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APPROCHER D'AUTRES MONDES EST POSSIBLE - sudoc

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technique et professionnel seraient globalement (ce qui n’exclut pas des observations<br />

qui contreviennent à cette tendance lourde) plus insensibles que les autres à l’expression<br />

des inégalités et injustice dont seraient victimes des personnes éloignées, avec lesquelles<br />

ils n’entretiennent pas de rapports directs.<br />

A l’inverse, on a souligné l’inclination naturelle des élèves des enseignements technique<br />

et professionnel à réagir émotionnellement et, dans certains cas, à se révolter quand ils<br />

estiment qu’une injustice a été commise. Ceci devrait leur conférer un « avantage comparatif<br />

» par rapport aux élèves de l’enseignement général quand il s’agit de transformer<br />

une information en émotion, de se mettre en colère quand on prend connaissance d’une<br />

injustice. Ce qui est probablement vrai dans le cas d’informations de proximité ne l’est<br />

pas – ou pas dans une même mesure – quand il s’agit d’informations portant sur des<br />

réalités éloignées.<br />

En effet, l’appropriation des injustices qui se passent dans des lieux éloignés requiert une<br />

capacité d’abstraction développée. Il faut en effet rendre réel à son esprit une réalité qui<br />

ne peut s’ancrer sur aucune expérience sensible.<br />

Or, la capacité d’abstraction des élèves des enseignements technique et professionnel est<br />

en moyenne moins développée que chez les élèves de l’enseignement général. On a mis en<br />

avant les raisons qui l’expliquent, notamment la valorisation, dans l’enseignement général,<br />

du recours à cette abstraction, ce qui induit un phénomène de sélection, notamment<br />

sur ce critère implicite.<br />

Le rapport entre l’information et l’émotion peut être décomposé pour faire apparaître<br />

une étape intermédiaire. D’abord, le sujet est informé d’une situation. Ensuite, il en prend<br />

conscience. Enfin, il ressent une émotion. Dans certains cas, en particulier ceux où la prise<br />

de conscience nécessite de mobiliser la capacité d’abstraction, cette démarche peut<br />

être considérablement ralentie.<br />

On peut avancer l’hypothèse que la prise de conscience, rendue plus difficile, handicape<br />

le processus de ressenti des émotions.<br />

Est-ce une fatalité ? Faut-il renoncer à nourrir des ambitions en matière de transformation<br />

de l’information en émotions ?<br />

Susciter le sentiment de révolte, ceteris paribus, n’est pas possible, sauf à jouer à l’apprenti<br />

psycho-sorcier. Par contre, cette réflexion peut en entraîner une autre, sur la manière<br />

dont l’information doit être communiquée. On pourrait songer par exemple à donner<br />

la préférence à des techniques de communication qui privilégient l’expérience et le<br />

ressenti direct plutôt que le recours à l’abstraction.<br />

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