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le sourire immobile pdf - Vincent-Paul Toccoli a-nous-dieu-toccoli

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mon imagination et par ma capacité d’adaptation, ainsi que par ma volonté et mon intransigeance:<br />

comme ce jour où pour traverser l’Irrawaddy, de Mandalay à Mingun, en Birmanie, j’ai fait amarrer<br />

avec des lianes sur <strong>le</strong> frê<strong>le</strong> esquif de trois planches (san-pan) trouvé là, une espèce de siège de rotin,<br />

afin que, vu mon poids généreux, je puisse conserver l’équilibre dans <strong>le</strong>s courants! Quel<strong>le</strong> ‘rigolade’!<br />

Mais quand <strong>le</strong> cœur n’y est pas, je redoute la chose mil<strong>le</strong> fois, et ma structure obsessionnel<strong>le</strong> fait <strong>le</strong><br />

reste, me présentant sans cesse devant <strong>le</strong>s yeux, <strong>le</strong> prochain ‘gap’ à franchir encore, alors que je viens<br />

juste d’en passer un! La manière d’être et de penser asiatique ne me convient pas, malgré ‘<strong>le</strong>s sept ans<br />

de réf<strong>le</strong>xion’ qui précèdent!<br />

Pourtant, c’est la vio<strong>le</strong>nce et la persistance de cette peur, qui, - encore maintenant, ici, dans la paix<br />

réel<strong>le</strong>ment idyllique de mon royaume de Kam ro am, et à quelques jours de la fin, - m’étonnent et me<br />

laissent coi! Je ne pense pas être courageux de tempérament, ou de nature, si l’on veut, quoique je ne<br />

sache pas très bien ce que cela veut dire. Disons que je ne cherche pas la difficulté pour la difficulté,<br />

que je n’entreprends pas quelque chose, parce qu’el<strong>le</strong> est diffici<strong>le</strong> à réaliser. Il faut ou bien que cela me<br />

plaise absolument ou bien que la chose m’apparaisse absolument nécessaire. Alors, si difficulté il y a,<br />

el<strong>le</strong> est prise en compte comme toute autre donnée de l’entreprise: dangers de la jung<strong>le</strong> (en Colombie,<br />

en Amazonie ou à la frontière khméro thaï), du désert (dans <strong>le</strong> Takla-Makan du Sin-Kiang, <strong>le</strong> Thar du<br />

Pakistan ou la Côte sud du Pérou), de la nourriture (partout!), des populations (dans la guérilla du<br />

Nicaragua, à la frontière du Szu-Ch’uan et du Yunnan ou <strong>le</strong> long de la Khyber Pass entre Afghanistan<br />

et Pendjab), des intempéries (<strong>le</strong>s blizzards du Détroit de Magellan, <strong>le</strong>s ébou<strong>le</strong>ments du défilé du<br />

Karakorum ou <strong>le</strong>s tourmentes de neige sur <strong>le</strong> Taï Shan du Shandong), de la communication (dans <strong>le</strong>s<br />

tribus Quechua d’Équateur ou sur <strong>le</strong>s routes de l’Ouzbékistan et du Turkménistan), du transport (sur la<br />

piste Nord Sud du Tibet, entre Lanzhou et Lhassa, pendant dix jours à plus de 4000 mètres d’altitude<br />

ou en hélicoptère de récupération au-dessus de la Terre de Feu de Rio Gal<strong>le</strong>gos à Punta Arénas): tout<br />

ce qui est envisageab<strong>le</strong> est pris en considération avant la décision fina<strong>le</strong>. Mais une fois la décision<br />

tombée…Ici, c’est tout une civilisation et un mode de vie et de pensée, que je me proposais non<br />

seu<strong>le</strong>ment de ‘découvrir’ même en profondeur, mais que j’allais tenter, si brièvement que ce fût, de<br />

vivre au jour <strong>le</strong> jour. Ce n’était plus une question de livres (je n’en ai emporté que quelques-uns uns,<br />

pour respecter la tradition d’un zen non scolastique: voir la première bibliographie), ni de kilomètres<br />

