Tchernobyl : Évaluation de l'impact radiologique et sanitaire
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Il ressort d’une analyse <strong>de</strong>s cancers <strong>de</strong> la thyroï<strong>de</strong> chez <strong>de</strong>s enfants <strong>et</strong><br />
adolescents résidant en Ukraine (qui avaient <strong>de</strong> 0 à 18 ans au moment <strong>de</strong><br />
l’intervention) que, pendant la pério<strong>de</strong> 1986-1997, 577 cas ont été recensés<br />
(Tr99). Parmi 358 cas chez <strong>de</strong>s enfants (qui avaient <strong>de</strong> 0 à 14 ans au moment <strong>de</strong><br />
l’intervention), la fréquence pour 100 000 enfants dans l’ensemble <strong>de</strong> l’Ukraine<br />
est passée <strong>de</strong> 0,05 avant l’acci<strong>de</strong>nt à 0,11 en 1986-1990, à 0,39 en 1991-1995 <strong>et</strong><br />
à 0,44 en 1996-1997. C<strong>et</strong>te augmentation <strong>de</strong> la fréquence s’observe<br />
principalement chez les enfants qui avaient <strong>de</strong> 0 à 5 ans en 1986.<br />
Jacob <strong>et</strong> coll. ont fait état d’une corrélation entre la dose collective <strong>et</strong> la<br />
fréquence <strong>de</strong>s cancers <strong>de</strong> la thyroï<strong>de</strong> dans 5 821 zones d’implantation situées<br />
dans les trois républiques pendant la pério<strong>de</strong> 1991-1995. En prenant comme<br />
référence la moitié méridionale <strong>de</strong> l’Ukraine, ces auteurs ont constaté que<br />
l’excès <strong>de</strong> risque <strong>de</strong> cancer <strong>de</strong> la thyroï<strong>de</strong> évoluait selon une trajectoire linéaire<br />
dans l’intervalle <strong>de</strong> dose compris entre 0,07 Gy <strong>et</strong> 1,2 Gy. En ce qui concerne la<br />
tranche d’âge <strong>de</strong> 0 à 18 ans, Jacob <strong>et</strong> coll. obtiennent un excès <strong>de</strong> risque absolu<br />
<strong>de</strong> 2,1 pour 104 personnes-an Gy (Ja98). Dans c<strong>et</strong>te étu<strong>de</strong>, les auteurs n’ont pas<br />
relevé <strong>de</strong> dépendance <strong>de</strong> l’excès <strong>de</strong> risque absolu à l’égard <strong>de</strong> l’âge (au moment<br />
<strong>de</strong> l’exposition) pour la cohorte <strong>de</strong>s naissances intervenues pendant la pério<strong>de</strong><br />
1968-1985 (Ja99), contrairement au rapport <strong>de</strong> Trosko (Tr99) <strong>et</strong> aux<br />
observations japonaises dans le cadre du proj<strong>et</strong> <strong>de</strong> Sasakawa au Bélarus (Sh98).<br />
Dans une autre étu<strong>de</strong>, Ivanov <strong>et</strong> coll. (Iv99) ont donné, pour l’excès <strong>de</strong> risque<br />
absolu chez les enfants <strong>et</strong> les adolescents, <strong>de</strong>s valeurs comparables à celles<br />
décrites par Jacob <strong>et</strong> coll., soit 2,21 pour 104 personnes-an Gy dans le cas <strong>de</strong>s<br />
filles <strong>et</strong> 1,62 dans celui <strong>de</strong>s garçons ; ils ont également décrit une relation<br />
linéaire dose-risque mais ont observé une dépendance du risque à l’égard <strong>de</strong><br />
l’âge au moment <strong>de</strong> l’exposition, ce risque étant 14 fois plus élevé que chez<br />
l’adulte pour les enfants <strong>de</strong> 0 à 4 ans <strong>et</strong> 2,3 fois plus élevé que chez l’adulte<br />
pour les enfants <strong>et</strong> les adolescents.<br />
La nature radiogénique <strong>de</strong> ces tumeurs thyroïdiennes est corroborée par<br />
leur relation avec la dose à laquelle la thyroï<strong>de</strong> est exposée, par les variations<br />
cliniques <strong>et</strong> morphologiques, par l’agressivité <strong>de</strong>s cancers <strong>et</strong> par les étu<strong>de</strong>s<br />
géostatistiques (Bl97), <strong>et</strong> ce, malgré la multiplication <strong>de</strong>s examens aux ultrasons<br />
qui peut expliquer une partie <strong>de</strong> l’augmentation du nombre <strong>de</strong> cas observés.<br />
Cependant, il subsiste certaines incertitu<strong>de</strong>s, telles que le déficit en io<strong>de</strong> <strong>et</strong> la<br />
prédisposition génétique, ainsi que le rôle <strong>de</strong> 131 I. Par exemple, il a été suggéré<br />
que la distribution géographique <strong>de</strong>s cas <strong>de</strong> cancer <strong>de</strong> la thyroï<strong>de</strong> correspond<br />
mieux à la distribution <strong>de</strong>s radioisotopes à courte pério<strong>de</strong> ( 132 I, 133 I <strong>et</strong> 135 I) qu’à<br />
celle <strong>de</strong> 131 I (Av95).<br />
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