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le sourire immobile pdf - Vincent-Paul Toccoli a-nous-dieu-toccoli

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Je crois bien que je fais partie des gens irrécupérab<strong>le</strong>s pour toute campagne de dé-conceptualisation de<br />

la pensée et de désensibilisation de la perception. Cela m’apparaît même re<strong>le</strong>ver de la contre-nature.<br />

Quant à l’affirmation/négation/fusion ou synthèse qui doit être la seu<strong>le</strong> approche possib<strong>le</strong> du<br />

Dharma/Absolu, c’est une dia<strong>le</strong>ctique proprement ‘abrutissante’ de la subtilité où, comme <strong>le</strong> vif argent<br />

dans <strong>le</strong> cristallisoir ou sur la paillasse du laboratoire, des éclairs seuls sont censés devoir satisfaire <strong>le</strong><br />

sujet/objet confondus dans l’Un et Unique, Indivis et Indivisib<strong>le</strong>, Inimaginab<strong>le</strong> et Inexpérimentab<strong>le</strong>, et<br />

dont la quête est de toute façon vaine, parce qu’il n’y a rien à ‘quêter’! Ou peut-être suis-je trop<br />

fatigué, ce soir. D’ail<strong>le</strong>urs, <strong>le</strong> couvre-feu vient de sonner…<br />

KAM RO AM, 12 MAI 1998.<br />

Il fait toujours aussi froid ce matin; pour la nocturne et la matutina<strong>le</strong>, j’ai dû me confectionner un igloo<br />

de couvertures: c’était en fait très agréab<strong>le</strong>. Et charmant! Entre ces deux premières ‘sessions’, je me<br />

suis rallongé quelque temps, et j’ai rêvé. Un rêve rapide (!), d’une seu<strong>le</strong> image (ce qui m’en reste),<br />

mais persistante et qui m’a physiquement fatigué. Je transportais un animal sur mon dos, oui, un gros<br />

animal même, de la tail<strong>le</strong> d’un âne, d’un bouc, d’un veau! Et cela n’avait aucune élégance: je soufflais<br />

et m’agrippais à <strong>le</strong>urs pattes, passées de chaque coté de mes épau<strong>le</strong>s, comme pour me retenir de<br />

tomber. Je me souviens d’avoir en même temps regardé de droite et de gauche, peut-être pour<br />

quémander une aide du regard, mais sans succès. C’est dans cette position de ‘transport’ que je rouvris<br />

<strong>le</strong>s yeux, pour ma session suivante, pendant laquel<strong>le</strong> j’avais la sensation de porter toujours mon drô<strong>le</strong><br />

de fardeau…Il serait à la fois faci<strong>le</strong> et juste de dire, dans une interprétation au premier degré (el<strong>le</strong>s ne<br />

sont pas toujours <strong>le</strong>s moins profondes), que ces trois animaux, très particuliers en l’occurrence, sont<br />

trois images de moi, pas très ressemblantes, j’espère, avec ma nature de Bouddha, s’y opposant plutôt.<br />

L’âne récalcitrant, têtu, inamovib<strong>le</strong>; <strong>le</strong> bouc puant, lubrique, vindicatif; et <strong>le</strong> veau niais, aboulique,<br />

insipide! Il est vrai qu’assez faci<strong>le</strong>ment je regimbe, argumente, n’en démords pas; que mes sens,<br />

instincts et hargne confondus, sont souvent mes moteurs; que je possède une bonne dose de naïveté,<br />

d’indécision et de cliché! Mécanismes de défense? Dernières cartouches? N’importe quoi!<br />

Et puis, il y a cette histoire des deux Thomas (Mann et Bernhardt): ils ne sont pas venus pour rien,<br />

dans ‘<strong>le</strong> froid de ma montagne magique’! Cette réalité gémellaire est toujours réapparue chez moi, dès<br />

qu’il s’agit de vivre quelque chose d’important. Thomas Didyme, Thomas <strong>le</strong> Jumeau, mais sans savoir<br />

jamais très bien avec <strong>le</strong>quel des deux on a à faire. Il y a ‘celui qui n’était pas là’, et qui ne veut croire<br />

que s’il ‘touche’; et puis il y a ‘celui qui est là’ et qui n’a ‘plus besoin de toucher’ (Jn 20,24-29). Il y a<br />

bien sûr <strong>le</strong> Thomas Beckett d’Honest to God, de Samuel Beckett, ce compagnon de bamboche du futur<br />

roi d’Ang<strong>le</strong>terre, Henry II Plantagenêt, devenu Archevêque de Cantorbéry et Primat du Royaume; qui<br />

désavouera son Roi pour rester ‘honest’ à Dieu, et <strong>le</strong> paiera de sa vie, assassiné au pied de l’autel dans<br />

sa cathédra<strong>le</strong>! Il y a aussi Thomas l’Imposteur, de Jean Cocteau, celui qui passe pour un autre,<br />

Français, Al<strong>le</strong>mand, enfant perdu de la guerre des tranchées! Les voilà tous ensemb<strong>le</strong>: celui qui n’est<br />

pas là puis qui est là; celui qui n’est plus <strong>le</strong> même avant et après; celui dont on ne saura jamais très<br />

bien de quel coté il est!<br />

Depuis ces derniers jours, me voici pris dans la ronde de fab<strong>le</strong>s, qui me racontent à moi-même par <strong>le</strong><br />

détour de l’allégorie. Il y a la fab<strong>le</strong> qui porte pour titre “Le Fou, l’Ingénu et l’Insensé”, à la Milan<br />

Kundera; cel<strong>le</strong>, plus dans la tradition de Jean de Lafontaine, qui s’appel<strong>le</strong> “L’âne, <strong>le</strong> bouc et <strong>le</strong> veau”;<br />

et cel<strong>le</strong>, enfin, plus dans <strong>le</strong> goût de Luigi Pirandello, de “Didyme, l’Archevêque et l’Imposteur”! Il<br />

vaut mieux en rire, car, dans ma solitude qui se creuse, - Massif Central vient de partir pour Séoul,<br />

jusqu’à dimanche prochain: un service funèbre en l’honneur de sa mère décédée il y a quarante jours, -<br />

je sens que je divague un peu. Je ne prends ni absinthe, ni mezcal, ni LSD, ni coca, ni poudre de<br />

champignon hallucinogène: je pense que l’iso<strong>le</strong>ment, <strong>le</strong> si<strong>le</strong>nce, <strong>le</strong> jeûne, <strong>le</strong> sommeil réduit, la<br />

méditation intensive, et maintenant <strong>le</strong> froid vont peut-être faciliter l’accès à certaines ‘intuitions<br />

si<strong>le</strong>ncieuses’, dont la nature de Bouddha serait dispensatrice à ceux qui tiennent …jusqu’au bout!

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