APPROCHER D'AUTRES MONDES EST POSSIBLE - sudoc

leur horreur de l’enfermement et, au contraire, leur goût de l’espace » 435 . Conformément
à cette vision des choses, la plupart des élèves des filières techniques et professionnelles
« valorisent l’indépendance ou la maîtrise complète des opérations à réaliser » 436 . À cet
égard, il est intéressant de remarquer que, dans ce type d’enseignement, « l’aboutissement
noble de l’activité, c’est l’objet qui peut se montrer et dont on peut être fier, par
opposition au papier » 437 .
Cette revendication à obtenir des résultats bruts et instantanés n’est pas sans conséquence,
puisque cela « implique souvent que non seulement faire un projet à long terme
n’est pas pensable par les jeunes, mais aussi parfois que l’idée même de réfléchir au long
terme est perçue négativement, comme une agression, comme si on voulait prendre au
jeune un temps qu’il estime être à lui » 438 . En définitive, dans les enseignements technique
et professionnel, « plus le décalage est grand entre ce que les élèves apprennent à
l’école et ce qu’ils utilisent dans leur vie quotidienne, plus forte est la tentation d’admettre
que l’école, en effet, ne sert à rien… » 439 . C’est pourquoi « l’enseignement-réalité se donne
comme but, en s’appuyant sur les représentations positives qu’ont les élèves de la vraie
formation, d’inscrire des activités permettant, au départ du concret (…) et du pratique,
de réels apprentissages » 440 . Il s’agit d’un moyen quasiment infaillible de faire en sorte
« qu’aux yeux de ces jeunes l’école soit synonyme de formation » 441 . Quoi qu’il puisse se
produire, « ce qui demeure au centre des motivations, c’est la pratique et la pratique. Et
s’il arrive aux jeunes d’accepter la théorie, c’est uniquement dans la mesure où elle est
réellement en rapport avec leur manière de voir » 442 .
435 Ibid., p. 87.
436 Ibid.
437 Ibid.
438 LEFEVRE, J. et WILLEM, M.,
op.cit., p. 11.
439 SCHWARTZ, B., Une autre école,
Paris, 1977, p. 215.
440 LEFEVRE, J. et WILLEM, M.,
op.cit., p. 142.
441 Ibid.
442 HIERNAUX, J.-P., NIZET, J. et a.,
op.cit., p. 99.
3.2.4.2. Quelques déclinaisons de l’évitement
des contraintes
Les élèves privilégient le présent à tout autre période, passée ou future. La plupart du
temps, les élèves des enseignements technique et professionnel classent les différents
cours en fonction de leur utilité immédiate. Leurs priorités sont dans le présent et non
dans l’accumulation de connaissances. Parfois, l’idée même de réfléchir à long terme est
perçue comme une agression.
Les jeunes des enseignements technique et professionnel préfèrent généralement des activités
qui permettent le mouvement, ne contraignent pas à rester statique. Ils apprécient
la variété et la diversité des tâches dans le travail. Leur préférence va à des séquences
d’activités variées, qui préviennent le risque de se lasser d’elles.
Une proportion significative des élèves des enseignements technique et professionnel
exprime son horreur de l’enfermement. Ces élèves ont un besoin quasi vital d’espace. Le
confinement prolongé – et en particulier l’inaction qui s’éternise – leur est pénible, voire
insupportable.
Atteindre au plus vite une certaine indépendance financière, symbole du statut de l’adulte,
est une aspiration prioritaire. Cela est notamment lié à la précarité qu’ont connue et que
connaissent encore parfois les familles dont les élèves sont majoritairement issus. Reste
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