le sourire immobile pdf - Vincent-Paul Toccoli a-nous-dieu-toccoli
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Huang-po est vraiment un penseur ch’an extraordinaire. Il y a un instant, j’ai voulu poursuivre plus<br />
loin la <strong>le</strong>cture de sa ‘Transmission de l’Esprit’, et voilà que je tombe sur <strong>le</strong> hwadu dont mon Maître<br />
m’a fait don. Pourtant, <strong>le</strong> texte de Huang-po possède une fina<strong>le</strong> que <strong>le</strong> maître a omise: délibérément,<br />
par distraction? Je ne sais, Bouddha sait! Voici l’intégra<strong>le</strong> du hwadu, dans la version Blofeld (1959 :<br />
65):<br />
Whi<strong>le</strong> you are not thinking of good and not thinking of evil,<br />
just at this very moment,<br />
return to WHAT you were<br />
BEFORE YOUR MOTHER AND FATHER WERE BORN.<br />
Quand vous ne pensez ni à bien, quand vous ne pensez ni à mal,<br />
à ce moment précis,<br />
retournez à CE QUE vous étiez<br />
AVANT LA NAISSANCE DE VOTRE MERE ET DE VOTRE PERE.<br />
D’une part <strong>le</strong> délire provocateur continue, considérant la situation du point de vue de la pensée<br />
conceptuel<strong>le</strong> et d’une logique non paradoxa<strong>le</strong>; d’autre part <strong>le</strong> raccourci de la formu<strong>le</strong> de mon Maître<br />
tend à faire équivaloir<br />
MON VRAI / AUTHENTIQUE / VERITABLE VISAGE<br />
avec<br />
CE QUE J’ETAIS AVANT LA NAISSANCE DE MES PARENTS,<br />
puisqu’il a transformé la dernière partie. Ce hwadu est celui que Hui-neng a proposé au vieux Wei<br />
Ming, venu lui rendre visite et ‘par<strong>le</strong>r dharma’ au sommet du Ta Yü où résidait <strong>le</strong> Sixième Patriarche.<br />
L’histoire rapporte que Ming parvint à ‘une prise de conscience soudaine et tacite’. Il l’exprima au<br />
moyen de l’image suivante:<br />
” Je suis comme un homme qui boit une eau dont il sait en lui-même combien el<strong>le</strong> est fraîche!”. Hueineng<br />
lui aurait répondu:” Voilà! Tu comprends enfin pourquoi, quand Bodhidharma est arrivé d’Inde,<br />
il n’a fait allusion qu’à l’Esprit de l’homme, par <strong>le</strong>quel il pouvait percevoir sa vraie nature et devenir<br />
Bouddha, et à rien d’autre!… Ananda a eu beau être au service exclusif du Bouddha pendant plus de<br />
trente ans, il était trop épris de connaissance et <strong>le</strong> Bouddha dut l’admonester: Si tu cours mil<strong>le</strong> jours<br />
après la connaissance, cela ne te vaudra qu’un seul jour d’étude de la Voie; et si tu n’étudies pas la<br />
Voie, tu deviendras incapab<strong>le</strong> d’assimi<strong>le</strong>r une seu<strong>le</strong> goutte d’eau!”.<br />
« Samsara samsararum et omnia samsara = Samsara des samsara, et tout est samsara! » Huei-neng<br />
aimait la poésie. Pour clore, il emprunta <strong>le</strong> poème suivant, tiré du ‘ Chant de l’Éveil’, attribué à Yung<br />
Chia, un moine chinois du 7 e sièc<strong>le</strong>:<br />
A bout de force<br />
la flèche retombe.<br />
Bâtir des vies<br />
ne comb<strong>le</strong> l’espoir.<br />
Qu’el<strong>le</strong> est profonde<br />
la porte d’En Haut<br />
d’où par un saut<br />
l’on est chez Bouddha!<br />
Je <strong>le</strong> répète: je ne connais rien de plus adéquat que la métaphore pour exprimer ‘tacitement’ <strong>le</strong>s<br />
choses!<br />
Mon Maître vient juste de passer avec une énorme corbeil<strong>le</strong> de fruits frais (je n’en aurais jamais mangé<br />
autant de ma vie), au milieu desquels rougissaient deux tomates!... Je lui ai fait remarquer la différence<br />
de rédaction entre <strong>le</strong>s hwadu. Il a souri (comme d’habitude), et il en a ajouté une troisième version,<br />
encore plus paradoxa<strong>le</strong>, histoire de me décontenancer tout à fait! Un régal! La voici:<br />
One, two, three hundred years after you have died,