le sourire immobile pdf - Vincent-Paul Toccoli a-nous-dieu-toccoli
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Huang-po m’a dès l’abord enthousiasmé par son intelligence, sa logique et son humour. (Je répète,<br />
mais c’est la dernière fois, que je soupçonne Blofeld de l’avoir, en partie au moins, rendu tel: et ce<br />
n’est que justice de <strong>le</strong> redire!). En effet, <strong>le</strong> don que fait Bodhidharma à la Chine, en s’y expatriant au<br />
7 e sièc<strong>le</strong>, c’est certes <strong>le</strong> “dhyâna” qui deviendra <strong>le</strong> “zen” que <strong>nous</strong> connaissons. Mais il <strong>le</strong> fait, d’après<br />
la tradition, d’une façon tel<strong>le</strong>, qu’el<strong>le</strong> se serait passée de ‘mots’: ce don aurait ainsi été transmis<br />
‘d’esprit à esprit’, reprenant, par là, la plus vénérab<strong>le</strong> des traditions antérieures, cel<strong>le</strong> de Siddhârta luimême,<br />
transmettant cet ‘esprit’ à Mahakasyapa. Comment décrire et faire comprendre cette<br />
mystérieuse transmission, voilà tout <strong>le</strong> propos de l’enseignement de Huang-po. Alors, <strong>le</strong>s trois qualités<br />
que je me permets de lui reconnaître, - il en possède bien d’autres!- vont jouer ensemb<strong>le</strong> <strong>le</strong> bal<strong>le</strong>t de<br />
l’exposé, de la démonstration et de la ‘brillance’. Sous forme de dialogue, - où l’interlocuteur est<br />
réduit au rô<strong>le</strong> de faire-valoir-, de développement, - où il utilise habituel<strong>le</strong>ment la longe période, qu’il<br />
sait abruptement couper de sentences lapidaires et lumineuses-, ou encore d’anecdotes aussi sobres<br />
que paradoxa<strong>le</strong>s, - mais on est zen ou on n’est pas zen!-, <strong>le</strong> secrétaire de Huei-neng, mêlant son<br />
expérience à cel<strong>le</strong> de son illustre Maître, sixième et dernier patriarche chinois, administre<br />
magistra<strong>le</strong>ment à son tour, une magnifique <strong>le</strong>çon de Ch’an en un traité relativement court! Et cela <strong>nous</strong><br />
vaut des accents de poésie métaphysique sur ‘Être et Non-être’; des considérations ‘siracidiques’ sur la<br />
vanité et l’inanité de nos ‘pensées, paro<strong>le</strong>s et actions’; des envolées élégiaques sur l’ ‘Un’, indivis et<br />
indivisib<strong>le</strong>, identique à lui-même et à chacun; des morceaux de bravoure pluridisciplinaires sur ‘ Notre<br />
Visage Originaire, Notre Moi Authentique, Ce que <strong>nous</strong> étions avant avant avant…’! Son propos m’a<br />
paru tel<strong>le</strong>ment ‘atmosphérique’ que je n’ai pu résister à <strong>le</strong> transposer en vers libres: et je dois dire que<br />
je n’ai éprouvé aucune difficulté particulière à trouver rythmes, ni sons! Cela venait de soi, comme si<br />
un lointain original avait, comme par nature, déjà pensé <strong>le</strong>s choses en cadences et rimes! En voici un<br />
seul extrait, qui réunit beaucoup de choses que j’y ai ressenties et appréciées (Blofeld 1959 : 110-112):<br />
Ceux qui cherchent la Voie<br />
doivent y entrer avec la soudaineté d’un coup de poignard.<br />
Avant tout, il faut d’abord comprendre ça.<br />
C’est pourquoi, bien qu’il ait dû traverser maint pays<br />
sur sa route de l’Inde à la Chine,<br />
Bodhidharma ne trouva qu’un seul homme, <strong>le</strong> Vénérab<strong>le</strong> Ko,<br />
à qui il pût transmettre en si<strong>le</strong>nce<br />
<strong>le</strong> Sceau de l’Esprit, <strong>le</strong> Sceau de votre Esprit Véritab<strong>le</strong>.<br />
Les phénomènes sont <strong>le</strong> Sceau de l’Esprit,<br />
exactement comme ce dernier est <strong>le</strong> Sceau des phénomènes.<br />
Quoi que soit l’Esprit, <strong>le</strong>s phénomènes <strong>le</strong> sont aussi, -<br />
étant l’un et <strong>le</strong>s autres éga<strong>le</strong>ment réels et partageant éga<strong>le</strong>ment<br />
la nature de l’Absolu, suspendu dans <strong>le</strong> vide.<br />
Celui à qui est donnée l’intuition de cette vérité<br />
est devenu un Bouddha et a atteint l’Absolu.<br />
Je répète que<br />
l’Éveil ne peut être appréhendé corporel<strong>le</strong>ment, car <strong>le</strong> corps n’a pas de forme;<br />
ni sprituel<strong>le</strong>ment, car l’esprit n’a pas de forme;<br />
ni par sa nature essentiel<strong>le</strong>,<br />
car cette nature est la Source Originaire de toutes choses,<br />
la Nature réel<strong>le</strong> de toutes choses, Réalité permanente, la nature de Bouddha!<br />
Comment se servir du Bouddha pour appréhender <strong>le</strong> Bouddha,<br />
ce qui n’a pas de forme pour appréhender ce qui n’a pas de forme,<br />
l’esprit pour appréhender l’esprit,<br />
<strong>le</strong> vide pour appréhender <strong>le</strong> vide,<br />
la Voie pour appréhender la Voie?<br />
En vérité, il n’y a rien à appréhender, -<br />
même la non appréhension ne peut l’être!<br />
On dit: Il n’y a RIEN à appréhender.<br />
Nous vous enseignons seu<strong>le</strong>ment à comprendre votre Esprit originaire.<br />
Le so<strong>le</strong>il vient de faire une percée, et moi je vais faire quelques pas!…Il suffit d’un rayon, et voilà que<br />
tout revit à nouveau (encore, rédaction de 6 e , mais c’est la vérité!): <strong>le</strong>s oiseaux se sont remis à voltiger