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le sourire immobile pdf - Vincent-Paul Toccoli a-nous-dieu-toccoli

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j’écris en ce moment ne représentera pas un intérêt pour une traduction anglaise et/ou coréenne: on me<br />

répète assez que je suis <strong>le</strong> seul prêtre catholique européen, occidental peut-être, à m’être lancé dans<br />

l’aventure du sôn coréen! Alors…<br />

Mon Maître vient juste de repasser. Il rentrait bredouil<strong>le</strong> des Services Administratifs: on a prétendu<br />

que ma disquette était vide! J’ai vérifié devant lui: c’est faux! “They are stupid, down there!”, dit-il,<br />

irrité. Je me gardai de tout commentaire. Il m’a aussi remis un livre: Kusan Sunim, The Way of Korean<br />

Zen, tr. by Martine Fages, ed. and intr. by Stephen Batchelor, New-York/Tokyo 1985.<br />

Je retrouve donc mes gens du Devon. Je suis en train de feuil<strong>le</strong>ter l’ouvrage. Voici que je viens de<br />

tomber sur <strong>le</strong> discours inaugural que tint Kusan, quand <strong>le</strong> principal Hall de Méditation de Songgwang<br />

sa, l’antique et vénérab<strong>le</strong> Suson sa fut officiel<strong>le</strong>ment ré- ouvert par ses soins. Kusan s’adresse à tous<br />

<strong>le</strong>s moines réunis pour l’occasion:<br />

” Pratiquer la méditation, c’est être prêt à attraper la lame d’une épée si effilée qu’el<strong>le</strong> est capab<strong>le</strong> de<br />

couper un cheveu soufflé sur el<strong>le</strong>. C’est aussi être prudent en saisissant une tel<strong>le</strong> épée par la poignée,<br />

car au moindre faux mouvement vous risquez de vous couper. Maintenant, vous devez être prêts à la<br />

saisir par la lame! Êtes-vous en état de <strong>le</strong> faire dans <strong>le</strong> cadre ordinaire de votre esprit? Tant que vous<br />

craignez l’aiguise de la lame, vous êtes condamnés à vous couper. Mais si vous l’agrippez fermement<br />

d’un esprit décidément intrépide, vous n’en récoltez pas même une égratignure!”(Kusan 1985 : 48-<br />

49).<br />

Comme j’aimerais la voir, cette épée, la voir et pouvoir m’en saisir! J’aimerais tant qu’el<strong>le</strong> me coupe,<br />

et que je vois <strong>le</strong> sang, mon sang cou<strong>le</strong>r! Pour <strong>le</strong> moment, je ne vois ni ne sens toujours rien. J’avance<br />

dans <strong>le</strong> tunnel, parce qu’’on’ m’a dit, qu’au bout, certains ont rapporté avoir vu la lumière. Ceux qui<br />

me l’on dit, m’ont avoué qu’ils n’ont, eux non plus, encore rien vu, mais qu’ils espèrent…Il est vrai<br />

que la marche se prouve en marchant, et que c’est ainsi que l’on avance: c’est aussi en forgeant qu’on<br />

devient forgeron! En est-il de même avec <strong>le</strong> ‘hwadu’? Me maintenir en état de questionnement, n’est<br />

pas dénué de sens, loin de là; entretenir <strong>le</strong> ‘doute’ sur la réponse possib<strong>le</strong> au questionnement, non plus,<br />

car <strong>le</strong>s vraies questions n’ont pas de réponse toute prête, je <strong>le</strong> sais bien. Les seu<strong>le</strong>s réponses se font au<br />

jour <strong>le</strong> jour, dans <strong>le</strong>s tâtonnements d’une vie terrib<strong>le</strong>ment quotidienne. Je continue d’être ponctuel, six<br />

fois <strong>le</strong> jour, au rendez-vous du si<strong>le</strong>nce et de la torture, de la distraction et de la discipline, du dérisoire<br />

et de la constance. Est-ce du courage, du romantisme ou simp<strong>le</strong>ment de la naïveté, de cel<strong>le</strong> qui prélude<br />

aux grandes actions, parce que, vierge encore de tout snobisme, el<strong>le</strong> attend toujours tout puisqu’el<strong>le</strong> ne<br />

connaît rien! Ou bien peut-être cela commence-t-il à peine, dans la mesure où j’aurais épuisé toutes <strong>le</strong>s<br />

objections et toutes <strong>le</strong>s parades.<br />

Car il n’y a vraiment plus rien à dire, cette pratique étant monstrueusement élémentaire et<br />

réductionniste: un corps qui souffre et qu’il faut dompter, un mental qui fuit et qu’il faut éteindre, une<br />

intelligence qui cherche et qu’il faut déte<strong>le</strong>r, un désir qui se tend et qu’il faut désamorcer… au moyen<br />

d’une clé qui n’ouvre aucune serrure, en quête d’une porte qui n’est qu’une illusion, en route vers un<br />

but qui n’est que l’origine, pour un temps qui se jette dans l’océan de la durée…<br />

Je crois que j’ai contracté toutes <strong>le</strong>s “maladies du hwadu” répertoriées par <strong>le</strong> Dr Kusan (198 : 69-72):<br />

1- j’entretiens des pensées où entrent ‘est; n’est pas, a; n’a pas’;<br />

2- j’ai tendance à considérer qu’au fond toutes <strong>le</strong>s réponses se va<strong>le</strong>nt, si toutes <strong>le</strong>s questions n’ont<br />

aucune réponse;<br />

3- je ne cesse pas de recourir à des principes et à des théories;<br />

4- je fais du hwadu un objet d’investigation intel<strong>le</strong>ctuel<strong>le</strong>;<br />

5- je m’attache trop à mon Maître et aux ‘signes’ que je lui prête me donner;<br />

6- j’aime trop prendre l’art du verbe pour une expression de la vérité;<br />

7- je confonds parfois un état de vide et de confort avec la réalisation de la vérité;<br />

8- je mélange assez souvent l’activité menta<strong>le</strong> avec l’esprit;<br />

9- j’en appel<strong>le</strong> trop abondamment aux citations des anciens maîtres;<br />

10-je me maintiens peut-être dans un état d’illusion à attendre que l’illumination (m’) arrive!<br />

Y a-t-il une panacée pour m’en guérir?

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