le sourire immobile pdf - Vincent-Paul Toccoli a-nous-dieu-toccoli
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assouplir, d’ankylose à vaincre ni d’endurance à améliorer: il s’agit de schèmes mentaux, de<br />
représentations symboliques et d’adhésion intérieure!<br />
Le vide, c’est celui que je sentais quand j’apprenais à nager, et que voulant me reposer, je ne trouvais<br />
plus rien sous mes pieds; ou bien quand j’ai dû un jour, dans une vil<strong>le</strong> étrangère, payer ma chambre<br />
d’hôtel et constater en même temps que mon portefeuil<strong>le</strong> avait disparu! C’est un vide ‘charnel’, en ce<br />
sens que <strong>le</strong> corps tout entier réagit-avec-aucune-réaction, c’est-à-dire que sa seu<strong>le</strong> réaction, c’est de<br />
s’éprouver lui-même à la fois comme étant bien là, mais ne pouvant rien faire par lui-même pour s’en<br />
sortir: et là, on est aussi démuni dans l’eau qu’à la caisse! Ce vide est aussi ‘moral’, en ce sens que<br />
non préparée à ce type de situation et se rendant parfaitement compte de son impréparation, la<br />
personne expérimente détresse et abandon, au point d’être proprement incapab<strong>le</strong> de faire face. (Pour<br />
ce qui touche mes aventures, et pour satisfaire la curiosité du <strong>le</strong>cteur: à la plage ma mère ne me lâchait<br />
jamais des yeux, et pour rég<strong>le</strong>r, j’ai automatiquement fait ordonner un mandat postal, qui est arrivé <strong>le</strong><br />
<strong>le</strong>ndemain, me permettant de prendre un jour de plus de villégiature). Mais sur <strong>le</strong> moment…<br />
C’est peut-être la Voie, c’est même certainement çà <strong>le</strong> chemin, car ‘je ne sais plus quoi penser’, et il<br />
apparaît qu’il ne faut pas penser du tout, sinon ‘une pensée non pensée’. Je dois simp<strong>le</strong>ment (!)<br />
reconnaître que j’ignore ce que c’est que ‘ce vide-là’, et que ‘mon vide à moi’ ne s’y reconnaît pas. Et<br />
pourtant c’est si beau, par exemp<strong>le</strong>, ce poème de Hui-neng (Blofeld 1959 : 78):<br />
Mais comment souscrire au premier vers?<br />
Rien jamais ne fut!<br />
Où pourrait se poser la poussière éphémère!<br />
Si jamais vous touchez à ce cœur des choses,<br />
pourquoi par<strong>le</strong>r encore de bonheur sublime!<br />
KAM RO AM, 26 AVRIL 1998.<br />
En ouvrant ma cellu<strong>le</strong>, ce matin, j’ai découvert un fax, arrivé de Hong-Kong dans la nuit, et que mon<br />
Maître avait discrètement fait glisser devant chez moi, par une fente de la bay window. La famil<strong>le</strong><br />
Trucchi se souvient de moi, lors du passage d’une de mes anciennes étudiantes, Maud, <strong>le</strong>ur fil<strong>le</strong> aînée.<br />
Une phrase d’el<strong>le</strong> m’a ramené à ma quête: « J’espère que tu trouveras la bonne voie, cel<strong>le</strong> de ton âme<br />
et de ton cœur ! » Je sais bien qu’un tel souhait, en période ordinaire, eût résonné en moi de façon<br />
bana<strong>le</strong>, gentil<strong>le</strong> et même plutôt mièvre. Ce matin, il rejoint la toute première et unique<br />
recommandation de mon Maître quand <strong>nous</strong> fûmes présentés l’un à l’autre: ”Al<strong>le</strong>z-y avec <strong>le</strong> cœur!”. Et<br />
aujourd’hui, je me trouve, d’après <strong>le</strong> ca<strong>le</strong>ndrier, exactement au cœur de mon séjour Zen! On pourra<br />
encore par<strong>le</strong>r de coïncidence: moi, ce sont <strong>le</strong>s coïncidences qui me par<strong>le</strong>nt, el<strong>le</strong>s sont mêmes quasi <strong>le</strong>s<br />
seu<strong>le</strong>s à m’indiquer des voies/voix qui ont du sens! Au cœur du vide, ce sera la réponse au vide du<br />
cœur! Peut-être faudrait-il réinterpréter en ce sens la réf<strong>le</strong>xion ’éculée’ de de Saint-Exupéry: “Le cœur<br />
a ses raisons que la raison ne connaît pas!”. Une première dans <strong>le</strong> recyclage des citations!<br />
J’ignore s’il faut en remercier Blofeld ( 1959 : 79-80),- certainement, quelque part, - mais sa<br />
traduction de l’enseignement de Huang-po <strong>nous</strong> révè<strong>le</strong> un véritab<strong>le</strong> poète mystique, qui, lui aussi, me<br />
par<strong>le</strong> d’autant plus profondément qu’il s’exprime de façon apophatique et métaphorique:<br />
Le seul espoir est vain de toucher par <strong>le</strong>s mots,<br />
<strong>le</strong> Vrai, qu’on ne perçoit ni en soi ni pour soi.<br />
Un mystère ineffab<strong>le</strong> en permet la saisie:<br />
<strong>le</strong> Porche du Repos Tranquil<strong>le</strong> en est l’accès…<br />
Lorsque votre penser ne s’agitera plus<br />
pour renoncer enfin à sa recherche vaine,<br />
laissant tel pierre ou bois votre Esprit Immobi<strong>le</strong>,<br />
Vous trouverez <strong>le</strong> bon chemin qui mène au Seuil!<br />
Ainsi, cette “vérité” ne peut être<br />
ni désignée,<br />
ni identifiée comme sujet ni comme objet,<br />
ni exprimée par des mots;