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APPROCHER D'AUTRES MONDES EST POSSIBLE - sudoc

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derniers, « le phénomène de concentration est partiellement lié à l’inégale répartition<br />

des lieux de domiciliation » 311 . On peut aussi voir que « l’inégale distribution scolaire des<br />

Marocains et des Algériens atteint un niveau similaire, sensiblement inférieur à celui<br />

observé chez les Turcs », tandis que « la répartition des Italiens entre les écoles apparaît<br />

quant à elle fort homogène, davantage même que celle des Belges 312 . Surtout, on peut<br />

conclure que « le facteur ségrégation spatiale des lieux de domiciliation ne semble pas<br />

expliquer l’entièreté du phénomène d’inégale répartition des élèves entre écoles », mais<br />

c’est comme si, bien au contraire, « un mécanisme de ségrégation scolaire spécifique se<br />

surajoute à ce facteur » 313 .<br />

2.3.6. LA QU<strong>EST</strong>ION DES ELEVES IMMIGRES<br />

Les élèves issus des vagues successives de l’immigration sont-ils forcément abordés différemment<br />

par le corps professoral ? Si l’on se réfère à la littérature qui traite de l’effet<br />

Pygmalion 314 et, dans notre cas, à l’application qui a été faite du phénomène dans le<br />

monde scolaire 315 , on comprend rapidement les enjeux considérables d’un tel processus.<br />

En effet, « tout donne à croire que bien souvent, le maître, Pygmalion, façonne ses élèves<br />

en fonction de son idéal et ne vivent que ceux qui s’y conforment » 316 . Or, il se dégage de<br />

nombreuses statistiques que « les élèves étrangers, ceux d’origine modeste, réussissent<br />

moins bien à l’école que leurs pairs issus des milieux aisés » 317 . D’aucuns formulent à cet<br />

égard une hypothèse inquiétante : « l’infériorité scolaire de certains élèves aurait non pas<br />

pour origine les seules capacités intellectuelles défaillantes, mais également les a priori<br />

de l’enseignant concernant ces capacités » 318 . Pour illustrer ce propos, notons que les élèves<br />

de nationalité étrangère « reçoivent, préférentiellement, les estimations des maîtres<br />

qui critiquent les comportements familiaux » et qu’ils « sont plus souvent que les autres<br />

qualifiés de paresseux, d’amuseurs, n’ayant aucun sens de l’effort » 319 .<br />

310 CERISIS-UCL, op.cit., p. 152.<br />

311 Alors que pour les Français,<br />

« le phénomène s’explique par<br />

l’attraction exercée par un type<br />

d’enseignement (le spécial) sur<br />

les populations frontalières » ;<br />

ibid.<br />

312 Ibid.<br />

313 Ibid.<br />

314 Ce concept d’effet Pygmalion<br />

trouve son origine dans le<br />

mythe du même nom, qui est<br />

présenté dans Les Métamorphoses<br />

d’Ovide. Le roi de Chypre<br />

(Pygmalion) y tombe amoureux<br />

d’une statue, qu’il façonne selon<br />

son idéal et qui ne peut dès<br />

lors échapper à sa condition<br />

de pierre qu’en se conformant<br />

fidèlement à cette image ;<br />

voir pour plus de détails :<br />

MARC, P., Autour de la notion pédagogique<br />

d’attente, s.l., 1984.<br />

315 En premier lieu, ROSENTHAL, R.<br />

A. et JACOBSON, L., Pygmalion à<br />

l’école, s.l., 1971.<br />

316 Ainsi, la dérive « de l’élève pantin,<br />

de l’enfant machine pointe à<br />

l’horizon. En l’absence d’un regard<br />

qui donne la vie, impuissant<br />

quant à sa genèse, l’élève risque<br />

l’enlisement » ; ARREDONDAS, C.<br />

et HAVET, Ch., op.cit., p. 46.<br />

317 Ajoutons que « ces élèves issus<br />

des milieux précarisés ont souvent<br />

la réputation d’être moins<br />

performants » ; ARREDONDAS,<br />

C. et HAVET, Ch., op.cit., p. 50.<br />

318 Ibid., pp. 50 et 51.<br />

319 C’est ainsi que dans le cas de<br />

l’élève immigré, « l’élève et la<br />

famille sont désignés responsables<br />

du redoublement »,<br />

alors qu’au contraire, « chez<br />

les enfants plus favorisés, l’explication<br />

du redoublement évoquée<br />

est l’immaturité ou une<br />

structure de personnalité qui<br />

peut certes, entraîner un redoublement<br />

mais, malgré tout,<br />

une très bonne intégration<br />

dans la classe » ; Ibid., p. 62.<br />

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