le sourire immobile pdf - Vincent-Paul Toccoli a-nous-dieu-toccoli
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J’adore Huei-neng depuis que je l’ai découvert à travers son secrétaire Huang-po, traduit par Blofeld,<br />
mais alors là, je me suis trouvé un peu ‘coincé’, ou plutôt pris de court. J’ai de suite apprécié la<br />
concision, la construction et l’originalité, mais je me souhaite bien du plaisir avec <strong>le</strong>s propositions (1)<br />
et (3). J’avoue que <strong>le</strong> jeu me plaît, mais comme je <strong>le</strong> pressentais à Séoul, je ne voudrais pas n’en faire<br />
qu’un jeu. Pourtant ’si <strong>le</strong> jeu fait partie du jeu’, (voyez, çà commence!), eh bien, tant mieux! Au fond,<br />
pourquoi pas?<br />
Puis il y eut une hilarante partie d’apothicaire! Il me sortit trois médicaments français: de l’aspirine<br />
vitaminée, des pastil<strong>le</strong>s énergétiques et des cachets contre <strong>le</strong>s piqûres d’abeil<strong>le</strong>s, me demandant de lui<br />
en traduire toutes <strong>le</strong>s indications. Et comme je lui traduisais <strong>le</strong> tout en mimant certains mots que<br />
manifestement il ne comprenait pas, il se prenait à rire de toutes <strong>le</strong>s bel<strong>le</strong>s rides qui étoi<strong>le</strong>nt <strong>le</strong> coin de<br />
ses yeux, entraînant naturel<strong>le</strong>ment mon rire à son tour. Nous <strong>nous</strong> quittâmes dans cette allégresse de<br />
collégiens de pensionnat, qui vont partager la même maison.<br />
Puis coup sur coup, un fax de Paris. Un certain Georges Emmanuel Hourant, de l’Évènement du<br />
Jeudi, voudrait un artic<strong>le</strong> sur mon expérience ici. Comment, par Bouddha, a-t-il eu mes coordonnées?<br />
On m’apprenait aussi que <strong>le</strong> Dr Cüppers du LIRI, Lumbini, Népal, cherchait à m’atteindre: il s’agit<br />
certainement de l’édition anglaise de “The Buddha Revisited”… Même dans ce trou du bout du<br />
monde, on me retrouve, on me sollicite, on m’interpel<strong>le</strong>: c’est à la fois formidab<strong>le</strong> de n’être pas oublié<br />
et désespérant de ne pouvoir rester tranquil<strong>le</strong>.<br />
Voici la meil<strong>le</strong>ure pourtant: il y a quelques minutes, je vois arriver mon Maître, en catimini (il s’est<br />
mis soudain à p<strong>le</strong>uvoir!), avec un futon (sorte de matelas plat) et une couverture supplémentaire, au<br />
cas où…Comment vou<strong>le</strong>z-vous que je me plaigne! Et puis, en s’éclipsant, il ajouta, en riant de toutes<br />
ses rides: ” Je vous attendais hier, car je ne sais plus très bien quel jour on est!”. Voilà mon Maître!<br />
KAM RO AM, 18 AVRIL 1998. OCTAVE DE PÂQUES<br />
Enfin mes pieds s’arrêtent,<br />
Alléluia!<br />
devant ta porte, Ô Kam ro am!<br />
J’étais dans la joie,<br />
Alléluia!<br />
quand je suis parti vers la maison de mon Maître!<br />
C’est ce que mon cœur chantait ce matin au <strong>le</strong>ver, à la nocturne, paraphrasant <strong>le</strong> psaume des Montées,<br />
bien qu’avec une demi-heure de ‘retard’ sur mon horaire habituel, car, ici, il n’y a pas d’excitateur<br />
avec mélopée et ca<strong>le</strong>basse. Ce fut d’ail<strong>le</strong>urs la même chose à la matutina<strong>le</strong>. Mais comme il est de toute<br />
façon vraiment trop compliqué de prendre ici une douche, et encore plus un bain, au pied <strong>le</strong>vé, - si on<br />
peut dire, - j’ai vite décidé de faire à l’ermitage une toi<strong>le</strong>tte sommaire avant <strong>le</strong> petit-déjeuner, pendant<br />
que bout l’eau de mon thé, et d’al<strong>le</strong>r prendre ma douche, - éventuel<strong>le</strong>ment laver aussi mon linge, - vers<br />
dix heures trente, en descendant déjeuner au monastère, puisque de toute façon, c’est ma route.<br />
Voici <strong>le</strong> dernier jour de la semaine, et Kusan <strong>le</strong> consacre à la Prajna-Paramita, la vertu de “Sagesse”.<br />
Mais, par Bouddha, que ce mot a de significations et d’applications multip<strong>le</strong>s et comp<strong>le</strong>xes! Ce serait<br />
pourtant simp<strong>le</strong>ment (!) ’ce qui sait’ manger quand <strong>nous</strong> avons faim, dormir quand <strong>nous</strong> sommes<br />
fatigués, utiliser un éventail quand il fait chaud, explique (!) Kusan. Ce serait aussi ‘la chose qui<br />
transforme’ la vaissel<strong>le</strong> en tasse de thé quand el<strong>le</strong> est remplie de thé, en saucière quand el<strong>le</strong> est<br />
remplie de sauce, en bol de riz quand el<strong>le</strong> est remplie de riz et en verre de potion quand el<strong>le</strong> est<br />
remplie de médicament. Mais personne ne sait comment el<strong>le</strong> fonctionne ! La Sagesse, c’est en somme<br />
ce qui sait user de tout en fonction de la situation.<br />
Sagesse, Esprit: même combat, dirait-on. L’un et l’autre sont censés irradier une brillance, que <strong>nous</strong> ne<br />
savons pas toujours percevoir mais dont <strong>nous</strong> <strong>nous</strong> servons, même si c’est à notre insu, car c’est<br />
précisément cette brillance qui <strong>nous</strong> fait entendre et voir: à chacun d’examiner ce qui dans sa vie est<br />
parfait et imparfait, de façon à conserver son Esprit/Sagesse pur, brillant et libre de tout impedimenta;<br />
à chacun de se comporter de façon à n’être jamais incertain (!) de la justesse de ses actes. Cette sorte<br />
de brillante prajna, en effet, est l’épée qui repousse <strong>le</strong>s ‘Trois Poisons’ (aksulamula) de l’envie (cette