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le sourire immobile pdf - Vincent-Paul Toccoli a-nous-dieu-toccoli

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Je me suis donc tu, ne laissant au si<strong>le</strong>nce pas d’autre choix, que celui d’être happé par <strong>le</strong>s crépitements<br />

de la pluie grossie d’un coup, et, depuis cinq heures, par <strong>le</strong>s vio<strong>le</strong>ntes et hurlantes rafa<strong>le</strong>s d’un aquilon<br />

de force sérieuse, qui doit venir de l’océan (à une vingtaine de kilomètres). Je me suis emmitouflé<br />

dans mon plaid, jouant <strong>le</strong>s Emily Brontë dans <strong>le</strong> presbytère de Wuthering Heights. En fait, j’ai eu froid,<br />

j’avais <strong>le</strong>s doigts gelés. Je me suis fait du thé à deux reprises. Seul aujourd’hui dans un Kam ro am<br />

retentissant de toutes ses baies vitrées disjointes, par où s’engouffrent tous <strong>le</strong>s courants d’air, j’ai<br />

déambulé dans la ga<strong>le</strong>rie sonore, me suis tapi au fond de ma cellu<strong>le</strong> sous une grosse couverture, ai<br />

déserté <strong>le</strong> hall de méditation frigorifique, vide de désir de quoi que ce soit, p<strong>le</strong>in d’une indistinction<br />

autant physique que mora<strong>le</strong>. Le ronf<strong>le</strong>ment des rafa<strong>le</strong>s et <strong>le</strong>urs claquements secs sur <strong>le</strong>s boiseries et sur<br />

<strong>le</strong>s portes, avec <strong>le</strong> spectac<strong>le</strong> proprement impressionnant des bambous géants ployant à rompre sous <strong>le</strong>s<br />

prodigieuses vagues éoliennes, se mêlaient aux images cassées qui de temps à autre refaisaient surface<br />

dans mon apathie méditative: morceaux de vie épars, que <strong>le</strong> souff<strong>le</strong> désensablait et qu’il emportait<br />

aussitôt dans son sillage tourbillonnant vers d’autres ensab<strong>le</strong>ments, au pied d’autres falaises…<br />

Il faut ainsi, ensemb<strong>le</strong>,<br />

vouloir, ne pas vouloir, chercher, ne pas chercher, avancer sans bouger,<br />

tout faire et pourtant ne rien faire!<br />

Ainsi, dès <strong>le</strong> départ,<br />

il faut savoir que cette quête est vaine,<br />

car il n’y a pas plus de Bouddha qu’il y en a en fait,<br />

et, en en possédant la nature depuis toujours,<br />

c’est prétendre en vain atteindre ce qui n’est pas et que l’on a déjà!<br />

Ne rien nommer, car dire, c’est déjà dire faux,<br />

c’est ne dire en effet qu’une chose à la fois.<br />

Crier, alors, mais ce n’est qu’indiquer encore<br />

que ce cri est ‘produit’, donc une impermanence.<br />

Rester, enfin, tendu vers un rien qui est <strong>nous</strong>,<br />

tendu vers <strong>nous</strong>-mêmes qui ne faisons qu’un avec ce rien,<br />

et par là avec tous <strong>le</strong>s riens, qui ne font qu’un tous ensemb<strong>le</strong>,<br />

partant avec <strong>nous</strong>-mêmes.<br />

Conscience de non conscience,<br />

conscience de n’être qu’’ainsi’, sans être ‘plus’ ni ‘moins’.<br />

Plus d’alternative, plus d’ambiguïté ni d’ambiva<strong>le</strong>nce:<br />

pas d’avant, ni d’après, mais non plus pas plus de’présent’que d’’espace’,<br />

et plus d’équiva<strong>le</strong>nce einsteinienne du genre :<br />

e = ½ g t² …<br />

Et cette intuition doit venir ‘subitement’, comme un coup de poignard, à mon insu, car s’en rendre<br />

compte, c’est nier que la ‘chose’ ait eu lieu, puisque c’est la nommer! Continuer à rechercher, sans <strong>le</strong><br />

désirer, ce que j’ai atteint, sans savoir que je l’ai atteint, et supposer toujours qu’il est à atteindre<br />

encore et digne d’être atteint, sans pour autant <strong>le</strong> désirer, car…'Rester assis à ne rien faire'…du tout!<br />

Voici la <strong>le</strong>çon d’un Maître de Sôn, Lung-men Fo-yen (1067-1120) (Buswell 1983 : 310)<br />

Le Sôn, n’est-ce pas être assis?<br />

Être assis, n’est-ce pas cela, <strong>le</strong> Sôn?<br />

Ainsi compris,<br />

on l’appel<strong>le</strong> “méditation assise”.<br />

Qui est vraiment assis là?<br />

Qu’est-ce que <strong>le</strong> Sôn exactement?<br />

Mais si l’on désire seu<strong>le</strong>ment s’asseoir,<br />

c’est comme si l’on se servait du Bouddha pour chercher <strong>le</strong> Bouddha!<br />

Le Bouddha n’est pas à chercher,<br />

si vous <strong>le</strong> cherchez, vous ne réussirez qu’à <strong>le</strong> perdre.<br />

Être assis n’est pas contemplation de soi,<br />

<strong>le</strong> Sôn n’est pas une technique externe.<br />

Si vous observez de près ce qui s’est passé,<br />

tranquil<strong>le</strong>ment assis, cherchant attentivement,

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