28.06.2013 Views

le sourire immobile pdf - Vincent-Paul Toccoli a-nous-dieu-toccoli

le sourire immobile pdf - Vincent-Paul Toccoli a-nous-dieu-toccoli

le sourire immobile pdf - Vincent-Paul Toccoli a-nous-dieu-toccoli

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

What about your original face?<br />

Cent, deux cents, trois cents ans après votre mort,<br />

qu’en sera-t-il votre vrai visage?<br />

Et il s’en est reparti, pétillant de malice, comme s’il me jouait encore un bon tour, en me criant:<br />

”Enjoy it, Father <strong>Vincent</strong>!”. Je ne sais pas s’il faisait allusion aux fruits ou aux hwadu!<br />

Mine de rien, il me livrait l’eschaton, après l’origine! Voici donc ma situation bien campée entre deux<br />

irréels, celui du passé (qui m’emmenait non seu<strong>le</strong>ment avant l’origine de la dualité, mais aussi avant la<br />

propre origine de mes parents et, partant, de la mienne propre. Bref, au sens exact du terme:’retour au<br />

no man’s !); et celui du futur (qui m’invite à voir l’invisib<strong>le</strong>, du genre: ‘c’est arrivé demain!). Bien<br />

sûr, on ne répètera jamais assez que tout cela est à envisager dans <strong>le</strong> cadre anthropologico-religieux du<br />

cyc<strong>le</strong> des naissances et renaissances ainsi que des accumulations des capitaux positifs et négatifs du<br />

karma individuel et col<strong>le</strong>ctif: mais on ne m’enlèvera pas de la tête que cela a du sens, même quand on<br />

n’est ni indien, ni bouddhiste, ni spécialiste de zen! La théologie catholique développe ou a développé<br />

el<strong>le</strong> aussi des théories de la pré-existence des âmes avant la naissance, de la prédestination du salut, de<br />

l’éternel présent de Dieu qui suppose, d’une certaine manière, l’H/histoire close, et de la<br />

‘contemporanéité’ d’évènements diachroniques, où précédence et ultériorité se mê<strong>le</strong>nt, bousculant<br />

nécessairement la ‘concordance des temps’ ( “Avant qu’Abraham ne fût, Je Suis” et “ Abraham s’est<br />

réjoui de Ma venue”, dit Jésus; à la Transfiguration, Jésus, Moïse et Élie sont censés s’entretenir de la<br />

prochaine montée de Jésus à Jérusa<strong>le</strong>m, etc.…, sans par<strong>le</strong>r de tous <strong>le</strong>s effets rétroactifs dans l’Histoire<br />

des hommes, des retombées du salut en Jésus-Christ, ne serait-ce que par <strong>le</strong>s mérites découlant de la<br />

célébration du saint sacrifice de la messe).<br />

KAM RO AM, 24 AVRIL 1998.<br />

Ce matin, nocturne et matutina<strong>le</strong> parfaites, mais avec accompagnement d’ankylose généra<strong>le</strong> de la<br />

jambe gauche au bout de la première demi-heure. Pourtant dès que je me suis concentré sur mon<br />

hwadu, plus exactement sur sa deuxième partie (‘mon visage original/authentique/véritab<strong>le</strong>’), c’est une<br />

trombe de réminiscences culturel<strong>le</strong>s qui s’est déversée sur moi, autant dans la nuit qu’au petit matin!<br />

D’abord Magritte et son “Portrait” (cet homme qui contemp<strong>le</strong> sa nuque dans <strong>le</strong> miroir); puis des<br />

écrivains: Denis Diderot et son “Paradoxe du comédien”, Golo Mann et son “Méphisto”; Lee<br />

Strassberg, enfin, et son “Actor’s Studio” de New York! Comme il est diffici<strong>le</strong> de faire abstraction de<br />

son passé, de sa mémoire, de sa culture, de ce qui <strong>nous</strong> constitue dans l’épaisseur de l’existence et<br />

<strong>nous</strong> institue dans l’orientation du sens! Est-ce simp<strong>le</strong>ment une attitude réf<strong>le</strong>xe, instinctuel<strong>le</strong>, donc<br />

naturel<strong>le</strong> et origina<strong>le</strong>, ou bien est-ce une inclination acquise par éducation, pression socia<strong>le</strong> et ambition<br />

personnel<strong>le</strong>, teintée de satisfaction esthétique?<br />

Le hwadu me pousse à jouer <strong>le</strong>s Janus, ce <strong>dieu</strong> romain au doub<strong>le</strong> visage, par devant et par derrière,<br />

pour <strong>le</strong>s bonnes et <strong>le</strong>s mauvaises nouvel<strong>le</strong>s. L’époque baroque a repris <strong>le</strong> thème pour <strong>le</strong> <strong>sourire</strong> et la<br />

grimace. Mais <strong>le</strong> stratagème sert aussi dans la profonde Bretagne bretonnante, qui refuse de renoncer à<br />

ses “kobolds”, pour créer des simulacres de Vierges à deux faces aux gués des torrents: la face maria<strong>le</strong><br />

quand passe Monsieur <strong>le</strong> Recteur, l’’autre’, quand il est passé! J’ai vu phénomène identique à Bahia de<br />

todos os Santos, sur la côte atlantique du Brésil, où <strong>le</strong>s descendants des anciens esclaves noirs,<br />

importés par <strong>le</strong>s Portugais depuis l’actuel<strong>le</strong> Sierra Leone, continuent plus que jamais à pratiquer <strong>le</strong><br />

‘candomblé’, ce culte syncrétique latino-américain où se mê<strong>le</strong>nt vaudou et catholicisme lusitanien: on<br />

y vénère des Saints Georges (à cause du Dragon), dont l’’autre’ face est un démon familier africain.<br />

Depuis ce trou de Corée, perdu quoique magnifique, voilà vers où m’embarque <strong>le</strong> moindre mot,<br />

surtout la moindre image, tel<strong>le</strong>ment je suis chargé et même survolté de rappels, d’allusions,<br />

d’associations d’idées: bref de mémoire!<br />

Entre l’origine et l’eschaton, mon visage, mon moi, mon esprit en somme se définissent par ce qui<br />

passe’! Entre mon imaginaire, - ferti<strong>le</strong> souvent en affabulations, élaborations, rationalisations et re-‘ de<br />

tout acabit, - et l’impermanente réalité, - aussi décevante que fugitive, - je me donne des ‘raisons’ de<br />

stabilité, de fondement et de consistance. De mon visage et de mon moi ne subsistent, en quelque<br />

sorte, que <strong>le</strong>s cicatrices que <strong>le</strong>s b<strong>le</strong>ssures du temps y ont sculptées (Marguerite Yourcenar)? Ma ‘statue<br />

intérieure’ (André Lwolf) sourit encore peut-être, mais c’est de s’être accommodée de la perte de pans<br />

entiers d’el<strong>le</strong>-même:

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!