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le sourire immobile pdf - Vincent-Paul Toccoli a-nous-dieu-toccoli

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Handke, pour indiquer deux caractéristiques de cette mienne solitude. Tout d’abord, <strong>le</strong> shoot du<br />

penalty est au seul choix du shooter, <strong>le</strong> gardien de but est condamné à une ‘passivité active’: être,<br />

pendant ce très bref à la fois et infini interval<strong>le</strong>, toute attention et toute tension, mais immobi<strong>le</strong> comme<br />

une statue. Car ces ‘quelques secondes’ sont psychologiquement tel<strong>le</strong>ment ‘élastiques’, qu’el<strong>le</strong>s<br />

semb<strong>le</strong>nt devoir durer ‘eine halbe Ewigkeit’, une demi éternité! Passivité active et temps élastique:<br />

voilà en effet de quoi ma solitude fut tissée.<br />

C’est à dessein aussi, comme on s’en doute, que j’ai joué sur <strong>le</strong> mot de Quarantaine, dans mes titres,<br />

l’appliquant ‘en bas’ pour ‘Ellis Island’ et ‘en haut’ pour ‘Jéricho’! Autant tous <strong>le</strong>s immigrants veu<strong>le</strong>nt<br />

sortir d’une quarantaine où on <strong>le</strong>s parque avant de <strong>le</strong>s autoriser ou non à pénétrer sur <strong>le</strong> territoire<br />

national; autant <strong>le</strong>s partants volontaires pour ‘une quarantaine de retraite et de désert’ ne peuvent s’en<br />

prendre qu’à eux-mêmes s’ils sont insatisfaits, car il ne dépend que de <strong>le</strong>ur seu<strong>le</strong> volonté de mettre fin<br />

à l’exercice! Les ‘quarante jours de Jésus’ dans <strong>le</strong> désert de la Mer Morte et <strong>le</strong>s ‘trente à quarante<br />

jours’ (puisque <strong>le</strong>urs 4 semaines sont, el<strong>le</strong>s aussi, élastiques) des Exercices d’Ignace étaient des<br />

références. Ignace, j’y reviendrai plus bas. Mais Jésus : on <strong>nous</strong> dit seu<strong>le</strong>ment qu’il jeûnait et vivait<br />

avec <strong>le</strong>s bêtes sauvages, que <strong>le</strong>s anges <strong>le</strong> servaient et qu’au bout de quarante jours, il eut faim et fut<br />

alors tenté par Satan. Donc pour rester près du texte: <strong>le</strong> quarantième jour!<br />

Si l’on veut bien me suivre dans mon allégorie, je peux dire que MOI AUSSI j’ai jeûné, que des anges<br />

n’ont pas cessé de me servir (et qui ont eu noms: Massif Central, Pierre, Jonathan, Christophe et<br />

surtout à la fin Taë-ri et Sandima), que mes bêtes sauvages étaient <strong>le</strong>s visiteurs avec qui je vivais en<br />

bonne intelligence. Me manquerait-il la fina<strong>le</strong>: ‘d’avoir faim et d’être alors tenté’? Est-ce <strong>le</strong> retour en<br />

moi de l’enfant des Rogations d’Alger, où il ne s’agit plus maintenant de ‘faim matériel<strong>le</strong>’ mais de<br />

‘faim d’autre chose’? ‘A quali fame’, de quel<strong>le</strong> faim dois-je demander ‘libera me, Domine, nunc’,<br />

libère moi, Seigneur, maintenant?<br />

Ainsi ma solitude ici fut d’être braqué sur un ‘hwadu’ d’autant plus hermétique qu’il correspond à une<br />

mise en question incompatib<strong>le</strong> avec des structures menta<strong>le</strong>s occidenta<strong>le</strong>s et qu’il ne suppose aucune<br />

réponse, seu<strong>le</strong>ment un questionnement incessant. J’étais, par nécessité fonctionnel<strong>le</strong>, ‘passif’, on ne<br />

peut plus! ‘Actif’, je l’étais dans la durée et la continuité: vouloir l’exercice à chaque fois, me motiver<br />

