le sourire immobile pdf - Vincent-Paul Toccoli a-nous-dieu-toccoli
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Mon genou droit me fait tel<strong>le</strong>ment mal, qu’en descendant <strong>le</strong>s marches il a failli me manquer! Je<br />
commence vraiment à me faire vieux! Je vais quelque temps utiliser la chaise que Jo m’a apportée.<br />
SONGGWANG SA, 16 AVRIL 1998.<br />
C’est aujourd’hui <strong>le</strong> jour de la Virya-Paramita, la vertu de zè<strong>le</strong>. El<strong>le</strong> demande de pratiquer<br />
énergiquement cinq sortes de qualités d’être: l’authenticité, l’application, la frugalité, la patience, l’à<br />
propos, la générosité et la diligence. La parabo<strong>le</strong> utilisée raconte l’histoire de cet homme qui avait<br />
trouvé une merveil<strong>le</strong>use per<strong>le</strong> au bord de la mer; et puis <strong>le</strong> <strong>dieu</strong> de la mer en est tombé jaloux et il fit<br />
tomber la per<strong>le</strong> dans l’eau. L’homme décida de vider la mer pour récupérer cette per<strong>le</strong> devenue<br />
essentiel<strong>le</strong> à sa vie. Comme il travaillait à son projet depuis longtemps déjà, <strong>le</strong> <strong>dieu</strong> de la mer vint lui<br />
dire qu’il n’y arriverait jamais, tel<strong>le</strong>ment la mer est vaste et profonde. « J’y arriverai, j’y<br />
arriverai! répondit l’homme ! Dans cette vie ou la suivante, ou au bout de toutes <strong>le</strong>s autres! J’y<br />
arriverai! ». Le <strong>dieu</strong> de la mer eut peur que l’homme ne vidât son royaume, et il finit par lui rendre la<br />
per<strong>le</strong>!<br />
En méditant sur <strong>le</strong>s œuvres de Chinul, voici que je tombe sur une citation qu’il fait d’ ’un patriarche’<br />
et qui m’inspire. C’est à propos de la définition et de la compréhension de ce que <strong>le</strong>s Bouddhistes<br />
appel<strong>le</strong>nt l’ESPRIT, et qu’ils nomment de toutes <strong>le</strong>s manières possib<strong>le</strong>s: base de l’esprit, bodhi,<br />
somme de tous <strong>le</strong>s dharmas, ‘là où <strong>le</strong>s choses sont ce qu’el<strong>le</strong>s sont’, nirvana, ‘ainsité’, corps des<br />
dharmas, véritab<strong>le</strong> ‘ainsi-té’, nature de Bouddha, matrice de tous <strong>le</strong>s dharmas, éveil comp<strong>le</strong>t…<br />
Avouons que tout ceci n’est pas faci<strong>le</strong> à assimi<strong>le</strong>r. Et puis, voici <strong>le</strong>s paro<strong>le</strong>s du patriarche:<br />
“Dans la matrice, on l’appel<strong>le</strong> <strong>le</strong> fœtus, à la naissance, un être humain. Dans l’œil on l’appel<strong>le</strong> vision,<br />
dans <strong>le</strong>s oreil<strong>le</strong>s ouïe, dans <strong>le</strong> nez odorat, dans la bouche paro<strong>le</strong>, dans <strong>le</strong>s mains toucher, dans <strong>le</strong>s pieds<br />
marche. En extension, il contient tous <strong>le</strong>s dharmas, en contraction, il se trouve dans la plus infime<br />
particu<strong>le</strong> de poussière. Ceux qui <strong>le</strong> connaissent savent que c’est la nature de Bouddha, <strong>le</strong>s autres<br />
l’appel<strong>le</strong>nt âme ou esprit.’<br />
Je sais que tout cela n’est que traductions de traductions, et transcriptions de transcriptions, transpositions de<br />
transpositions, du sanskrit au chinois, et de chinois différents suivant <strong>le</strong>s dynasties, <strong>le</strong>s éco<strong>le</strong>s, puis de tous ces<br />
chinois à l’ancien coréen et aux différentes éco<strong>le</strong>s du zen coréen. Et pour finir, traduction en anglais par un<br />
américain, et en français par votre serviteur.<br />
La situation est d’autant plus insolub<strong>le</strong> que tout ceci est censé n’être pas représentab<strong>le</strong> ni<br />
conceptualisab<strong>le</strong> sous peine d’impropriété et d’inconvenance, <strong>le</strong> vrai réel demeurant ineffab<strong>le</strong>,<br />
indescriptib<strong>le</strong> et impartageab<strong>le</strong>: il ne peut être qu’expérimenté par chacun, à la suite d’une longue et<br />
astreignante ascèse et d’une non moins longue et astreignante persévérance. Cela, la mystique<br />
occidenta<strong>le</strong> <strong>nous</strong> l’avait déjà appris. Ce qui m’inspire dans la parabo<strong>le</strong> du patriarche, c’est à la fois la<br />
distinction entre ceux qui savent et ceux qui ne savent pas, ainsi que l’équiva<strong>le</strong>nce, dans la réalité<br />
expérimentée par <strong>le</strong>s uns et par <strong>le</strong>s autres, entre ‘nature de Bouddha’, d’une part, et ‘âme et esprit’<br />
(‘soul and spirit’, traduit Buswell) d’autre part. Vraiment, l’antique hwadu cher à Kusan joue ici à<br />
meut et musique qui pense!’ disaient au 19 e sièc<strong>le</strong> <strong>le</strong>s frères Deschamps.<br />
SONGGWANG SA, 17 AVRIL 1998.<br />
C’est <strong>le</strong> jour de la Dhyanâ-Paramita, <strong>le</strong> jour par excel<strong>le</strong>nce de la méditation. C’est de ce mot sanskrit,<br />
importé par Bodhidharma de l’Inde en Chine, au 7 e sièc<strong>le</strong>, qu’ont été dérivées <strong>le</strong>s différentes<br />
appellations de la méditation bouddhique: dhyana en sanskrit donc; ch’an en chinois, sôn en coréen et<br />
zen en japonais. C’est cette paramita qui est censée <strong>nous</strong> faire traverser avec succès <strong>le</strong>s ‘Huit<br />
Ouragans’ de la perte et du gain, de la gloire et l’anonymat, de la louange et la critique; ainsi que du<br />
bonheur et de la souffrance. El<strong>le</strong> <strong>nous</strong> demande de notre coté de veil<strong>le</strong>r attentivement aux ‘Six Portes’<br />
de nos sens (n’oublions pas que <strong>le</strong>ur anthropologie considère notre activité menta<strong>le</strong> imaginaire comme<br />
un sixième sens), de façon à n’être pas attaqué par ces grands ‘Six Vo<strong>le</strong>urs’ de l’environnement.<br />
Mais ce matin, c’est plutôt <strong>le</strong> théologien exégète qui s’est mis à ‘cogiter’ en s’apercevant qu’avec la<br />
montée à Kam ro am, l’ermitage sanctuaire de Chung Hyung Sunim, commençait une période de<br />
quarante jours qui se terminera avec mon départ de Songgwang sa et la fin de mon expérience. Le<br />
chiffre de quarante ne peut pas rester neutre pour <strong>le</strong>s ‘gens de ma race’. Comment ne pas songer<br />
immédiatement aux quarante années passées dans <strong>le</strong> désert du Sinaï, par <strong>le</strong>s Hébreux délivrés de<br />
l’esclavage d’Égypte; et à Jonas qui n’accorde aux Ninivites, sur sa propre initiative, que quarante