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le sourire immobile pdf - Vincent-Paul Toccoli a-nous-dieu-toccoli

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plutôt cel<strong>le</strong> d’autres qui m’aiment, me servent, toujours in tempore opportuno, la demeure idéa<strong>le</strong> à<br />

l’endroit qu’il me faut? Est-il besoin de s’interroger… « Je ne te lâcherai pas que tu ne m’aies dit ton<br />

nom! », clame Jacob (<strong>le</strong> Menteur). « Faut-il vraiment que tu <strong>le</strong> demandes? », répond la Voix! (Gn<br />

32,23-30). Et c’est à ce moment-là qu’Il <strong>le</strong> débaptise en Israël (Honest to God), et qu’Il <strong>le</strong> bénit.<br />

Je reviens de mon bain quotidien…Jacob a donc fini par se présenter! Jacob, comme Thomas, comme<br />

Jonas: ils finissent tous par arriver au rendez-vous! Il est vrai que « Le livre s’ouvre seul aux pages<br />

souvent lues » dirait Edmond Rostand (L’Aiglon); mais il s’agit ici du grand livre secret de mon âme,<br />

car je n’ai aucune bibliothèque portative. Quel<strong>le</strong> surprise d’ail<strong>le</strong>urs d’avoir vu affluer, au long de tous<br />

ces jours, la compagnie de ceux qui venaient spontanément prêter <strong>le</strong>ur voix à mes rendez-vous<br />

quotidiens avec moi-même! Plus de cent ont une tel<strong>le</strong> place dans mes fréquentations qu’ils ont<br />

répondu de suite présents quand j’ai eu, en passant, besoin de <strong>le</strong>ur support. Et tant d’autres attendent<br />

encore de moi un signe: je <strong>le</strong>s sens à disposition! Ils n’ont plus que quelques jours…, ils auront<br />

d’autres occasions! C’est donc Jacob que <strong>le</strong>s autres ont délégué, en ce quarantième jour de la<br />

Tentation (Mat 4,2b), Jacob qui finira, lui aussi, par être révélé à lui-même (son Vrai Visage), à l’issue<br />

de sa lutte avec l’ ’Ange’, sur <strong>le</strong>s bords du Yabok, dont <strong>le</strong> nom n’est que l’anagramme du sien propre:<br />

donc un Yacob/Yaboc bien désordonné, qui va s’affronter à la Nob<strong>le</strong> Vérité sur lui-même.<br />

« Désormais, tu t’appel<strong>le</strong>ras Israël/Féal de Dieu! », mais après qu’il se soit montré ‘Fort contre Dieu’.<br />

C’est toute l’ambiva<strong>le</strong>nce de LA tentation, en effet, que d’oser se mesurer avec l’Absolu, et d’en<br />

réchapper à son avantage: l’honnêteté (Honest), même dans une vie de mensonges, consistant<br />

apparemment à al<strong>le</strong>r jusqu’au bout de sa conviction, MËME SI ELLE VA CONTRE DIEU! Mais, j’ai<br />

<strong>le</strong> sentiment que, d’instinct, l’audacieux sait ‘jusqu’où il peut al<strong>le</strong>r trop loin’: il ne mettra pas<br />

volontairement sa propre vie en danger, car il sait qu’el<strong>le</strong> appartient à Celui qu’il déifie, en <strong>le</strong> défiant<br />

absolument. Siddhârta aussi met fin à la conduite suicidaire dans laquel<strong>le</strong> son audace autosuffisante<br />

allait <strong>le</strong> précipiter: alors, il se remet à manger <strong>le</strong> riz que lui tend Sujata, et va résolument s’asseoir sous<br />

<strong>le</strong> ficus religiosus, l’arbre de la Bodhi, à Gaya, sur <strong>le</strong>s rives de la Niranjana, son Yabok à lui. Combat<br />

avec l’Ange, combat avec Mara: significativement même combat, qui <strong>le</strong> fait passer du stade de ‘Muni’<br />

