le sourire immobile pdf - Vincent-Paul Toccoli a-nous-dieu-toccoli
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KAM RO AM, 1er MAI 1998.<br />
Il p<strong>le</strong>ut, il fait froid, il faut continuer… Jonathan arrive ce soir…J’ai fait un peu de rangement, en ce<br />
premier jour du mois de mai… Et puis un fax est tombé: Jonathan n’arrivera que demain, au milieu de<br />
la matinée…Je sors de mon antévespéra<strong>le</strong>: je dois dire que je suis assez content, j’ai réussi, pour la<br />
première fois depuis trente quatre jours, (depuis mon arrivée à Songgwang sa), donc après plus de<br />
deux cents séances ( = 200 heures!), à tenir mes cinquante minutes dans la même position, sans bouger<br />
malgré l’ankylose, qui s’est révélée supportab<strong>le</strong> jusqu’au bout!<br />
Vent, pluie, froid: çà continue de plus bel<strong>le</strong>! Massif Central, est passé me voir, pour quelques<br />
explications à propos de traductions que je lui ai faites. Il m’a offert un quart d’une énorme pastèque<br />
bien rouge!<br />
Comment comprendre enfin que je comprenne çà et que <strong>le</strong> reste me semb<strong>le</strong> si incompréhensib<strong>le</strong>! Et<br />
eux-mêmes, tous ces Patriarches et Maîtres Vénérab<strong>le</strong>s et Respectés, que font-ils donc quand ils<br />
veu<strong>le</strong>nt faire comprendre l’incompréhensib<strong>le</strong>, puisque sont interdits <strong>le</strong>s mots et <strong>le</strong>s images? Lisez<br />
donc <strong>le</strong>urs discours, <strong>le</strong>urs sermons, <strong>le</strong>urs dialogues! Ils composent d’admirab<strong>le</strong>s poèmes,- avec<br />
d’autres mots et d’autres images!- pour par<strong>le</strong>r à l’Esprit, au Moi Originaire, au Bouddha en chacun.<br />
Alors, il ne s’agit plus de savoir cérébral, conceptuel ni perceptif! Mais bien de cette intelligence et de<br />
cette intuition muettes et diffuses qui <strong>nous</strong> branchent soudainement et directement avec <strong>le</strong>ur profonde<br />
expérience de la Réalité Ultime, mère et fil<strong>le</strong> du Si<strong>le</strong>nce… C’est ce ‘sôn’-là qui ré-‘son’-ne <strong>le</strong> mieux<br />
dans <strong>le</strong>s arcanes de mon cœur!<br />
“ Maintenant que vous avez décidé de vous mettre à pratiquer <strong>le</strong>s ‘10 000 actions’ (métaphore pour<br />
‘méditation’!), vous devez endurer ce qu’il est diffici<strong>le</strong> d’endurer, et faire ce qu’il est diffici<strong>le</strong> de faire.<br />
Cela s’appel<strong>le</strong> l’”austérité”, car c’est se soumettre à ce qui est diffici<strong>le</strong> Tous <strong>le</strong>s Bouddhas et <strong>le</strong>s<br />
Patriarches sont passés par là…Alors même si vous avez envie de dormir plus, il faut dormir moins. Si<br />
vous avez envie de manger plus, il faut manger moins. Si vous avez envie de par<strong>le</strong>r plus, il faut essayer<br />
de par<strong>le</strong>r moins. Si vous avez envie de ‘voir beaucoup de choses’, il faut en voir moins. Il faut<br />
définitivement réfréner votre corps…” (Kusan 1985 : 81-82).<br />
Je dors six heures par nuit, et par terre, me <strong>le</strong>vant à trois heures de la nuit pour la ‘première action’.<br />
Mes repas se composent de fruits et de thé, auxquels j’ajoute un morceau de pain rassis <strong>le</strong> soir: il est<br />
vrai que je bois aussi quelques gouttes de vin lors de l’eucharistie! Je ne vois habituel<strong>le</strong>ment personne,<br />
sauf <strong>le</strong> Maître quand <strong>nous</strong> avons besoin l’un de l’autre, et l’un ou l’autre ami, passé me saluer! Ce que<br />
je fais volontiers, peut-être trop encore, c’est contemp<strong>le</strong>r la nature, si bel<strong>le</strong> à Kam ro am, sous <strong>le</strong> so<strong>le</strong>il<br />
ou sous la pluie, dans <strong>le</strong> vent ou <strong>le</strong>s nuages, avec ses f<strong>le</strong>urs vivaces ou éparses sur l’herbe<br />
drue!…Mais, il faut savoir que je ne trouve pas tout cela austère, d’aucune manière. Je me réveil<strong>le</strong> par<br />
moi-même, mon corps se satisfaisant depuis longtemps déjà, de mes quatre unités de sommeil de<br />
quatre-vingt dix minutes chacune (exercice maîtrisé lors de ma formation psychanalytique à Munich).<br />
J’aime manger, bien sûr, mais ce qui est ‘bon’, du moins ce qui ‘me plaît’, et boire, encore plus: mais<br />
je peux me passer de tout, très faci<strong>le</strong>ment, me limitant à l’essentiel, en attendant ‘des jours meil<strong>le</strong>urs’<br />
(et puis, j’ai accumulé quelques réserves!). Ne voir personne, un certain temps: c’est pour moi une<br />
grâce! Et ceux qui viennent alors, doivent vraiment <strong>le</strong> vouloir, et m’offrent de ce fait encore, tout un<br />
enchantement! Patrick, Jacques à Lumbini; ici, Pierre hier, demain Jonathan, mon Maître de ci de là,<br />
une rencontre ‘fortuite’ (Amedeo) envoyée par Dieu… Je vis l’instant de ces rencontres avec<br />
l’émerveil<strong>le</strong>ment d’un taste-vin!… Faudrait-il donc que je supprime enfin jusqu’au spectac<strong>le</strong> innocent<br />
des arbres et des monts, jusqu’au concert des oiseaux et de <strong>le</strong>urs chants? Si cela doit être, alors<br />
C’est bien la pire peine<br />
de ne savoir pourquoi<br />
sans raison et sans haine<br />
mon cœur a tant de peine! (Verlaine)<br />
KAM RO AM, 2 MAI 1998.<br />
Il est quatre heures vingt: une nocturne quasi parfaite. Je n’ai pas beaucoup dormi, mais je n’ai pas mal<br />
dormi. Je me suis en fait reposé entre vingt-deux heures et deux heures du matin, avec <strong>le</strong> sentiment<br />
d’avoir eu une nuit “inspirée”. Je m’explique.<br />
Mon souvenir est d’avoir, ‘toute’ la nuit, écouté quelqu’un, - mon Maître, je suppose; - m’expliquer<br />
longuement et avec une grande de force de persuasion, que tout ce à quoi je me livre, avec une