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le sourire immobile pdf - Vincent-Paul Toccoli a-nous-dieu-toccoli

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encontré où je peux me prélasser sans me ge<strong>le</strong>r <strong>le</strong> ventre ni <strong>le</strong>s épau<strong>le</strong>s: il est si profond que l’eau<br />

m’arrive jusqu’au cou; et il y a encore vingt centimètres de marge! Quant aux toi<strong>le</strong>ttes, j’ai même<br />

hérité d’un siège! C’est vrai: je n’ai pas vu de lit à l’occidenta<strong>le</strong>, mais découvert suffisamment de<br />

futons, matelas et couvertures pour me confectionner un véritab<strong>le</strong> sofa. Et je demeure persuadé qu’en<br />

cherchant bien…J’ai enfin déniché un fauteuil, sans pieds (!), mais avec excel<strong>le</strong>nts dossier et<br />

accoudoirs! Avec mon esprit de débrouillardise et mon entre gens, cette immersion-là ne m’a pas été<br />

très/trop diffici<strong>le</strong>.<br />

Diffici<strong>le</strong> fut l’immersion dans <strong>le</strong>s relations/non relations humaines. Car il faut de nouveau et toujours<br />

se poser la question de la structure menta<strong>le</strong> centripète et centrifuge. Comme très souvent en Asie,<br />

insupportab<strong>le</strong>ment en Chine, et vérifiab<strong>le</strong> chaque jour ici, ce qu’ils appel<strong>le</strong>nt ‘pensée’ est tournée vers<br />

l’intérieur seu<strong>le</strong>ment, vers <strong>le</strong>ur ‘qi’, vers eux-mêmes! Tout ce qui ‘arrive’ du dehors est considéré<br />

comme une ‘agression’: n’être pas Coréen; ne pas par<strong>le</strong>r ni lire <strong>le</strong> coréen, ne pas faire exactement<br />

comme <strong>le</strong>s Coréens et suivant une procédure coréenne… <strong>le</strong>s perturbe, au point qu’ils choisissent de<br />

vous ignorer et de considérer comme ‘anormaux’ <strong>le</strong>s Coréens qui s’intéressent aux non Coréens.<br />

Savez-vous qu’aux débuts, on m’a isolé au réfectoire, personne ne s’asseyant à ma tab<strong>le</strong>, où il restait<br />

sept places libres; que l’on m’a débouté deux fois au moins dans mes démarches, bien que je fusse<br />

accompagné de Michael/Do Kwang, sans écouter ce qu’il <strong>le</strong>ur disait en coréen pourtant; que <strong>le</strong>s<br />

moines bouddhistes non Coréens venus pour la kyölche sont parqués dans un hall de méditation à part,<br />

et n’entretiennent pas de relations ‘fraternel<strong>le</strong>s’ avec <strong>le</strong>urs collègues, ‘parce que, - me rapportaient<br />

Taë-ri l’Italien et Sandima <strong>le</strong> birman, - ils se croient supérieurs à <strong>nous</strong>’; qu’il n’y a aucune curiosité<br />

pour tout ce qui n’est pas coréen et que dans ce ‘haut lieu’, - je commence à douter de sa réel<strong>le</strong><br />

grandeur, - du monachisme bouddhiste sôn, on ne trouve, baragouinant un peu d’anglais, que certains<br />

moines vocations tardives, ayant exercé, à Séoul ou d’autres grandes vil<strong>le</strong>s du pays, des professions où<br />

l’anglais était obligatoire. Savez-vous enfin qu’il y a, sinon des esclaves, du moins des ‘serfs’, ici,<br />

taillab<strong>le</strong>s et corvéab<strong>le</strong>s à merci! Je par<strong>le</strong> des novices: douze mois, au moins, de véritab<strong>le</strong>s travaux<br />

forcés à la cuisine, au réfectoire, à la plonge, à l’entretien, au travail sur la propriété et aux offices,<br />

