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le sourire immobile pdf - Vincent-Paul Toccoli a-nous-dieu-toccoli

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minuscu<strong>le</strong> de la sal<strong>le</strong> d’eau, pour faire s’échapper la vapeur de mon bain. J’ai aperçu Massif Central<br />

qui s’en revenait de ma cellu<strong>le</strong>, bredouil<strong>le</strong>, et qui déposait sur <strong>le</strong> tabouret du chemin, un papier, que<br />

j’ai cru être un fax! J’ai crié un “Good morning, Master!”, auquel il a répondu par un borborygme<br />

souriant.<br />

En cette même seconde, j’ai réalisé quelque chose à la fois de massif, de central et de définitif: j’en ai<br />

fini avec cet homme !<br />

Il est, à cet instant où j’enfilai mon ca<strong>le</strong>çon devant mon fenestron, redevenu un moine, comme tous <strong>le</strong>s<br />

autres moines, un homme comme tous <strong>le</strong>s autres hommes: il n’était plus ‘mon’ Maître!… Peut-être ne<br />

l’a-t-il d’ail<strong>le</strong>urs jamais été que dans mon attente et mon imagination, après tout: ce n’est d’ail<strong>le</strong>urs<br />

pas un procès que je lui intente, c’est un simp<strong>le</strong> statement, un constat que je dresse à mon intention<br />

seu<strong>le</strong>. Et il est remarquab<strong>le</strong> que j’ai connu, déjà et seu<strong>le</strong>ment deux fois, pareil<strong>le</strong> situation: je dis<br />

‘pareil<strong>le</strong>’, la même en signification et en conséquence, et non pas seu<strong>le</strong>ment ‘analogue’, et qui me<br />

rappel<strong>le</strong>rait ou évoquerait vaguement un souvenir vécu. Ceci est d’autant plus remarquab<strong>le</strong> que ces<br />

évènements touchent <strong>le</strong>s deux expériences <strong>le</strong>s plus prégnantes de mon existence, comme je <strong>le</strong> précisais<br />

il y a deux jours: ma psychanalyse et mes Exercices Ignaciens!<br />

Le Pater Doktor Doktor (oui, deux fois !) Adolf Heim<strong>le</strong>r, dont j’étais l’étudiant à<br />

Benediktbeuern/Munich entre 70 et 74, a été mon Maître es ‘Psychologie des Profondeurs’<br />

(psychanalyse peut se dire ‘Tiefenpsychologie’ en al<strong>le</strong>mand, <strong>le</strong> mot psychanalyse faisant peur partout),<br />

pendant plus de cinq ans. Et puis un jour, - c’était en Hongrie, sur <strong>le</strong> Lac Balaton, où <strong>nous</strong> avions<br />

organisé maintes fois des séminaires de thérapie de groupe pour <strong>le</strong>s Bavarois dont <strong>le</strong> Land n’est qu’à<br />

trois heures d’autoroute, - alors que <strong>nous</strong> étions en p<strong>le</strong>ine séance où je ‘fonctionnais’ avec lui comme<br />

co-trainer, voilà que je <strong>le</strong> regarde à un moment donné, qu’il me sourit, un peu surpris (mon regard<br />

devait donc être assez étrange) et qu’il m’apparaît clairement que je n’étais plus son discip<strong>le</strong> et qu’il<br />

n’était désormais plus mon Maître. C’était il y a vingt ans cette année: j’avais trente-huit ans!<br />

La Très Révérende Mère Suzanne Va<strong>le</strong>ntin, de l’Ordre de la Retraite, - spécialisé très spécifiquement<br />

dans la direction des Exercices Ignaciens, - avait accepté de ‘me prendre’ quand même en solo, bien<br />

qu’el<strong>le</strong> rentrât épuisée d’une tournée au Canada (el<strong>le</strong> aurait déclaré qu’el<strong>le</strong> ne s’était encore jamais<br />

‘fait’ de Salésien!). Et puis un soir, - c’était en Provence, à La Baume-<strong>le</strong>s-Aix, où <strong>le</strong>s Jésuites ont<br />

transformé, au milieu d’une immense pinède, en Centre d’Exercices <strong>le</strong>ur ancien Collège Royal, - je me<br />

suis présenté, comme chaque soir à six heures et quart, soit quinze minutes avant <strong>le</strong> dîner, à mon<br />

rapport quotidien. Nous avions franchi déjà quelque trois semaines (<strong>le</strong>s Exercices durent un mois).<br />

C’est dès <strong>le</strong> seuil, qu’en la voyant assise toute attention à moi, avec ses beaux cheveux gris argent et<br />

ses yeux b<strong>le</strong>us de tourangel<strong>le</strong>, que j’ai ‘réalisé que c’était fini’, qu’el<strong>le</strong> n’avait plus rien à me ‘dire’ et<br />

que sa ‘direction spirituel<strong>le</strong>’ s’arrêtait là, sur <strong>le</strong> pas de cette porte, d’où j’apercevais, par la baie grande<br />

ouverte, <strong>le</strong>s élégants pins noirs dans la nuit de Jean Giono, dont je devenais, rien que d’y penser, <strong>le</strong><br />

‘Roi sans divertissement’! En me quittant, el<strong>le</strong> me confia qu’el<strong>le</strong> m’avait trouvé ‘étrange’, ce soir-là: et<br />

pour cause, me gardé-je bien de lui répondre! Je terminai <strong>le</strong>s Exercices, en me servant surtout alors du<br />

‘Récit’ d’Ignace, un morceau d’autobiographie, d’une force émouvante et impitoyab<strong>le</strong>. C’était il y a<br />

sept ans: j’achevais mes cinquante ans!<br />

J’ai cinquante-huit ans depuis <strong>le</strong> 13 février, - <strong>nous</strong> <strong>le</strong>s avons fêtés à Nice, en famil<strong>le</strong>, avec ma mère,<br />

mes deux sœurs et <strong>le</strong>urs maris, et deux amis très chers, - je me trouve en Corée, dans un monastère<br />

bouddhiste zen, venu apprendre à méditer la version Sôn de cette tradition, sous la direction du Maître<br />

actuel reconnu dans tout <strong>le</strong> pays. Je l’ai rencontré il y a trois semaines, il quittera l’ermitage <strong>le</strong><br />

<strong>le</strong>ndemain de l’Ascension (!), dans quinze jours… Moi, je <strong>le</strong> ‘quitte’ aujourd’hui, lui sachant<br />

reconnaissance d’avoir été à mes cotés, sensib<strong>le</strong> et prévenant, <strong>le</strong> temps qu’il fallait!<br />

A la fin, on se retrouve toujours seul, parce que c’est seul que chacun doit chercher, trouver et gagner<br />

son pays natal! C’est la paro<strong>le</strong> du Bouddha qui m’a toujours <strong>le</strong> plus attiré et correspondu:<br />

” Désormais, je ne peux, personne ne peut rien pour qui que ce soit. Que chacun trouve en soi-même<br />

son refuge. Je vous laisse <strong>le</strong> Dharma/l’Absolu: vous l’avez en vous, chacun l’a en soi, déjà depuis<br />

toujours, mais peu <strong>le</strong> reconnaissent et se mettent à <strong>le</strong> chercher, à <strong>le</strong> trouver et à <strong>le</strong> gagner! Le voilà,<br />

votre pays natal; la voilà, votre nature véritab<strong>le</strong>, <strong>le</strong> voilà, votre visage originaire! C’est çà, être<br />

Bouddha!”

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