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le sourire immobile pdf - Vincent-Paul Toccoli a-nous-dieu-toccoli

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KAM RO AM, 13 MAI 1998.<br />

Ce n’était pas <strong>le</strong> so<strong>le</strong>il d’Austerlitz, mais enfin il avait apparu ce matin, vers sept heures trente. Après<br />

plus d’une semaine! Je suis même sorti de mon nouvel antre, pour al<strong>le</strong>r m’asseoir un instant sur<br />

l’escabeau bancal du chemin de ronde extérieur du hall de méditation. Le ciel est encore bien chargé,<br />

je sens que <strong>le</strong> vent froid se relève. D’ail<strong>le</strong>urs, il fait déjà plus sombre…Je crois que c’est reparti!<br />

Je suis donc seul à Kam ro am: l’ermite, maintenant, c’est moi! Dans cinq jours, Massif Central<br />

repassera, mais d’une certaine façon, en visiteur: et puis, je terminerai seul ce parcours, comme je<br />

l’aurais commencé! Curieux sentiment de ‘mission accomplie’. Et puis aujourd’hui, 13 MAI, est un<br />

jour mémorial pour moi. Comme chaque 13 mai, tous <strong>le</strong>s dix ans, il se sera passé un évènement<br />

significatif dans mon existence. Aujourd’hui n’échappe pas à la série, avec ‘l’ermite de Kam ro am’!<br />

En effet, <strong>le</strong> 13 mai 88, à Nice, je décidai de démissionner de toutes mes fonctions, pour me préparer à<br />

partir pour l‘Amérique Latine: je me retrouvai à Hong-Kong! Le 13 mai 78, <strong>le</strong> JBS (Jean Bosco<br />

Service) devenait International, avec une collaboration franco-al<strong>le</strong>mande, premier pas vers plus loin.<br />

Le 13 mai 68, je me trouvais à Paris, sur <strong>le</strong>s barricades, acteur de cette ‘révolution estudiantine’, qui<br />

me valut un exil de deux années, dans un IUT d’Agronomie du Centre de l’Hexagone, où, outre la<br />

découverte de la ‘terre’, je nouai des amitiés parmi <strong>le</strong>s plus profondes de ma vie. Le 13 mai 58, c’était<br />

Alger, déjà des barricades, <strong>le</strong> Plateau des Glières, la Marseillaise chantée très patriotiquement par des<br />

Pieds-noirs qui devaient bientôt apprendre que l’Algérie n’est définitivement pas la France, quoi que<br />

de Gaul<strong>le</strong> ait pu/dû politiquement <strong>le</strong>ur hur<strong>le</strong>r du haut du grand balcon du Gouvernement Général. Et <strong>le</strong><br />

13 mai 48, - j’avais juste 6 ans et 3 mois, - je ‘faisais’ ma Première Communion, en l’église St Jean<br />

Bosco, du quartier du Ruisseau, où j’étais né, sous un bombardement, et fus baptisé dans la foulée! Je<br />

suis toujours resté un fils de Don Bosco, j’espère mourir tel.<br />

J’ai parfaitement conscience que mes élucubrations mystiques d’hier sur <strong>le</strong>s trois Thomas et sur<br />

l’Altérité rimbaldienne, non seu<strong>le</strong>ment ne veu<strong>le</strong>nt strictement rien dire pour un Asiatique norma<strong>le</strong>ment<br />

constitué, surtout s’il est bouddhiste et pratique (circonstance aggravante dans ce cas) la méditation<br />

Sôn/Zen..., mais en plus, que tout cela ne présente aucune espèce d’intérêt ni ne provoque <strong>le</strong> moindre<br />

élan de curiosité, dans une structure menta<strong>le</strong> si différemment bâtie que peut l’être la sienne en<br />

comparaison de l’occidenta<strong>le</strong>. Et vice versa. Mais cette situation est analogue pour moi aujourd’hui<br />

vis-à-vis de ce que <strong>le</strong> Sôn exige de moi, et des textes que je consulte: avec la seu<strong>le</strong> différence que<br />

j’essaie, dans toute la mesure de mon possib<strong>le</strong> et en y appliquant toute ma curiosité bienveillante,<br />

d’entrer, - ou au moins d’en arriver jusqu’au seuil, - dans cette approche de l’existence et de la vie, de<br />

la méditation et de sa transmission de l’esprit. Je dois dire que ce n’est ni évident ni faci<strong>le</strong>. Et qu’il faut<br />

une volonté bien déterminée et une constance très opiniâtre pour se mettre, même un temps limité à<br />

douze semaines comme moi, à une tel<strong>le</strong> éco<strong>le</strong>. D’ail<strong>le</strong>urs à ma connaissance, tous <strong>le</strong>s Occidentaux<br />

(Américains du Nord surtout) qui sont devenus moines, ici, en Corée, en Thaïlande ou en Inde (je<br />

par<strong>le</strong> pour la dizaine que je connais personnel<strong>le</strong>ment), avec ou sans ‘préceptes’ (vœux, ordination,<br />

engagement so<strong>le</strong>nnel), sont retournés chez eux après quelques années, pour des raisons qui sont <strong>le</strong>s<br />

<strong>le</strong>urs, et, c’est vrai, ont ‘fondé’ centres, éco<strong>le</strong>s, foyers, instituts et autres, où avec d’autres ‘collègues<br />

rapatriés’, ils perpétuent d’une certaine manière, mais ‘à la maison’, ce qui est certainement resté plus<br />

qu’une simp<strong>le</strong> nostalgie émotionnel<strong>le</strong>, mais une authentique conviction ! Mais voilà : praticab<strong>le</strong> à la<br />

longue, seu<strong>le</strong>ment si l’intéressé l’adapte à un environnement quotidien qui tienne compte de sa culture<br />

et de sa civilisation.<br />

Je veux dire qu’il existe et qu’il doit exister des irréductibilités: soutenir que <strong>le</strong> zen est universel, c’est<br />

ou bien ne pas savoir ce qu’il en est exactement ou bien <strong>le</strong> réduire à une technique. Mais dans ce<br />

dernier cas, ce n’est plus du zen, c’est une méthode de méditation tout à fait vénérab<strong>le</strong>, et qui peut<br />

certainement être tout à fait efficace dans ses objectifs. Ce qui doit être clair, c’est que <strong>le</strong> zen est<br />

bouddhiste, ou alors ce n’est pas du zen, et <strong>le</strong> bouddhisme soutient des positions par rapport à la vie,<br />

l’existence, l’ultime, la personne et l’autre… qui constituent l’épaisseur même du zen. Même s’il y a<br />

plusieurs éco<strong>le</strong>s, et qui n’ont jamais été d’accord entre el<strong>le</strong>s.<br />

Voici une petite anecdote pour illustrer <strong>le</strong> monde de cette méditation, justement.<br />

“Un jour un moine allait prendre congé de Maître Kuei Tsung, qui lui demanda où il comptait se rendre:<br />

- J’ai l’intention de passer dans tous <strong>le</strong>s endroits où on enseigne <strong>le</strong>s cinq sortes de zen!<br />

- Oh! D’autres endroits peuvent bien en connaître cinq; <strong>nous</strong>, ici, <strong>nous</strong> avons la seu<strong>le</strong>.<br />

Et comme <strong>le</strong> moine demandait laquel<strong>le</strong> c’était, il reçut brusquement une volée de coups.<br />

- Je vois, je vois! s’exclama-t-il avec excitation.

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