le sourire immobile pdf - Vincent-Paul Toccoli a-nous-dieu-toccoli
le sourire immobile pdf - Vincent-Paul Toccoli a-nous-dieu-toccoli
le sourire immobile pdf - Vincent-Paul Toccoli a-nous-dieu-toccoli
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
que vous l’aimez, ou <strong>le</strong> haïssez d’ail<strong>le</strong>urs: par <strong>le</strong> fait sonore de l’entendre dire, l’autre éprouve en un<br />
flash, exactement ce que <strong>le</strong> son signifie et produit comme effet. C’est la situation performative par<br />
excel<strong>le</strong>nce, et sacramentaire: une paro<strong>le</strong> qui réalise ce qu’el<strong>le</strong> signifie.<br />
Ainsi, plus j’avance, plus je jette du <strong>le</strong>st. Sur la route, c’est nu que je dois al<strong>le</strong>r. L’entraînement<br />
jusqu’ici était d’abord un exercice de dépouil<strong>le</strong>ment. Je serais donc parvenu au pied de la ‘Montagne<br />
du Centre’: je me <strong>le</strong> dis pour m’en convaincre, et en me <strong>le</strong> disant, je frissonne un peu. Ce statement<br />
résonne à mes oreil<strong>le</strong>s de façon so<strong>le</strong>nnel<strong>le</strong>, peut-être parce que je connais <strong>le</strong> Zhongshan (ou Songsan),<br />
près du monastère de Shaolin, entre Lo-yang et Kaï-feng, sur <strong>le</strong> Huang-he: <strong>le</strong> ciel était noir, la<br />
température glacia<strong>le</strong>, il ventait ! Au pied de la montagne se trouve l’Académie de Confucius, où je<br />
m’étais réfugié en forçant l’entrée: un temp<strong>le</strong> qui grimpe <strong>le</strong>s premières pentes, et où l’impératrice Wuze-tian<br />
avait fait planter plus de soixante cyprès cyclopéens, qu’el<strong>le</strong> avait baptisés ‘mes vieux<br />
généraux’! Je suis resté là, abrité sous un auvent, face au sommet: transi, affamé et heureux! Le<br />
charme du lieu, <strong>le</strong> pays du Ch’an (que j’ignorais encore), Confucius et Wu-ze-tian, l’enfant en moi: je<br />
ne sais, mais j’en frissonne encore!<br />
Le temps se couvre: une promenade jusqu’à l’antique ermitage du très célèbre Maître Pop-chon, à<br />
laquel<strong>le</strong> me conviait mon Maître hier après-midi, semb<strong>le</strong> devoir être reportée. J’en ai profité pour<br />
rejoindre Chinul et ses conseils avant de se mettre en route (Buswell 1983 : 168-173). Il commence par<br />
un apophtegme qui en dit long sur <strong>le</strong> travail à accomplir:<br />
Entre ciel et terre, au cœur de l’univers,<br />
se cache un trésor,<br />
enfoui sous la montagne de la “forme”.<br />
Puis il dissèque en dix étapes la tâche minutieuse. Pratiquer tout d’abord:<br />
1 – l’attention pour évacuer <strong>le</strong>s pensées, et<br />
2– <strong>le</strong> repos, pour ne penser ni à bien ni à mal. Nous connaissons déjà.<br />
Puis, en deux séries de conseils dia<strong>le</strong>ctiques, <strong>le</strong> voilà proposer:<br />
3-d’effacer l’esprit et de préserver <strong>le</strong>s objets, puis <strong>le</strong> contraire<br />
4-d’effacer <strong>le</strong>s objets et de préserver l’esprit; puis<br />
5-d’effacer <strong>le</strong>s deux, et enfin<br />
6-de préserver <strong>le</strong>s deux!<br />
Ce qui lui permet de bien situer <strong>le</strong> coté désorientant de l’exercice, en citant:<br />
In the mountains covered with a million blossoms<br />
A strol<strong>le</strong>r has lost his way home.<br />
Dans <strong>le</strong>s montagnes couvertes de millions de f<strong>le</strong>urs<br />
Un promeneur a perdu <strong>le</strong> chemin du retour.<br />
Les quatre conseils suivants sont tout aussi déroutants : se souvenir<br />
7 - que l’intérieur et l’extérieur sont de même essence,<br />
8 – et de même fonction,<br />
9 – que substance et fonction sont identiques<br />
10-et qu’il faut transcender essence et fonction.<br />
Il <strong>nous</strong> laisse enfin sur la citation suivante:<br />
Dans l’aube tranquil<strong>le</strong>, à l’heure du Tigre,<br />
au cœur de la machine fol<strong>le</strong> se cache un homme de la voie.<br />
Il ignore, qu’assis ou couché, c’est toujours la voie.<br />
Quel génie il déploie pour s’épuiser à souffrir!<br />
Ce sera la check list! Huang-po (Blofeld 1959 : 90) dit tout cela d’une autre, et, à mon avis, bien plus<br />
bel<strong>le</strong> façon:<br />
Pratiquez-vous un jour<br />
<strong>le</strong> repos permanent de l’esprit:<br />
marchant, debout, assis, couché;<br />
p<strong>le</strong>inement concentré à ne penser,