong> cuit’ et ‘ La Pensée Sauvage’: ce qui était<br />
au départ une manière de faire et qui est devenu une manière d’être). Bien sûr que ma conformation<br />
physique joue un grand rô<strong>le</strong> dans cette appréhension, mais je sais aussi que je m’en tire toujours, et par