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le sourire immobile pdf - Vincent-Paul Toccoli a-nous-dieu-toccoli

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un ‘expert en zen’, mais je m’accepte comme ‘connaisseur de la pratique du zen’, après plus de trois<br />

cent soixante heures de za zen, plus <strong>le</strong>s autres types de méditation, en intensif tout au long des jours.<br />

Bref, je sais à peu près où je ‘croise’ <strong>le</strong>s pieds, maintenant!<br />

Voici une petite histoire que rapporte Kusan (1982 : 183) à la fin de ses enseignements: je me souhaite<br />

d’avoir vécu la même chose, même si cela doit rester à mon insu!<br />

Un moine demanda à Maître Ts’ao-shan:<br />

- Quand un enfant (discip<strong>le</strong>) revient chez son père (Maître), à la fin de ses études (quand tous deux sont de même<br />

niveau), pourquoi <strong>le</strong> père l’ignore-t-il tota<strong>le</strong>ment?<br />

- Le Maître : Mais c’est normal!<br />

- Le moine demanda: Alors où est l’amour entre père et fils?<br />

- Ts’ao-shan : Mais c’est <strong>le</strong> summum de l’amour entre père et fils!<br />

- Le moine : Quel amour est-ce là?<br />

- Ts’ao-shan : Même avec un couteau ou une hache, il ne pourrait être fendu!<br />

…Si c’est à moi (Kusan) à qui on avait demandé,”Quel est l’amour entre père et fils?», voici ce que j’aurais<br />

répliqué :<br />

L’épée précieuse fend l’eau;<br />

la pointe d’une flèche perce <strong>le</strong> ciel.<br />

Les nuits de p<strong>le</strong>ine lune, la lune n’a besoin de nul autre éclat.<br />

Transmettre l’Esprit par l’Esprit, c’est comme transmettre <strong>le</strong> feu par <strong>le</strong> feu.”<br />

Et ajoutant un poème :<br />

Le cœur de la f<strong>le</strong>ur contient <strong>le</strong> nectar<br />

et produit <strong>le</strong> fruit.<br />

Abeil<strong>le</strong>s et papillons viennent butiner<br />

quand c’est la saison,<br />

mais sans crever d’envie.<br />

Une dernière chose. Plus d’une fois, j’ai pu observer Massif Central à son insu, depuis <strong>le</strong>s lieux où je<br />

me terrais à l’occasion pour méditer, et que son pas me distrayait. Son visage était alors si inexpressif,<br />

pendant qu’il s’acquittait de ce qu’il avait à faire, que je me suis pris à penser qu’au fond, si tous ces<br />

moines zen m’avaient fait, malgré moi, trouver <strong>le</strong>ur <strong>sourire</strong> immobi<strong>le</strong>, c’est qu’en arrivant, je ne<br />

comprenais pas pourquoi il me paraissait si statique et si peu lumineux. Maintenant, j’ose dire qu’au<br />

fond il a <strong>le</strong> goût de l’eau sucrée: il est triste.<br />

Une armée de groupies de Massif Central ont débarqué, armées de serpes et de faucil<strong>le</strong>s, et comme <strong>le</strong><br />

Rantanplan de Lucky Luke, el<strong>le</strong>s se sont mises illico presto à ‘dévorer’ la pelouse, de <strong>le</strong>urs instruments<br />

et de <strong>le</strong>urs mouvements habi<strong>le</strong>s: des machines. Des tondeuses à gazon humaines, avançant à<br />

croupetons comme des danseurs russes chevronnés! De temps en temps, l’une lance un chant, repris<br />

aussitôt par <strong>le</strong>s autres, et Kam ro am se transforme en une scène des ‘Saisons et des Jours’, de ‘La nuit<br />

de San Lorenzo’ des frères Taviani! Que c’est beau!…Oh, cela ne pouvait pas durer! Un homme vient<br />

de surgir, avec un engin é<strong>le</strong>ctrique, une horrib<strong>le</strong> machine, une tondeuse bien plus efficace, mais qui<br />

pue et pollue, par son vacarme et ses vapeurs d’essence!<br />

Je vais laisser <strong>le</strong>s Thomas retourner à <strong>le</strong>ur repos, jusqu’à la prochaine fois! Ils ont toujours répondu<br />

présents à l’appel: ce sont de fidè<strong>le</strong>s ‘Bodhisattva’ qui m’aident à découvrir en moi, - chaque fois un<br />

peu mieux, - plus que moi, l’autre moi, <strong>le</strong> vrai moi. Il était plus que normal qu’ils se présentent un jour<br />

ou l’autre, même ici, en Pays Zen. Je n’ai vraiment pas été surpris de <strong>le</strong>s voir atterrir: c’est <strong>le</strong> Didyme,<br />

qui amène toujours avec lui, un ou deux compagnons de route. Cette fois-ci, il s’est servi de Mann et<br />

de Bernhardt, et d’une nuit glacia<strong>le</strong> sur la montagne, pour me ramener Beckett et un imposteur, dont<br />

on ne saura jamais s’il simu<strong>le</strong> ou s’il est vraiment amnésique! C’est en définitive à moi de découvrir<br />

‘d’un <strong>Vincent</strong> l’Autre’, et même souvent ‘des <strong>Vincent</strong> <strong>le</strong> vraiment Autre’!<br />

Comment sera mon <strong>sourire</strong> à moi, en fin de ce (mini-)parcours? Certainement pas immobi<strong>le</strong>: j’en suis<br />

ontogénétiquement incapab<strong>le</strong>! Triste non plus: je suis si heureux sur mon chemin depuis Alger, je n’en<br />

ai jamais dévié, même si je traîne ou dérape parfois; et mon chemin, c’est la route du monde! Je me<br />

souhaite qu’on puisse sentir dans mon <strong>sourire</strong>, un zest de cette ‘désespérance de l’esprit’, que <strong>le</strong><br />

locataire de la Via del Babuino, près de la Piazza di Spagna, à Rome a cru surprendre sur <strong>le</strong> visage du

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