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le sourire immobile pdf - Vincent-Paul Toccoli a-nous-dieu-toccoli

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Sixième Chapitre<br />

JE DOUTE DONC JE ZEN<br />

ou<br />

“Tabula rasa”<br />

KAM RO AM, 25 AVRIL 1998.<br />

Le doute! Au moment même où j’écrivais ce mot et m’exclamai, la tête d’Amedeo, (un visiteur apparu<br />

subrepticement <strong>le</strong> jour précédent!), réapparaissait à la bay window, marquée d’un <strong>sourire</strong> contraint.<br />

Tout en arrêtant mon laptop, je me demandais bien ce qu’il me voulait à cette heure, - il n’était encore<br />

que huit heures, je me re<strong>le</strong>vais juste de ma matutina<strong>le</strong>, avec un peu de retard, - et ce que signifiait<br />

cette grimace de dou<strong>le</strong>ur…Comme un flash, <strong>le</strong> texte de Vigny m’est remonté au cœur! … Nous <strong>nous</strong><br />

assîmes comme hier soir sur <strong>le</strong>s marches du hall de méditation. « Je voulais te revoir avant de partir! »<br />

commença-t-il, passant spontanément au tutoiement. Après quelques échanges sur Bouddhisme,<br />

hwadu et voyages, il m’avoua, au détour d’une phrase, et comme en s’en voulant de l’avoir laissé<br />

s’échapper, qu’il ne se sentait réel<strong>le</strong>ment pas bien. Je me permis d’insister et d’al<strong>le</strong>r plus loin… Alors,<br />

il me raconta sa vie à gros traits, détaillant l’infarctus, dit 'si<strong>le</strong>ncieux’ qui l’avait frappé, à son insu<br />

bien sûr, quelque quinze ans auparavant, puis ses cinq pontages simultanés qui remontaient à six ans,<br />

et enfin cette fatigue permanente et ces élancements au cœur qui ne <strong>le</strong> lâchaient que très peu de temps:<br />

« En quittant Reggio, il y a quinze jours, je ne savais vraiment pas si j’y reviendrais jamais! Et ce<br />

matin, je suis très mal, et je voulais te voir une dernière fois! ». Ce ‘une dernière fois’, j’avoue, me fit<br />

frémir intérieurement! Nous parlâmes alors mort, vie, sens de tout cela (il se dit non-croyant, mais<br />

impressionné par tout ce que j’avais pu lui confier la veil<strong>le</strong>), avec beaucoup de si<strong>le</strong>nces et de<br />

communication non verba<strong>le</strong>…Le temps passa et passa jusqu’à dix heures trente!... Il dut partir. Je lui<br />

promis de lui rendre visite à Reggio et l’invitai à faire <strong>le</strong> voyage de la Côte d’Azur. C’est sur une<br />

longue emb(r)assade que <strong>nous</strong> <strong>nous</strong> sommes séparés…Je rentrai tout bou<strong>le</strong>versé! Oui, <strong>le</strong> jeu de mots<br />

m’est venu à l’’esprit’, car je pense qu’’Amedeo’ m’a été envoyé…<br />

Antéméridienne, repas de pomme et thé, méridienne…Et puis voilà qu’il s’est fait treize heures: je<br />

devais al<strong>le</strong>r chez <strong>le</strong> Maître, envoyer un fax à Jonathan pour rég<strong>le</strong>r sa venue ici la semaine prochaine et<br />

quelques affaires avec la France (L’EDJ et Albin-Michel). Comme d’habitude, mon Maître me reçut<br />

on ne plus aimab<strong>le</strong>ment. Le fax expédié, il m’invita à m’asseoir et s’enquit de ma santé, et surtout de<br />

ma ‘diète’, ne me voyant jamais descendre au réfectoire du monastère pour me sustenter. Je tâchai de<br />

lui expliquer que je suis un être de ‘liquide’ avant tout (verseau, hippocampe et loutre d’eau), et<br />

qu’avec <strong>le</strong>s fruits qu’il m’apportait régulièrement, et <strong>le</strong> thé, je me suffisais. Les jours où j’aurais faim,<br />

je descendrais sûrement! Il fut très intéressé par ma théorie! Alors il me parla, en s’aidant de son<br />

dictionnaire, de la concentration de l’esprit, et combien il est important de s’y entraîner sans relâche ni<br />

sans perdre courage. Et comme je lui parlais de mon imagination, il me confia que lui aussi, encore,<br />

n’en était pas tota<strong>le</strong>ment indépendant, mais qu’il continuait ses exercices! Il souligna qu’il remarquait<br />

mon assiduité et que j‘arriverais certainement à quelque chose, …se gardant bien de préciser quoi!<br />

Quand je finis par évoquer <strong>le</strong> doute dans <strong>le</strong>quel j’entrais, - comme on entre dans un pays étranger<br />

sans visa, - il sourit, et me dit que c’était un signe de progrès! Et il passa à autre chose, me remettant<br />

quelques papiers de son crû, pour en améliorer l’anglais, sur la méditation sôn précisément. Puis, il<br />

voulut me raccompagner et me montrer ses plants de coquelicots. Le so<strong>le</strong>il brillant à nouveau, il eut<br />

soudain envie de me prendre en photo! Il regrimpa <strong>le</strong>stement à ses quartiers quérir son appareil: durant<br />

dix minutes, il me mitrailla! En final, je ne sais comment on en vint là, il me demanda de lui chanter<br />

‘O So<strong>le</strong> moi’! Et me voilà; dans <strong>le</strong> jardin de Kam ro am, lançant un air napolitain dans <strong>le</strong> ciel b<strong>le</strong>u des

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