le sourire immobile pdf - Vincent-Paul Toccoli a-nous-dieu-toccoli
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<strong>le</strong>s cornes du Lion (une des appellations du Bouddha):<br />
qui va donner l’épée<br />
à une poupée morte?<br />
Fantômes jamais ne sortent<br />
à la clarté du jour!<br />
J’ai aimé ce qui m’est arrivé à trois heures, ce matin. Voilà: depuis mon arrivée, - et je ne sais pour<br />
prendre quel<strong>le</strong> revanche!- j’ai décidé de faire relâche <strong>le</strong> dimanche, c'est-à-dire pas de méditation,<br />
aucun exercice, mais courrier, repos, etc.…L’habitude, bien sûr, m’a fait ouvrir <strong>le</strong>s yeux à trois heures,<br />
comme chaque matin. J’allais me retourner pour me rendormir, quand un véritab<strong>le</strong> désir de<br />
méditation, comme un besoin, une accoutumance se sont manifestés, qui m’ont, naturel<strong>le</strong>ment, porté à<br />
poursuivre ma pratique. Je me suis donc assis, et j’ai ‘fait’ ma nocturne. Si bien que ce matin, la<br />
matutina<strong>le</strong> a suivi dans la foulée, à six heures trente, sur la terrasse supérieure, emmitouflé dans mes<br />
plaid, bonnet et gants, face à la naissance du jour et du so<strong>le</strong>il <strong>le</strong>vant. Un délice, je dois dire! Et un<br />
acquis, si je comprends bien.<br />
Quel<strong>le</strong> différence d’avec <strong>le</strong>s Exercices ignaciens! Chaque heure du jour m’en apporte la preuve.<br />
L’oraison d’Ignace est un programme compact, minuté (‘secondé’) dans ses moindres détails: un drill<br />
chronométré, avec force réf<strong>le</strong>xion, introspection, analyse, examen, imagination, dialogue, prière,<br />
diagnostic et pronostic. L’’orant ignacien’ est tout bruissant de mots et de paro<strong>le</strong>s, s’originant en lui<br />
(passé, présent, avenir) et en l’évangi<strong>le</strong> (comme référence ultime, instance critique, modè<strong>le</strong><br />
d’exemplarité). Le ‘méditant zen’, au contraire, doit absolument éviter tout cela: repousser toute<br />
pensée conceptuel<strong>le</strong> et toute perception sensitive, et se fixer tout aussi absolument sur <strong>le</strong> hwadu, à<br />
l’exclusion de toute autre application. Quand, chez Ignace, <strong>le</strong> corps est appelé à participer par<br />
différentes attitudes: à genoux, debout, assis, allongé même si on <strong>le</strong> désire, <strong>le</strong> zen, lui, impose<br />
l’immobilité la plus tota<strong>le</strong>, continue et exclusive, <strong>le</strong>s yeux fixés sur un point neutre, devant un mur, et<br />
<strong>le</strong>s mains disposées une fois pour toutes. Mon problème: je me sens beaucoup plus la fibre ignacienne,<br />
mais je suis fasciné par l’optique zen. A suivre!<br />
Cet après-midi, mon Maître a encore débarqué à l’improviste, <strong>le</strong>s bras chargés de fruits: pommes,<br />
poires d’eau, plaquemines… et s’enquérant toujours de ma santé, et si <strong>le</strong>s al<strong>le</strong>rs retours jusqu’au<br />
monastère ne sont pas trop fatigants pour moi. C’est quand même formidab<strong>le</strong> de se sentir dorloté<br />
comme çà!<br />
En fait, si j’éprouve de la fatigue, c’est, je <strong>le</strong> répète, de vivre au ras du sol, même si je ne suis plus si<br />
au ras qu’auparavant! J’ai <strong>le</strong>s reins très endoloris. Je m’étais couché à huit heures, ce soir, tel<strong>le</strong>ment je<br />
bâillais de fatigue, - alors que je n’ai aucun exercice physique spécial, à part <strong>le</strong>s deux fois quinze<br />
minutes que me va<strong>le</strong>nt ces al<strong>le</strong>rs retours au réfectoire du monastère: et pourtant, j’ai <strong>le</strong> sentiment<br />
d’avoir sou<strong>le</strong>vé de terre des tonnes et des tonnes, - comme cet été 1979, où j’avais été invité à la ferme<br />
des Charlier, à Céron, et que j’avais voulu participer aux foins: je n’avais même pas pu terminer la<br />
journée tel<strong>le</strong>ment j’étais rompu!… Je viens de me re<strong>le</strong>ver, car je n’ai pas sommeil, mais je voulais me<br />
reposer <strong>le</strong> dos.<br />
D’autre part la vie ici, à l’ermitage, est tout à fait idyllique: il ne faudrait pas me laisser prendre au<br />
piège de l’Abbaye de Thélème! Mon Dieu, que je suis gâté!<br />
KAM RO AM, 2O AVRIL 1998.<br />
C’est à la matutina<strong>le</strong> que j’ai décidé, pour cette semaine, - qui est en fait la première à l’ermitage;- de<br />
me mettre en situation d’iso<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> plus comp<strong>le</strong>t possib<strong>le</strong> (QHS: Quartier de Haute Sécurité!), c'està-dire<br />
pratiquement de ne pas descendre au monastère pour <strong>le</strong> ‘repas’ de midi. Pour me laver,<br />
j’attendrai tout simp<strong>le</strong>ment que l’eau chauffe, peu importe l’incommodité de la procédure. Je voudrais,<br />
un certain temps, vraiment ne voir plus personne, en dehors du Maître, s’il se montre. Traverser<br />
l’esplanade du temp<strong>le</strong> à la mi-journée est un cauchemar que je redoute au plus haut point: c’est aussi<br />
peuplé et bruyant qu’un hall de gare. Cela me perturbe profondément. Je sens qu’il me faut ‘me<br />
retirer’ encore un peu plus, encore un peu mieux, pour ne me retrouver plus qu’avec mon mur, mon<br />
hwadu et ce ‘vrai moi’ en quête de qui je me suis mis.<br />
Ce hwadu me renvoie à ce livre scellé de l’Apocalypse de Jean (10,5), livre qui contiendrait des<br />
paro<strong>le</strong>s à ne révé<strong>le</strong>r (apokaluptein) que lorsque <strong>le</strong>s temps seront accomplis. Ces ‘choses cachées<br />
depuis la fondation du monde’ ne peuvent se deviner que dans la pénombre numineuse de la<br />
méditation en quête de la vérité sur soi. ‘ Au moment précis où je ne pense ni à bien ni à mal, quel