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le sourire immobile pdf - Vincent-Paul Toccoli a-nous-dieu-toccoli

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Poissons et dragons dorment profondément,<br />

immobi<strong>le</strong>s.<br />

Charge <strong>le</strong> bateau de son p<strong>le</strong>in de lune !<br />

Souque ferme,<br />

et va!<br />

Je ne saurais dire exactement en quoi (saisie intuitive muette?), mais il est certain que ces textes,- <strong>le</strong><br />

genre de ces textes, - m’aident prodigieusement à progresser sur la V/voie.<br />

Jonathan est fina<strong>le</strong>ment arrivé, trempé et fourbu, après avoir erré deux heures sous la pluie dans <strong>le</strong>s<br />

futaies, pour avoir préféré suivre <strong>le</strong>s indications d’un promeneur, plutôt que <strong>le</strong> plan que je lui avais<br />

faxé à Taipei! Douche, changée et puis <strong>le</strong>s retrouvail<strong>le</strong>s, <strong>le</strong>s nouvel<strong>le</strong>s,…<strong>le</strong>s victuail<strong>le</strong>s!… Cette<br />

journée aura été un peu perturbée pour moi, entre l’attente et la joie: j’avais un peu <strong>le</strong> sentiment d’une<br />

intrusion! Deviendrais-je un affreux ermite misanthrope et sauvage…<br />

Ne dites jamais<br />

‘<strong>nous</strong> n’avons pas <strong>le</strong> choix de vivre vieux, de mourir jeune’:<br />

La nature originaire, étant ce qu’el<strong>le</strong> est,<br />

vous laisse toujours libre d’al<strong>le</strong>r à votre guise.<br />

Jadis comme aujourd’hui,<br />

claire et pure, el<strong>le</strong> demeure subti<strong>le</strong>.<br />

Du haut d’un arbre sans ombre,<br />

<strong>le</strong>s f<strong>le</strong>urs ne tombent jamais!<br />

C’est sur ce poème de Kusan( 1985 : 93) que je me suis allongé sur ma couche, en cette veil<strong>le</strong> du Noël<br />

bouddhiste, puisque demain, <strong>nous</strong> fêtons <strong>le</strong> (563+1998= ) 2561 e anniversaire de la naissance, dans <strong>le</strong>s<br />

‘Jardins de Lumbini’, près de Kapilavastu, (anciennement sur <strong>le</strong> territoire de l’Inde, aujourd’hui, dans<br />

la province du Teraï, Népal ), du Prince Siddhârta, Gautama, de la tribu des Sakya, dit Sakyamuni,<br />

devenu <strong>le</strong> Bouddha.<br />

KAM RO AM, 3 MAI 1998<br />

[2561, ère bouddhiste : NAISSANCE DU BOUDDHA.]<br />

A trois heures onze, très exactement, j’ouvrai un œil, et <strong>le</strong> bon. Ma toi<strong>le</strong>tte fut extra rapide. Je me<br />

retrouvai neuf minutes plus tard dans <strong>le</strong> petit temp<strong>le</strong> de la terrasse, aux premiers coups de gong qui<br />

montaient de la vallée. L’air était doux, la nuit calme, <strong>le</strong>s ruisseaux d’a<strong>le</strong>ntour y allaient de <strong>le</strong>urs<br />

chuchotements. J’étais seul, dans l’obscurité (car je ne trouvai pas l’interrupteur). Curieux sentiment<br />

de jouer <strong>le</strong>s enfants ‘Samuel au temp<strong>le</strong> de Silo’! Quelques minutes plus tard, une femme entra, la<br />

sacristine de service certainement, car el<strong>le</strong> s’employa à allumer lampes, cierges et bâtons d’encens.<br />

Enfin, au dernier coup de gong du monastère d’en bas, mon Maître Chung San, - ‘mon Élie à moi’, -<br />

apparut, enveloppé dans son vaste habit de cérémonie (<strong>le</strong> kessak) un peu trop amidonné, mais qui lui<br />

donnait la juste prestance rigide qui convenait à ce culte simp<strong>le</strong> et matinal, dont, avec cette femme, je<br />

devais être <strong>le</strong> seul participant. Sans un mot, il prit place sur l’épais coussin central en face du<br />

Bouddha: je m’étais assis sur celui de gauche. Nous attendîmes <strong>le</strong>s derniers coups de cloche du<br />

monastère…Alors Chung San se re<strong>le</strong>va prestement, se rendit sur la droite vers une cloche de bronze, et<br />

s’armant d’un marteau de bois, par trois fois exécuta une série de rou<strong>le</strong>ments crescendo et<br />

decrescendo, en laissant à la fin <strong>le</strong> son mourir de lui-même. Il regagna sa place, m’invita à me re<strong>le</strong>ver,<br />

et s’étant emparé maintenant d’un bambou évidé et fendu par <strong>le</strong> milieu, il s’en frappa par trois fois<br />

dans la main, s’inclinant en cadence vers <strong>le</strong>s autels frontal et latéral. J’imitai en si<strong>le</strong>nce recueilli,<br />

revoyant avec émotion <strong>le</strong>s images de mon automne dernier, en Bethléem bouddhiste. De sa voix grave,<br />

soudain, légèrement éraillée par un sommeil tenace, il entama une mélodie dont je reconnus l’air, pour<br />

l’avoir entendue, au service du matin, au monastère du Koya San, Japon, en novembre 96, où je passai<br />

quelques jours, pour étudier la secte Shingun. Il y avait beaucoup de tendresse dans <strong>le</strong> solo, à l’aube de<br />

Kam ro am, de ce vieillard encore vert: de la tendresse, et de la piété naïve et naturel<strong>le</strong>. Oui, encore<br />

une fois, j’étais ému! Le service ne dura en fait qu’une dizaine de minutes. On s’inclina profondément<br />

pour clore. Alors il me regarda en souriant: “You may go, now!”. Mais c’est que je n’en avais pas du<br />

tout envie! Je voulais tout bonnement terminer ma nocturne. Je déclinai poliment sa permission et<br />

repris ma position au sol. Il sourit, alla lui-même éteindre <strong>le</strong>s lampes, et laissant brû<strong>le</strong>r <strong>le</strong>s quatre<br />

cierges monumentaux des deux autels, il reprit sa place.

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