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APPROCHER D'AUTRES MONDES EST POSSIBLE - sudoc

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Les solutions préconisées pour remédier à ce faible niveau scolaire des élèves immigrés<br />

peuvent être diamétralement opposées selon les pays. Par exemple, le système scolaire<br />

finlandais a opté (avec succès) pour une formule de classes regroupant les élèves de<br />

même nationalité ou de même langue 333 . En Belgique, le choix retenu est à l’opposé afin<br />

de tendre au maximum vers une certaine mixité sociale 334 . Le problème c’est que « l’imposition<br />

de quotas (d’étrangers, d’élèves en retard) » qui en découle pour chaque établissement,<br />

« n’empêche guère les écoles situées en haut de la hiérarchie de choisir les<br />

meilleurs étrangers ou les meilleurs élèves en retard » 335 . Il serait pourtant essentiel de<br />

ne « pas se tromper de cible : le problème n’est pas la ségrégation en tant que telle mais<br />

le fait que la ségrégation soit couplée à une hiérarchisation des groupes » 336 . « Le regroupement<br />

des élèves en retard ou de nationalité étrangère ne poserait pas tant de questions<br />

si nous savions par ailleurs que l’enseignement que reçoivent ces élèves conduit in<br />

fine à des débouchés jugés socialement équivalents à celui des autres » 337 .<br />

Enfin, les jeunes immigrés peuvent avoir différentes réactions face à cette dualité qui les<br />

construit 338 . Premièrement, il y a « ceux qui veulent être considérés comme n’importe quel<br />

jeune », c’est-à-dire « se fondre dans le monde de la jeunesse, en gommant les différences<br />

qui les distinguent des jeunes Belges (…) et en mettant en évidence leur vécu commun » 339 .<br />

Deuxièmement, il y a « ceux qui ne se sentent ni d’ici ni d’ailleurs », étant donné qu’ils « ne<br />

se perçoivent que par une double négation » 340 . Pour eux, « le danger est grand de (…)<br />

s’enfermer dans un ghetto dont les frontières sont dessinées par les différentes formes<br />

de rejet et d’exclusion. La violence peut alors prendre des formes extrêmes » 341 . Troisièmement,<br />

il y a les jeunes immigrés « qui se rattachent à l’univers social et culturel de leur<br />

pays d’origine » et « cherchent ainsi à renouer directement avec leurs traditions pour<br />

en tirer les fragments fondateurs de leur identité » 342 . Enfin, il y a tous ceux « qui revendiquent<br />

leur double appartenance », se battant en conséquence « pour la construction<br />

d’une identité culturelle spécifique » 343 .<br />

333 Certaines classes (surtout en<br />

début de parcours secondaire)<br />

concentrent des « groupes ethniques<br />

» cohérents. Un cursus<br />

de cours spécifique leur est<br />

réservé, avec l’étude approfondie<br />

de l’histoire et des traditions<br />

culturelles de leur pays<br />

d’origine. L’apprentissage du<br />

finnois s’en trouve également<br />

facilité, étant donné le niveau<br />

assez homogène du groupe.<br />

334 C’est précisément dans ce but<br />

que le décret « Inscriptions »<br />

de la ministre-présidente de la<br />

Communauté française Marie<br />

Arena été instauré en 2007.<br />

335 Et le fait d’atteindre les chiffres<br />

demandés « ne garantit pas<br />

non plus que ces écoles vont<br />

mettre en place une pédagogie<br />

qui soit réellement bénéfique<br />

pour les élèves à la traîne » ;<br />

CERISIS-UCL, op.cit., p. 153.<br />

336 Ibid.<br />

337 Ce qui n’est actuellement vraiment<br />

pas le cas, au contraire<br />

de la situation qui prévaut en<br />

Finlande, par exemple ; ibid.<br />

338 C’est-à-dire le grand écart permanent<br />

qu’ils doivent faire entre<br />

leur culture d’origine et la<br />

culture du pays dans lequel ils<br />

vivent, entre la société extérieure<br />

et l’intimité de leur famille.<br />

339 Ce qui pourrait expliquer en<br />

partie « l’insistance de nombreux<br />

jeunes immigrés à refuser<br />

pour eux le terme de<br />

deuxième génération » ; GROO-<br />

TAERS, D., op.cit., p. 145.<br />

340 Ibid.<br />

341 Ibid., p. 146.<br />

342 Le problème c’est que ce retour<br />

aux sources risque de se révéler<br />

illusoire « car l’ignorance<br />

du passé familial et ethnique<br />

est [souvent] grande du fait de<br />

la distance géographique avec<br />

le pays d’origine » ; ibid.<br />

343 Ibid., p. 147.<br />

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