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le sourire immobile pdf - Vincent-Paul Toccoli a-nous-dieu-toccoli

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…Un jour, un moine interroge Chao-chu: ‘ Les chiens possèdent-ils ou non la nature de Bouddha?’<br />

Chao chu réplique; ‘ Non!’ (Chinois wu; Coréen/Japonais mu)…<br />

Ici, l’ensemb<strong>le</strong> de l’échange entre Chao chu et <strong>le</strong> moine serait <strong>le</strong> kongan; la phrase critique, - <strong>le</strong> mot<br />

‘Non!’- serait <strong>le</strong> hwadu. Les kongans, rappelons-<strong>le</strong>, sont des échanges entre un maître éveillé et ses<br />

discip<strong>le</strong>s, dans <strong>le</strong>squels <strong>le</strong> propos, créatif et original, du maître devient un paradigme éthique et<br />

religieux pour la tradition qui <strong>le</strong> transforme en thème de méditation. Le méditant est formé à se<br />

concentrer sur un seul hwadu, sans discontinuité ni distraction: quoi qu’il fasse, <strong>le</strong> méditant ne doit<br />

penser qu’au hwadu. Le Sôn Kanhwa oblige l’étudiant à ‘penser’comme <strong>le</strong>s anciens maîtres éveillés,<br />

et à reproduire dans son propre esprit <strong>le</strong>s processus mentaux qui ont conduit l’ancien maître à cette<br />

expression de son Éveil. Mais comme chaque individu s’est fermement convaincu de n’être pas<br />

éveillé, et qu’il trouve même virtuel<strong>le</strong>ment impossib<strong>le</strong> d’en accepter <strong>le</strong> fait, la sal<strong>le</strong> de méditation et la<br />

technique du Sôn Kanhwa vont aider à résoudre cette contradiction religieuse entre la réalité apparente<br />

de l’ignorance et la promesse de l’Éveil, et fina<strong>le</strong>ment transformer <strong>le</strong> moine ordinaire qu’est l’étudiant<br />

en un maître éveillé.<br />

Dans <strong>le</strong> cas du hwadu ‘Non!’, - en contradiction tota<strong>le</strong> avec tout <strong>le</strong> Mahayana qui enseigne que tous<br />

<strong>le</strong>s êtres sont dotés de la nature de Bouddha,- il s’agit d’examiner ce qui a fait dire à Chao-chu cette<br />

apparente hérésie. Le travail introspectif qu’entraîne ainsi la considération unilatéra<strong>le</strong> de la réplique<br />

du maître finira par amener l’étudiant à la source même de la pensée, c'est-à-dire à cet état non<br />

dualiste de l’esprit, avant qu’il ne se mette à distinguer ce qui est tenu pour être identique chez tous<br />

<strong>le</strong>s êtres. Par cette expérience, l’étudiant ‘sait’ ce qu’était l’état d’esprit de Chao chu juste avant de<br />

faire cette fameuse déclaration, et ainsi il est à même de saisir intuitivement pourquoi il fallait que<br />

Chao chu dise ‘Non!’. L’étudiant, en quelque sorte, devient Chao chu, car il s’est connecté à la même<br />

source de pensée d’où provient la propre réponse de Chao chu. Une fois que l’étudiant a réalisé cet état<br />

d’esprit non dualiste, il n’a plus besoin d’essayer d’expliquer pourquoi Chao chu a dit ‘ Non!’; ou<br />

plutôt, il <strong>le</strong> sait, tout simp<strong>le</strong>ment et intuitivement, pour lui-même. Son intuition lui permet de saisir<br />

sans effort la signification de tous <strong>le</strong>s autres milliers de hwadu utilisés dans l’Éco<strong>le</strong> Sôn, car son esprit<br />

est désormais capab<strong>le</strong> de rivaliser avec <strong>le</strong>s esprits de tous <strong>le</strong>s maîtres Zen du passé, ou mieux encore:<br />

son esprit est devenu maintenant celui de tous <strong>le</strong>s maîtres précédents. Il est alors considéré comme<br />

ayant reçu la ‘transmission d’esprit à esprit’ des bouddhas et des patriarches: en un mot, il a atteint<br />

l’Éveil.<br />

(Ce qui précède et suit immédiatement doit beaucoup à Buswell 1992 :149-160).<br />

Comment s’y prend donc <strong>le</strong> Maître de Sôn pour entraîner ses étudiants à la méditation sur la ‘phrase<br />

critique’?<br />

1- Kusan,- <strong>le</strong> fondateur du Songgwang sa moderne,- commençait souvent par <strong>le</strong>ur demander ce qu’ils<br />

considéraient comme la chose la plus précieuse au monde.<br />

2- Il <strong>le</strong>s amenait ensuite à considérer que ce qui avait décidé de <strong>le</strong>urs réponses, c’était cela <strong>le</strong> plus<br />

précieux: par déduction il <strong>le</strong>ur faisait comprendre que c’est <strong>le</strong>ur esprit qui en avait décidé ainsi, et<br />

que par conséquent, c’était lui qui était la chose la plus précieuse de toutes.<br />

3- Il <strong>le</strong>s poussait alors à se demander ce qu’était cet esprit, <strong>le</strong>ur enseignant qu’il est <strong>le</strong> maître du<br />

corps, mais qu’il assume aussi tout ce qui existe, depuis notre propre corps jusqu’à l’univers tout<br />

entier.<br />

4- “Ainsi, de par son omniprésence virtuel<strong>le</strong>, poursuivait Kusan, cet esprit peut aussi être appelé <strong>le</strong><br />

Grand Soi”, <strong>le</strong>ur indiquant par là que toutes <strong>le</strong>s choses sont dans un état d’interdépendance et que<br />

rien ne peut se concevoir séparément du reste.<br />

5- Et que s’il est impossib<strong>le</strong> de séparer un quelconque composant de tous <strong>le</strong>s autres, c’est qu’alors<br />

rien ne peut réel<strong>le</strong>ment exister en tant que tel. ”C’est pourquoi, concluait-il, <strong>le</strong> Grand Soi est<br />

précisément <strong>le</strong> Non Soi!”.<br />

6- “ Mais tout cela n’est qu’étiquette, poursuivait aussitôt Kusan. De quoi s’agit-il en réalité? …Eh<br />

bien, <strong>le</strong> doute plane sur ce qu’il en est en définitif! C’est ainsi que l’on en vient à se poser la<br />

question: Qu’est-ce que c’est… si ce n’est ni esprit, ni bouddha, ni une chose matériel<strong>le</strong>, ni <strong>le</strong> vide?!<br />

(Cette phrase est un hwadu, destiné à provoquer <strong>le</strong> questionnement et aussi à servir de base à la<br />

méditation. Ce hwadu est attribué à Nan-yueh Huai-jang 677-744, lors de sa rencontre avec <strong>le</strong> sixième<br />

patriarche Hui-neng).

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