chaque matin, me mobiliser ‘corps et âme’ dans la respiration abdomina<strong>le</strong>, la ‘vidange’ menta<strong>le</strong> et<br />

l’immobilité corporel<strong>le</strong>!(pour la seu<strong>le</strong> Quarantaine d’ici, cela représente 240 heures strictes, sans<br />

compter <strong>le</strong> reste!). Avec la seu<strong>le</strong> motivation de réaliser ce que j’avais décidé de réaliser, de mener mon<br />

projet à bien, de remplir <strong>le</strong> contrat que j‘avais signé avec moi-même… En fin de compte, si vous avez<br />

lu son livre de bord, Christophe Colomb n’y croit pratiquement plus, quand il s’aperçoit qu’il s’est<br />

basé sur de faux calculs de distance marine, mais il est décidé à al<strong>le</strong>r jusqu’au bout quand même, et<br />

n’hésitera pas à bercer <strong>le</strong>s marins de fabu<strong>le</strong>ux mensonges qu’eux-mêmes n’ava<strong>le</strong>ront qu’à demi!<br />

Quand <strong>le</strong> vin est tiré, il faut <strong>le</strong> boire! ‘ Bis zur Neige!’ (jusqu’à la lie!)<br />

Cette ‘solitudo’ fut-el<strong>le</strong> ‘beata’? Oui, à cause de Huang-po et de Kusan (j’y reviendrai aussi plus bas)<br />

et de mon culot de m’être lancé et d’avoir re<strong>le</strong>vé ce type de défi: je sais, cela pue la vanité, mais il faut<br />

dire <strong>le</strong>s choses tel<strong>le</strong>s qu’el<strong>le</strong>s sont! En dehors de cela, non! Mon laptop fut certainement un recours<br />

permanent (j’y consacrerai un développement spécial, à propos de l’écriture). C’est pourquoi <strong>le</strong> temps<br />

et son calcul furent un symptôme permanent de mon mal-être. J’avais établi une gril<strong>le</strong> des jours, que je<br />

consultais tous <strong>le</strong>s matins, et plusieurs fois par jour, parfois. El<strong>le</strong> fut très vite partagée en deux<br />

quarantaines (‘la bonne aubaine!’), puis suivant <strong>le</strong>s fêtes liturgiques: cela tombait bien (Les Rameaux,<br />

la Semaine Sainte, Pâques, l’Octave de Pâques, l’Ascension et la Pentecôte! Massif Central m’en<br />

‘prêta’ deux autres à lui: la fête de Chinul et cel<strong>le</strong> de la naissance du Bouddha). Je parvins ainsi à<br />

saucissonner mes neuf semaines de séjour, que je parcourais ainsi de tranche en tranche, décomptant et<br />

rayant tour à tour <strong>le</strong>s jours pour ‘y’ atteindre, puis <strong>le</strong>s jours pour ‘en’ sortir! Élastique, mon temps <strong>le</strong><br />

fut, puisqu’il me menait de carotte longue en carotte courte jusqu’à dimanche prochain! Je ne veux<br />

plus revivre çà!<br />

‘Sola Beatitudo’! Un certain temps, plus que certainement! Il y a un bonheur d’être seul, que ne<br />

peuvent comprendre que <strong>le</strong>s grands actifs et <strong>le</strong>s grands voyageurs! J’ai d’ail<strong>le</strong>urs toujours eu la chance<br />

de vivre de tels endroits et de tel<strong>le</strong>s périodes. A Hong-Kong, avec Shek O, <strong>le</strong> Peak chez <strong>le</strong>s Meyer, et<br />

Stan<strong>le</strong>y chez <strong>le</strong>s Ferras; à Nice, chez ma mère, aux Iris; en Bavière, à Eurasburg chez <strong>le</strong>s Menzel; en<br />

France, à Céron, chez <strong>le</strong>s Charlier…Et même un temps assez long! Mais voilà, j’y vais avec <strong>le</strong> cœur:<br />

je suis sûr maintenant que je suis venu à Songgwang sa, d’abord et surtout: avec la tête, <strong>le</strong> cerveau, <strong>le</strong>

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