APPROCHER D'AUTRES MONDES EST POSSIBLE - sudoc

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488 Quel qu’en soit le moyen, qu’elle reçoive l’information de sa propre initiative ou sans l’avoir demandée. 489 Cette désapprobation doit atteindre une certaine vigueur. Voilà pourquoi on fait souvent référence au registre de la colère, de la révolte. 490 Dominique Pire, fondateur d’Iles de Paix, résumait cela en une formule : « Savoir sans agir est une lâcheté. Agir sans savoir est une imprudence. » L’engagement est le produit de ces éléments, au sens mathématique du terme. Degré d’engagement = T A . T B . T C . T D où T A est le taux d’information, T B le taux de sensibilité mobilisatrice (c’est-à-dire la mesure dans laquelle le personne a tendance à ressentir fortement des émotions qui sont de nature à susciter l’action), T C le taux de confiance dans le fait que son action peut changer quelque chose à la situation et T D le taux de conscience qu’il faut réfléchir, organiser, documenter son action pour maximiser sa pertinence et son efficacité. Un même degré d’engagement peut, chez des personnes ou groupes différents, correspondre à des réalités très contrastées qui se manifestent par des combinaisons différentes de T A , T B , T C et T D . Bien sûr, ce qui touche à l’humain s’accommode mal d’équations mathématiques forcément simplificatrices à l’extrême, mais elles mettent en lumière – pour ceux qui sont familiers de ce langage – quelques éléments pertinents pour l’analyse. Ainsi, par exemple, suffit-il qu’une des composantes soit nulle pour que le degré d’engagement le soit aussi, quelle que soit la valeur des autres. Une personne qui n’est pas du tout informée n’agira pas quelle que soit la valeur des autres taux. Une personne totalement insensible n’agira pas non plus, même si elle est parfaitement informée, parfaitement convaincue de son pouvoir de changer le monde et de la nécessité de réfléchir l’action. Une chaîne dont un maillon est cassé ne sert à rien. Doubler une des composantes, c’est doubler le produit, quelle que soit la composante, mais si l’on peut augmenter un peu une seule des composantes, on a intérêt à augmenter celle qui présente la valeur la plus faible . Pour qu’une action soit, il faut qu’une personne soit informée 488 , que cette information déclenche une réaction de désapprobation 489 , qu’il s’ensuive une réelle volonté d’agir. Iles de Paix fait usage de ce référentiel, en insistant sur le fait que l’action doit être efficace. Il ne suffit pas de s’agiter pour faire le bien 490 . 5.4.4. QUELQUES QU<strong>EST</strong>IONS La référence à un modèle de développement de l’action militante sert à clarifier quelques concepts et contribue à définir des stratégies de promotion de cette action. Chaque référentiel met la lumière sur certains aspects de cette démarche et, par contraste, laisse d’autres zones plus à l’ombre. 100
Le continuum éducatif et ses déclinaisons plus ou moins proches permettent de formuler un certain nombre de questions. • Quelle est la différence entre information, sensibilisation et conscientisation ? Comment la frontière peut-elle se tracer entre ces concepts et quelles sont les règles, les recommandations éthiques et techniques qui peuvent y être formulées pour chacun d’eux ? 491 . 491 Un article de Francis Tilman (Le Grain asbl) apporte un éclairage très intéressant à cette question Voir TILMAN, F., Information-sensibilisationconscientisation. Quelle communication pour l’émancipation ?, http://www.legrainasbl. org/article.php3?id_article=22, publié le 21 novembre 2005. • Quand on s’est engagé, dans quelle mesure est-il nécessaire de continuer à s’informer ? L’apparence linéaire du continuum éducatif rend-elle bien compte d’une démarche qui se renouvelle en permanence ? • Cela a-t-il du sens de travailler sur un élément du continuum éducatif si la suite ne vient pas ou ne peut pas venir ? Une étape a-t-elle de la valeur sans le tout ? Si on veut des changements de comportement et que l’information – qui est sensée y amener – n’aboutit à rien ensuite, faut-il quand même communiquer cette information ? • Est-il possible de travailler sur la révolte ? Peut-on « inculquer » cette capacité à se révolter, ou, à tout le moins, en favoriser l’émergence ? Ou bien est-ce quelque chose d’inné ? • Comment gérer le cas des personnes qui sont révoltées mais sont résignées et n’agissent donc pas ? Ces personnes n’ont tout simplement pas foi dans le fait qu’il est possible de changer quelque chose. • L’éducation au développement n’est-elle pas, par nature, manipulatrice ? Le dessein qu’elle a sur les personnes auxquelles elle s’adresse est-il respectueux de leur liberté ? Est-il cohérent avec le respect de la liberté des personnes à laquelle les acteurs de l’éducation au développement aspirent par ailleurs ? Ces questions ont déjà été plus ou moins longuement débattues. Le présent rapport ne nourrit pas l’ambition ni d’en épuiser le sujet ni même d’en relater les arguments. 101
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60 Ibid., article 8. 61 Ibid. 62 Ib
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