APPROCHER D'AUTRES MONDES EST POSSIBLE - sudoc

6.3.3. AMBITIONS EN MATIERE DE TRANSFORMATION
DE LA COLERE EN ACTION
Le mécanisme de transformation d’un sentiment de colère en volonté d’agir, de corriger,
au moins partiellement, une situation injuste n’a pas fait, à notre connaissance, l’objet de
nombreuses études approfondies. Il est souvent considéré, notamment par des opérateurs
d’éducation au développement, comme une inclination naturelle, comme un automatisme.
Il est des « réflexes » si ancrés culturellement que ceux qui en sont sujets ne
s’imaginent plus qu’ils ne sont pas forcément universels.
L’engagement dans une démarche active pour corriger les injustices nécessite une dotation
significative dans deux types de confiance :
a. la confiance en soi, c’est-à-dire la conviction que l’on est capable, soi-même, de mener
à bien une action ;
b. la confiance dans le principe de l’action, c’est-à-dire dans le fait qu’une action accessible
à des personnes « ordinaires » puisse contribuer, au moins pour partie, à la résolution
de l’injustice.
Dans l’ensemble, les élèves des enseignements technique et professionnel souffrent d’un
déficit dans l’une et l’autre de ces dimensions de la confiance.
D’une part, il a été mis en évidence qu’aboutissent dans les enseignements technique et
professionnel des élèves qui ont connu des situations d’échec dans l’enseignement général.
Leur estime de soi en a souvent été atteinte, et ce n’est pas le regard habituellement
porté sur ces filières qui peut corriger cela. Leurs compétences spécifiques ont rarement
été mises en valeur – en particulier dans le contexte scolaire – de telle sorte que leur
capacité à obtenir de bons résultats a pu s’en trouver affectée.
D’autre part, il a également été mis en évidence une tendance, chez les élèves des enseignements
technique et professionnel, de considérer les choses avec un certain fatalisme.
Il serait probablement audacieux d’affirmer, sans examen plus approfondi, que cette caractéristique
culturelle est héritée de siècles pendant lesquels les classes populaires ont
été dominées sans beaucoup de perspectives de changer cette situation. Toujours est-il
que le fatalisme semble relativement bien enraciné dans l’esprit des élèves des enseignements
technique et professionnel.
Ces deux manques de confiance sont-ils des fatalités ? Dans quelle mesure peut-on ambitionner
de les atténuer ?
S’ils s’ancrent dans une composante fondamentale de la culture de ces élèves, il risque
d’être particulièrement fastidieux de les en extirper. Toutefois, l’expérience montre que des
événements ponctuels peuvent s’avérer déterminants, dans la vie de jeunes (ou d’adultes)
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