le sourire immobile pdf - Vincent-Paul Toccoli a-nous-dieu-toccoli
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Deuxième Chapitre<br />
PREMIERE EPREUVE<br />
LA CELLULE DES HÔTES<br />
ou<br />
“Le Sas”<br />
SONGGWANG SA, 29 MARS 1998<br />
Toute la journée d’hier s’est passée à voyager. J’ai toujours eu quelqu’un pour m’aider. Simon au<br />
départ de Séoul; un jeune militaire pour <strong>le</strong> transfert de Kwangjiu à Songgwang sa (opérations qui se<br />
sont révélées plus diffici<strong>le</strong>s que je ne l’imaginais, toute indication n’étant donnée qu’en coréen<br />
seu<strong>le</strong>ment); et dans <strong>le</strong> bus de Songgwang sa, c’est un étudiant qui m’a tenu compagnie jusqu’au<br />
terminus. C’est là que l’aventure devait reprendre, en fait. Pas de taxi (malgré ce que m’avaient<br />
affirmé, et <strong>le</strong> monastère et <strong>le</strong> chauffeur du bus): ce fut la propriétaire de la buvette du terminus, qui au<br />
bout du compte fut prise de pitié (après un certain temps d’humeur chagrine, quand même), et me fit<br />
transporter au monastère lui-même, par un employé et dans sa propre voiture à el<strong>le</strong>. Et là, el<strong>le</strong> eut un<br />
immense <strong>sourire</strong> de satisfaction, d’el<strong>le</strong>-même, je suppose!<br />
Personne ne m’attendait, j’allais écrire : comme de bien entendu! Je ne me sentis pas du tout étonné.<br />
Le novice, - <strong>le</strong> Pro procurateur, - chargé de l’équipe de cuisine m’affecta une cellu<strong>le</strong>, déjà occupée<br />
par deux hôtes, près de ses quartiers. C’est dans cette cellu<strong>le</strong> que j’écris en ce moment, assis par terre<br />
et <strong>le</strong> computer sur ma valise: el<strong>le</strong> est nue, sauf la literie. Le chauffage est assuré par <strong>le</strong> sol: une petite<br />
porte donnant sur l’arrière permet d’établir un courant d’air ténu avec la doub<strong>le</strong> porte d’entrée,<br />
tel<strong>le</strong>ment il fait chaud.<br />
Et là, la Providence me dépêcha un “archange”! Un certain Michael, un australien d’une trentaine<br />
d’années, ordonné la veil<strong>le</strong> même, moine du monastère, sous <strong>le</strong> nom de Do Kwang Sunim. Depuis<br />
hier, il est mon intermédiaire entre <strong>le</strong> Proctor (<strong>le</strong> Proc [ura] teur: espèce d’économe administrateur<br />
général, chargé de toutes <strong>le</strong>s relations extérieures et des hôtes) et moi: <strong>nous</strong> avons été reçus ce matin,<br />
exactement dans la cellu<strong>le</strong> où m’avait reçu Bo Hwa Sunim, l’an dernier, en février: même <strong>le</strong>nte<br />
cérémonie du thé, mais cette fois-ci accompagnée d’un non à peine articulé, - avec un je ne sais quoi<br />
de fuyant-, à toutes mes demandes. Non à me faire raser cheveux et barbe et à revêtir <strong>le</strong> moindre habit<br />
monastique, (ce serait induire que je veuil<strong>le</strong> devenir moine à Songgwang sa). J’étais prêt à ce premier<br />
refus. Non à me faire changer de quartier jusqu’au retour de Chung Hyung Sunim, <strong>le</strong> Directeur, chargé<br />
des moines étrangers, du Bul-Il International Buddhist Center (BIIBC), absent pour la semaine (il<br />
enterre sa mère). Bien que contrarié par son second refus, j’essaye d’accepter cet état de fait <strong>le</strong> plus<br />
positivement possib<strong>le</strong>. En revanche, on me demande d’aider aux cuisines sous la direction du Proctor<br />
en charge. Michael/Do Kwang fait tout ce qu’il peut pour m’éviter toute frustration (il vient de me<br />
faire faire <strong>le</strong> tour du propriétaire… que j’avais déjà parcouru avec Bo Hwa Sunim, en février 1997):<br />
mais il s’y prend de façon très pédagogique, presque didactique. Et je retrouve dans ce qu’il me dit<br />
(avec son inimitab<strong>le</strong> accent des Nouvel<strong>le</strong>s Gal<strong>le</strong>s du Sud) tout ce que j’ai pu lire chez Buswell (qu’il a<br />
lu aussi), à propos de la pratique du zen quotidien, dans toutes <strong>le</strong>s actions de l’existence, dans cette<br />
p<strong>le</strong>ine conscience du moment, du lieu et de la chose à faire.<br />
Hier soir à 18h30 et cette nuit à 03h20, j’ai participé au service religieux dans <strong>le</strong> Grand Hall. Ceci est<br />
une expérience. En même temps que par petits groupes, novices et moines, apparaissant de toutes<br />
parts, traversent en longues et régulières théories <strong>le</strong>s espaces qui séparent <strong>le</strong>s différents bâtiments du