APPROCHER D'AUTRES MONDES EST POSSIBLE - sudoc
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particulière, différente de celle des autres, mais uniquement par une incapacité, par une<br />
infériorité, face à quelque chose que l’on voit comme supérieur » 357 . La façon de se représenter<br />
le monde de ce public, « qui est socialement conditionnée, est aussi celle qui<br />
présente le statut de manuel comme une dévalorisation, comme une solution inférieure,<br />
laissée à ceux qui ne sont pas capables de faire autre chose » 358 . C’est ainsi que, assez paradoxalement,<br />
« même les jeunes qui choisiraient ce statut de manuel par goût, peuvent<br />
en arriver à le percevoir comme le résultat d’un échec, d’une incapacité » 359 .<br />
3.2.2.2. Un entourage peu favorable<br />
Dans les enseignements technique et professionnel, maintes fois, « le professeur est<br />
marqué par une représentation négative des élèves, représentation issue et généralement<br />
admise par son milieu socioprofessionnel » 360 . Selon ce type de préjugés, « l’élève<br />
du professionnel est supposé n’être bon à rien », raison pour laquelle « l’enseignant nie<br />
les potentialités intellectuelles, humaines de ses élèves ; ou en tout cas les place à un niveau<br />
très bas » 361 . Ainsi, régulièrement, « consciemment ou inconsciemment, l’enseignant<br />
a tendance à sous-estimer l’enfant de classe populaire, quand ce n’est pas le rejeter, l’exclure<br />
purement et simplement, ne mettant en œuvre aucune méthodologie appropriée aux<br />
caractéristiques de cet élève » 362 . D’ailleurs, « les résultats d’enfants socio-culturellement<br />
désavantagés se dégradent progressivement, avec le temps, par le manque de considération<br />
des enseignants » 363 . Et cela semble particulièrement vrai au sein de l’enseignement<br />
technique et, encore plus, professionnel, où il faut prendre conscience que « les aspects<br />
affectifs de la relation maître-élève jouent un rôle primordial, déterminant » 364 .<br />
De plus, « les jeunes provenant de classes socialement défavorisées sont, parfois, découragés,<br />
dévalorisés par les membres de la famille parce que ces membres n’ont pas eu<br />
eux-mêmes l’occasion de réussir dans le domaine scolaire, ou parce qu’ils sont frustrés<br />
et qu’ils culpabilisent donc l’enfant outre mesure » 365 . Ainsi, « les besoins affectifs et relationnels<br />
des élèves apparaissent (…) dominer très largement le processus d’apprentissage<br />
scolaire » 366 . La plupart des jeunes « voudraient rencontrer les professeurs en<br />
tant qu’individus engagés personnellement dans la relation éducative, en tant que figures<br />
d’identification adulte » 367 .<br />
357 Ibid., p. 132.<br />
358 Ibid.<br />
359 Ibid.<br />
360 LEFEVRE, J. et WILLEM, M.,<br />
op.cit., p. 15.<br />
361 Ibid.<br />
362 Dans certains cas extrêmes,<br />
les « perceptions négatives de<br />
la part d’enseignants peuvent<br />
se transformer en un réel<br />
programme pédagogique de<br />
déclassification », qui aboutit<br />
inévitablement à l’éviction,<br />
ou tout du moins la désocialisation<br />
d’une certaine frange<br />
d’élèves ; LEFEVRE, J. et WILLEM,<br />
M., op.cit., p. 15.<br />
363 Ibid., p. 19.<br />
364 Ibid.<br />
365 Ibid., p. 21.<br />
366 HIERNAUX, J.-P., NIZET, J. et a.,<br />
op.cit., p. 110.<br />
367 Ibid.<br />
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