(je suis resté volontairement enfermé dans mon Alcatraz spirituel, pendant soixante quatre jours, sur<br />

quelques centaines, et à l’ermitage quelques dizaines de mètres seu<strong>le</strong>ment), l’enjeu était d’un autre<br />

ordre. Il fallait que je croie assez à la démarche que j’entreprenais, pour l’accomplir honnêtement: que<br />

je pense aussi réel<strong>le</strong>ment que possib<strong>le</strong>, comme ces Maîtres Vénérab<strong>le</strong>s ont pensé, et que je ‘fasse’<br />

aussi fidè<strong>le</strong>ment que possib<strong>le</strong> ce qu’ils ont fait eux-mêmes, pour envisager de mener pareil<strong>le</strong><br />

expérience! Mais l’adhésion du cœur n’y était pas! Je <strong>le</strong> vois maintenant. Tout cela a re<strong>le</strong>vé plus de la<br />

‘tâche à accomplir’ que de la ‘conviction profonde’: j’allais ‘en mission spécia<strong>le</strong>’, je n’allais pas ‘me<br />

convertir’. J’ai fait <strong>le</strong>s gestes de ‘cette’ foi, et ‘cette’ foi … n’est pas venue: tout simp<strong>le</strong>ment parce que<br />

mon intention n’était pas qu’el<strong>le</strong> vienne!<br />

La question est donc: étais-je sincère? Je réponds immédiatement oui! En effet, j’ai pris <strong>le</strong> Bouddha et<br />

ses enseignements tel<strong>le</strong>ment au sérieux, que j’ai voulu clairement, dès l’abord, me démarquer de lui et<br />

de son monde, non pour <strong>le</strong> rejeter, mais pour <strong>nous</strong> situer l’un en face ou à coté de l’autre: pas à la<br />

même place. J’ai étudié autant que j’ai pu, pè<strong>le</strong>rin à Lumbini, Bodh-Gayâ, Sarnath, Kuçinagara,<br />

Rajagrha et Vaísali, parcouru tous <strong>le</strong>s pays du Mahayana et du Hinayana de l’Inde au Japon, par <strong>le</strong><br />

Nord et par <strong>le</strong> Sud…pour arriver à la conclusion que je ne peux pas ‘sentir’ comme un adepte du<br />

Bouddha, quelque intérêt que j’éprouvasse au long de mon parcours. Il me restait encore à<br />

expérimenter, après <strong>le</strong>s deux premiers Joyaux du Bouddha et du Dharma, d’une part <strong>le</strong> Sangha (la<br />

communauté et <strong>le</strong> monastère), et d’autre part <strong>le</strong> Dhyâna/Ch’an/Sôn/Zen (la méditation). J’ai pratiqué<br />

avec une honnêteté critique et systématique, en voulant d’abord apprendre, avant d’oser par<strong>le</strong>r: alors<br />

qu’il aurait certainement fallu <strong>le</strong> faire avec <strong>le</strong> simp<strong>le</strong> élan d’une adhésion immédiate et doci<strong>le</strong>. La peur<br />

était loin d’être non plus de mettre ma foi en je ne sais quel péril, puisque je naviguais non seu<strong>le</strong>ment à<br />

la sonde, aux étoi<strong>le</strong>s et aux vents, mais aussi aux instruments, aux cartes, et à l’expérience! J’étais<br />

parfaitement gréé!<br />

Je n’en démords donc pas: physique, ma peur était physique! Et j’étais très malheureux, bien que j’en<br />

rie plutôt maintenant que l’épreuve est derrière moi! C’est mon corps qui a rejeté tout ce projet, dès <strong>le</strong><br />

début. Oh, j’ai dû <strong>le</strong> dresser, tout en en ayant parfois pitié! J’ai tâché de ne <strong>le</strong> pas maltraiter en vain, et<br />

suis revenu sur des exigences inuti<strong>le</strong>s: avec <strong>le</strong> cœur, comme me <strong>le</strong> conseilla <strong>le</strong> Maître, en son temps.

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