sans compter <strong>le</strong>s exercices de prostrations (jusqu’à trois mil<strong>le</strong> par jour: oui, vous avez bien lu!) et de<br />

chant (pour connaître par cœur toute la liturgie). Lever avant <strong>le</strong>s autres, donc avant trois heures du<br />

matin, ’pour tout préparer’, et coucher après tout <strong>le</strong> monde, donc après vingt-et-une heures (ce qui ne<br />

laisse que cinq heures de sommeil!) pour terminer ce qui ne l’est pas encore et répéter dans <strong>le</strong>ur cellu<strong>le</strong><br />

commune (ils sont une vingtaine cette année à partager une vingtaine de mètres carrés!) <strong>le</strong>s mélodies<br />

du culte! Jo et John me disaient que lorsqu’on a la vocation de moine, on ne fait pas attention à tout<br />

cela: on se prépare et on peut (ils sont vraiment admirab<strong>le</strong>s) méditer d’une façon ordinaire pendant<br />

tous ces travaux!... En revanche, quel port altier, quel visage à la fois endurci et inexpressif, quel<strong>le</strong><br />

morgue parfois/souvent (?) j’ai pu remarquer chez <strong>le</strong>s moines profès, surtout quand ils sont encore<br />

assez jeunes! Jo et John deviendront-ils comme cela, une fois <strong>le</strong>s épreuves du noviciat surmontées?<br />

Prend-on, alors, inévitab<strong>le</strong>ment sa revanche, et l’exerce-t-on, comme je l’ai vu, en s’adressant<br />

durement et avec un mépris certain aux novices comme aux femmes de service du kimchi?<br />

Depuis Kusan (<strong>le</strong>ur Bernard de Clairvaux ou <strong>le</strong>ur Thérèse d’Avila à eux!) la réforme est retombée<br />

comme un soufflé! L’argent, - puisqu’il faut bien appe<strong>le</strong>r « un chat un chat et Rol<strong>le</strong>t un fripon »<br />

(Voltaire), - l’argent donc est devenu l’idéal, et cela marche, en revanche, très bien: <strong>le</strong>s révélations à<br />

ce sujet de Christophe, - <strong>le</strong> banquier suisse, converti au Bouddhisme, et familier de Songgwang sa, -<br />

sans me scandaliser, m’ont en<strong>le</strong>vé mes dernières illusions. Songgwang sa est une ‘Entreprise à<br />

Responsabilité (très) Limitée’, à doub<strong>le</strong> revenu: <strong>le</strong> bois et <strong>le</strong>s donations, <strong>le</strong>s ressources naturel<strong>le</strong>s et<br />

surnaturel<strong>le</strong>s, en somme(s), puisque <strong>le</strong>s ‘donations’ viennent en fait des cérémonies anniversaires pour<br />

<strong>le</strong>s morts: et comme on meurt ici au moins aussi souvent que partout ail<strong>le</strong>urs…<br />

Cette immersion fut une plongée dans une hétérogénéité à plusieurs niveaux. Le cadre, l’esprit et la<br />

pratique. Le cadre reste franchement féerique et correspond tout à fait encore aux réf<strong>le</strong>xions de Chinul<br />

au 12 e sièc<strong>le</strong> quand il visita l’endroit et encouragea Yosé, son immédiat collaborateur qui l’avait<br />

découvert, d’abord à retaper <strong>le</strong>s ruines d’un sanctuaire désaffecté, puis à agrandir l’ermitage pour en<br />

faire un monastère, capab<strong>le</strong> très vite d’abriter une centaine de résidents, tel<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> succès de<br />

l’entreprise se précipitait. Songgwang sa est resté ce site exceptionnel, je par<strong>le</strong> en connaissance de<br />

cause, ayant visité <strong>le</strong>s 24 monastères Chogye de la Péninsu<strong>le</strong> lors de ma campagne de reconnaissance<br />

des lieux, l’an dernier! De plus, <strong>le</strong>s ermitages, dont celui de Kam ro am, offrent encore une chance

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