le sourire immobile pdf - Vincent-Paul Toccoli a-nous-dieu-toccoli
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et à chanter, <strong>le</strong>s f<strong>le</strong>urs à re<strong>le</strong>ver la tête vers la lumière et la cha<strong>le</strong>ur, et <strong>le</strong> vent à caresser mol<strong>le</strong>ment la<br />
cime des grands bambous. Jusqu’au froid de ma cellu<strong>le</strong> qui commence à s’évaporer!<br />
Excel<strong>le</strong>nte transition pour passer à Kusan! Son enseignement, - je dois <strong>le</strong> reconnaître, du moins tel<br />
qu’il est rapporté dans ce livre, - m’est apparu bavard, ostentatoire, répétitif et simpliste! Ou alors, je<br />
ne sais pas lire et je ne comprends rien au sôn! Méditations sur <strong>le</strong>s vertus, conférences sur <strong>le</strong> Dharma,<br />
discours de circonstance: rien de bien ‘troussé’ ni d’original. Je suppose que sa personnalité et son<br />
aura ont dû jouer <strong>le</strong> plus grand rô<strong>le</strong>, sans par<strong>le</strong>r de son énergie farouche et formidab<strong>le</strong>, qui a pu<br />
sou<strong>le</strong>ver l’inertie analogue à cel<strong>le</strong> que je constate quinze ans après sa mort et qui devait régner ici de la<br />
même manière en son temps! Songgwang sa fut toujours l’œuvre d’un seul homme, qui, une fois ad<br />
patres, ne trouve pas de continuateur…Mais tout au long de ses ‘interventions’ rassemblées dans cet<br />
ouvrage, Kusan ne cesse pratiquement pas, et pour mon plus grand plaisir, de citer des poèmes<br />
d’’Anciens’: ne sont-ce que des citations, improvise-t-il, fait-il son miel de tous ses souvenirs? Je n’en<br />
sais rien ni n’ai l’intention de préparer une édition critique des citations de Kusan! Je prends tout çà,<br />
tel que cela m’est servi! Et j’en jouis. Je me demande d’ail<strong>le</strong>urs, et en toute modestie, si je n’ai pas, à<br />
ma modeste place, joué un peu <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> de faire- valoir que J.Blofeld a pu jouer pour Huang-po. Je veux<br />
dire, qu’à y regarder de près, <strong>le</strong> texte anglais des citations poétiques kusaniennes est assez pauvre,<br />
dirions-<strong>nous</strong>. Ce sont <strong>le</strong>s images associées à certains mots qui rendent pittoresques, au sens vraiment<br />
pictural, et même sculptural, du terme, <strong>le</strong>s connotations de nombre de ces textes. Et ce sont ces<br />
évocations qui ont dû, d’abord et surtout, me frapper, pour que, m’emparant de l’idée et du cadre (avec<br />
la réalité permanente du Chogye et de sa vallée sous <strong>le</strong>s yeux), je me sois mis, à mon tour, à voir de<br />
mes yeux et à entendre de mes oreil<strong>le</strong>s, ce que ces textes sont censés reproduire. La sensibilité<br />
bucolique, et même écologique, de Kusan est indéniab<strong>le</strong>, ses ‘éclairs d’images’ proprement géniaux<br />
dans <strong>le</strong> registre zen ou en dehors de lui. Et <strong>le</strong>s rapprochements de certains éléments provoquent des<br />
sensations synesthésiques dignes de la poésie symboliste et parnassienne. On passe ainsi d’Horace:<br />
à Baudelaire:<br />
O Tityre, patulae te cecini sub tegmine fagis!<br />
O Tityre, avec ma flûte je t’ai célébré à l’ombre des mûriers!<br />
La nature est un temp<strong>le</strong> où de vivants piliers<br />
Semb<strong>le</strong>nt parfois sortir de confuses paro<strong>le</strong>s.<br />
L’homme y passe à travers des forêts de symbo<strong>le</strong>s<br />
Qui l’observent avec des regards familiers!<br />
Tenez, en voici des exemp<strong>le</strong>s (Kusan 1982: 54, 126, 150, 182; 1985 : 83):<br />
Le monde entier serait-il de l’or pur,<br />
il n’aurait aucun prix.<br />
Même honorés et respectés,<br />
tous ceux qui sont glorieux et dignes<br />
ne sont pas mes intimes.<br />
Mes yeux sont p<strong>le</strong>ins de la Terre et du Ciel,<br />
mais nul<strong>le</strong> part je ne vois de brin d’herbe.<br />
La lune sur <strong>le</strong> Chogye bril<strong>le</strong> peureusement.<br />
Chez moi depuis toujours sont <strong>le</strong>s monts et <strong>le</strong>s eaux.<br />
Herbes et f<strong>le</strong>urs sentent tel<strong>le</strong>ment bon.<br />
Bien installé dans une barque vide,<br />
au gré du courant, je suis méandres et gorges;<br />
partout où je passe<br />
j’inonde tout de ma lumière.<br />
Face à une falaise, une femme de bois<br />
chante Ce qui n’est pas né.<br />
Un homme de pierre, au milieu du feu, souff<strong>le</strong> une flûte.<br />
Nuages dispersés, vent doux,<br />
lieu tranquil<strong>le</strong> et purifié.<br />
La montagne est p<strong>le</strong>ine d’arbres secs,<br />
mais la neige luit.<br />
Ce sont <strong>le</strong>s montagnes qui bougent.