APPROCHER D'AUTRES MONDES EST POSSIBLE - sudoc
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354 DUCLOS, G., L’estime de soi, un<br />
passeport pour la vie, Montréal,<br />
2000, p. 24.<br />
355 L’objet de ce rapport n’est pas<br />
d’examiner les vertus didactiques<br />
du redoublement.<br />
356 Ibid., p. 131.<br />
3.2.2. <strong>EST</strong>IME DE SOI MISE A MAL<br />
3.2.2.1. Des élèves écorchés<br />
Beaucoup d’élèves inscrits dans ces filières ont accumulé du retard dès les études<br />
primaires. Le recours massif au redoublement multiplie les situations de décrochage<br />
complet. Le nombre d’élèves des enseignements technique et professionnel augmente<br />
en deuxième et explose en troisième par l’arrivée de ceux qui n’ont pas réussi dans l’enseignement<br />
général.<br />
« L’estime de soi se nourrit des succès qu’une personne connaît au cours de ses activités.<br />
Nul ne peut s’actualiser ni se développer en accumulant des échecs. Toutefois, il importe<br />
pour la personne de tirer de chaque échec une leçon ou un enseignement afin de se rassurer<br />
quelque peu sur sa valeur personnelle. Mais le souvenir de l’échec restera toujours<br />
présent » 354 .<br />
Les échecs successifs qu’un jeune enregistre, si on ne peut exclure qu’ils se justifient d’un<br />
point de vue pédagogique 355 , participent à écorner sa confiance en soi.<br />
De plus, dans notre société, les professions intellectuelles nécessitant des années d’études<br />
sont presque systématiquement placées au-dessus des métiers manuels. Cela percole<br />
sur les représentations des filières techniques et professionnelles, préparant à l’exercice<br />
de ces professions dévalorisées. Le sentiment d’avoir « moins de valeur » que d’autres<br />
jeunes de leur âge handicape également leur estime de soi.<br />
Certains élèves qui, pour une raison ou pour une autre (traumatisme lié au décès d’un parent,<br />
à un divorce mal vécu, à la violence familiale, etc.), souffrent, de manière transitoire<br />
ou permanente, de difficultés affectives ne se trouvent pas dans les meilleures conditions<br />
pour réussir leurs études. Le manque de suivi personnalisé, d’outils performants de diagnostic<br />
et le jeu de la relégation ont pour conséquence que ces élèves psychologiquement<br />
fragilisés se retrouvent proportionnellement plus nombreux dans les enseignements<br />
technique et professionnel. Leurs problèmes affectifs ont tendance à mobiliser toute leur<br />
énergie et à les empêcher de se concentrer sur leur travail scolaire. Le manque d’estime<br />
de soi est, dans ce type de cas, lié à des considérations extérieures au monde scolaire.<br />
Leurs répercussions sont telles que ces jeunes sont, proportionnellement, plus présents<br />
dans les enseignements technique et professionnel que dans l’enseignement général.<br />
Ceci permet de souligner, par un truchement supplémentaire, le relatif déficit des élèves<br />
des enseignements technique et professionnel en matière d’estime de soi.<br />
Enfin, les élèves de l’enseignement technique et professionnel « ont tendance à croire<br />
que le succès ou l’insuccès sont fatals, qu’ils dépendent d’une nature que les gens ont,<br />
ou n’ont pas » 356 . « Ces notions de nature et de destin font (…) partie du modèle culturel<br />
général de ces jeunes. Il en résulte « qu’on ne se définit pas soi-même par une capacité<br />
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