(<strong>le</strong> Sage) à celui de “Bouddha” (l’Éveillé).<br />

Je me demande personnel<strong>le</strong>ment ce matin, (et la journée prend <strong>le</strong> chemin du beau temps d’hier!), des<br />

trois tentations paradigmatiques de Jésus, contre laquel<strong>le</strong> Jacob peut bien vouloir me mettre en garde,<br />

sinon cel<strong>le</strong> qu’il connaît <strong>le</strong> mieux, pour l’avoir pratiquée ‘avec succès’: se mesurer avec l’Absolu, -<br />

sublimement impersonnel pour Siddhârta, - miséricor<strong>dieu</strong>sement (matriciel<strong>le</strong>ment) personnel pour lui,<br />

et pour moi! “ Si tu es <strong>le</strong> Fils de Dieu, jette-toi en bas; car il est écrit: Il donnera pour toi des ordres à<br />

ses anges et ils te porteront dans <strong>le</strong>urs mains! (Mt 4, 6)”.<br />

Se mesurer avec l’Absolu! Pas à la façon tartarinesque de Victor-Hugo, du genre: ‘Et maintenant,<br />

Seigneur, expliquons-<strong>nous</strong> tous deux!’ Mais plus subti<strong>le</strong>ment, presque en se dérobant, paradoxa<strong>le</strong>ment:<br />

par l’écriture, par exemp<strong>le</strong>! L’écriture aura joué un très grand rô<strong>le</strong> sur ce Mont de ma Quarantaine à<br />

moi! Laptop et écriture, d’ail<strong>le</strong>urs, car c’est la première fois que j’utilise cet instrument de façon aussi<br />

régulière! La question est: aurais-je été capab<strong>le</strong> de durer ainsi douze semaines sans écrire? En me<br />

consacrant uniquement (à de la <strong>le</strong>cture passim et surtout) à la pratique intensive du zen, sans aucune<br />

espèce de rendez-vous intime, d’interlocuteur privilégié, d’exutoire régulier. Appelons cela comme on<br />

veut: <strong>le</strong> fait est que j‘avais un briefing quotidien, et parfois biquotidien, avec l’écriture! Il n’y eut rien<br />

de prémédité au départ; il s’est simp<strong>le</strong>ment trouvé que je voulais noter mon expérience à chaud.<br />

Expérience, justement! Je ne venais pas, - je l’ai déjà noté plus haut-, avec la foi du néophyte ou de<br />

Polyeucte, bref du converti légèrement teinté de fanatisme, me jeter à corps et âme perdus dans la<br />

mastication ininterrompue de l’énigmatique ‘hwadu’ et l’assise pétrifiée de la méditation. A priori,<br />

j’installai, que je <strong>le</strong> veuil<strong>le</strong> ou non, une distance, la distance critique, par écriture interposée, entre <strong>le</strong><br />

zen et moi. Une image dit bien, ce que j’aurais pu faire, cel<strong>le</strong> du (pauvre!) film tourné sur la vie de St<br />

Michel Caricoïtz: ‘Le Saint aux mains nues’. C’est ‘<strong>le</strong>s mains nues’ que j’eusse dû me rendre à ce<br />

Canossa de l’esprit! Mais non seu<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s mains: la tête aussi! Et c’est à ce point crucial que<br />

l’expérience devenait une aventure contre l’esprit, tout autant que contre nature, du moins pour moi.<br />

Car, avec <strong>le</strong> ‘karma culturel’ qu’ont, depuis cinquante ans, accumulé en moi: <strong>le</strong> prêtre catholique<br />

romain, <strong>le</strong> philosophe théologien, <strong>le</strong> psychanalyste, <strong>le</strong> praticien audio-visuel et <strong>le</strong> voyageur du<br />

monde…je considère comme hautement hypothétique qu’un autre dérou<strong>le</strong>ment eût pu être viab<strong>le</strong>.

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