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le sourire immobile pdf - Vincent-Paul Toccoli a-nous-dieu-toccoli

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supplémentaire, cel<strong>le</strong> de la retraite et du si<strong>le</strong>nce, heureusement, car ‘en bas’, c’est devenu une usine à<br />

bois et Disney land, dont <strong>le</strong>s stridences et <strong>le</strong> chahut rendent absolument impraticab<strong>le</strong> toute sorte de<br />

méditation: il faut supposer que <strong>le</strong>s retraitants de la kyölche d’été sont soit sourds, soit déjà ‘nirvanés’!<br />

Taë-ri et Sandima me confient qu’ils font avec! Moi, j’étais HEU-REUX, ici!<br />

L’esprit, pour moi, s’est évaporé, au moins de Songgwang sa: je n’ai rien à dire sur ce qui (ne) se<br />

passe (pas) ail<strong>le</strong>urs! J’ai rapporté supra ce à quoi a été réduite la retraite kyölche; la décadence du<br />

BIIBC, fondé pour <strong>le</strong>s étrangers, et que personne depuis la mort de Kusan ne peut/veut accueillir, faute<br />

d’intérêt et de responsab<strong>le</strong>; <strong>le</strong> fonctionnement psittaciste même de Chung San Sunim, répétant<br />

inlassab<strong>le</strong>ment deux ou trois clichés bouddhistes sur <strong>le</strong> hwadu; et <strong>le</strong> délaissement de ce ‘haut lieu’ par<br />

<strong>le</strong>s discip<strong>le</strong>s, anglo-saxons surtout, de Kusan: plus aucune recherche, traduction, commentaire. Rien!<br />

« Ô mânes de Kusan, - dont <strong>le</strong>s restes reposent près du torrent, - que ne suggérez-vous aux moines<br />

scieurs de long que <strong>le</strong>ur place est au Hall de Méditation et au Hall du Dharma! » Je suis heureux<br />

d’avoir pu fuir <strong>le</strong> monastère pour l’ermitage: mais du coup ici, surtout maintenant, à part l’architecture<br />

chinoise, je me retrouve dans un endroit de retraite comme tous <strong>le</strong>s endroits de retraite, - avec<br />

l’énorme avantage, qu’ici, c’est exceptionnel<strong>le</strong>ment beau!<br />

Quant à la pratique, je suis (malheureusement) fier de pouvoir dire qu’el<strong>le</strong> n’a dépendu que de moi et<br />

de moi seul: aucune aide d’un groupe, d’un maître sourcil<strong>le</strong>ux, de conseils pertinents, d’un contrô<strong>le</strong><br />

rigoureux.<br />

Pendant douze semaines, j’ai navigué seul, avec:<br />

comme préparatifs à terre avant l’embarquement, <strong>le</strong>s livres de Buswell,<br />

comme cap en mer, un hwadu de Huei-neng,<br />

comme gouvernail dans <strong>le</strong> brouillard, l’esprit de Huang-po<br />

et comme cartes marines parmi <strong>le</strong>s alizés, mon travail sur Edward Conze à Lumbini,<br />

me récréant dans ma cabine à traduire Kusan et ses poèmes, entre mes séances de quart!<br />

Puisque <strong>nous</strong> fêtons cette année <strong>le</strong>s 500 ans du lancement des Grandes Découvertes des Routes<br />

Maritimes du Monde, par Henri <strong>le</strong> Navigateur, Roi du Portugal, savez-vous comment s’y prenait<br />

Vasco de Gama, par exemp<strong>le</strong>, pour se procurer des interprètes lors de ses expéditions à l’intérieur des<br />

terres sur <strong>le</strong>s côtes d’Afrique qui deviendront Liberia, Angola et autre Sierra Leone? A Lisbonne, il<br />

faisait commuer en bannissement la peine capita<strong>le</strong> des condamnés à mort, qu’il embarquait avec lui, et<br />

débarquait ensuite nus et crûs aux différentes esca<strong>le</strong>s de la route. Un an, deux ans plus tard, au retour<br />

de campagne, il en retrouvait toujours un certain nombre, survivants qui parlaient parfaitement l’un ou<br />

l’autre des swahili courants (ce qui <strong>le</strong>s avait sauvés!), et qu’il enrôlait alors dans son expédition<br />

suivante, allant jusqu’à <strong>le</strong>s gracier et <strong>le</strong>s anoblir même, car ils étaient au fond du même acabit de<br />

gangsters intrépides que <strong>le</strong> génial flibustier! Dans mon aventure à moi, j’ai joué <strong>le</strong>s deux rô<strong>le</strong>s: celui<br />

du flibustier explorateur et celui du banni débarqué! J’ai survécu, je par<strong>le</strong> zen, - zen sôn, exactement, -<br />

j’ai même été gradué des titres de ‘Zen Scholar and Practitionner’, et enfin nommé : ‘Ham-il de Kam<br />

ro am’!<br />

KAM RO AM, 24 MAI 1998.<br />

La première fois que j’ai eu l’occasion de lire cette proclamation, c’était à Cîteaux, au monastère<br />

cistercien (qui fête cette année <strong>le</strong> 900 e anniversaire de sa fondation par Robert de Mo<strong>le</strong>sme et Bernard<br />

de Clairvaux), lors d’une visite à un ami moine. L’inscription se dérou<strong>le</strong> en fer forgé dans la gril<strong>le</strong><br />

même qui ferme la clôture: ‘Beata Solitudo – Sola Beatitudo’ (Bienheureuse Solitude – Seul<br />

Bonheur)! C’est <strong>le</strong> jeu de mots latin qui m’avait fait <strong>sourire</strong> à l’époque, il y a plus de quinze ans déjà.<br />

A Kam ro am, ma ‘solitudo’ était-el<strong>le</strong> ‘beata’? Fut-el<strong>le</strong> ma ‘sola beatitudo’? Tout d’abord, question<br />

solitude, il fallait la conquérir! J’ai raconté <strong>le</strong> charivari de l’esplanade du temp<strong>le</strong>, de l’aube au<br />

crépuscu<strong>le</strong>, et des cris permanents que se servent mutuel<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s Coréens avec grandes tendresse et<br />

politesse! Ce fut tout simp<strong>le</strong>ment l’horreur, tant à la Maison des Hôtes qu’au BIIBC! Et puis Chung<br />

Hyung revint de son enterrement, et ce fut ma fuite éperdue, chez lui, à l’ermitage! Pourtant, j’ai vécu,<br />

en bas, une solitude, mais très négative: cel<strong>le</strong> de l’isolation et de l’abandon, pendant trois semaines.<br />

N’eût été Jo, mon ange gardien, je me demande a posteriori si je m’en serais sorti aussi indemne.<br />

Ici, avec la sécurité, même théorique et fantasmatique, du Maître, une nouvel<strong>le</strong> ère commença.<br />

L’environnement étant tout sauf hosti<strong>le</strong>, la beauté et l’atmosphère me remplissant d’aise, et <strong>le</strong>s<br />

nécessités et commodités assurées au mieux, je pus, enfin, m’ouvrir à ‘la solitude du gardien de but<br />

quelques secondes avant <strong>le</strong> penalty’! Je prends à dessein comme image <strong>le</strong> titre de ce roman de Peter

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