APPROCHER D'AUTRES MONDES EST POSSIBLE - sudoc

et peuvent les amener à croire davantage en leur capacité de changer les choses.
On se trouve donc là dans une sorte de quitte ou double, de déclic qui se produit ou non.
Reste à adopter les postures pédagogiques les plus propices à favoriser ce déclic.
6.3.4. AMBITIONS EN MATIERE DE CONSTRUCTION
D’UNE ACTION EFFICACE
La construction d’une action efficace peut paraître, à première vue, l’une des démarches
pour lesquelles les élèves des enseignements technique et professionnel souffrent du
moindre handicap par rapport à leurs homologues de l’enseignement général. On a en effet
indiqué combien l’action est leur royaume, l’environnement dans lequel ils se sentent
bien et peuvent montrer la pleine mesure de leur talent.
Attention, toutefois, qu’en matière de solidarité internationale, domaine où sévissent encore
des stéréotypes considérables, l’enfer est souvent pavé de bonnes intentions ! Il ne
suffit pas d’agir pour agir bien. L’action à laquelle on pense spontanément n’est que rarement
la plus efficace. Pire, elle peut contenir, en elle-même, des effets pervers. L’histoire
de la coopération au développement regorge d’actions entreprises avec générosité, de
bonne foi, mais qui ont causé plus de problèmes qu’elles n’en ont résolus.
Dominique Pire disait : « Savoir sans agir est une lâcheté ; agir sans savoir est une imprudence
». L’action, pour être efficace, doit être mûrement réfléchie.
Or, les actions directement accessibles aux élèves des enseignements technique et professionnel
sont souvent de nature technique. Les compétences qu’ils développent existent
souvent dans les pays du Sud, de telle sorte que leur valeur ajoutée n’est pas claire. La fabrication
d’un objet (machine, banc scolaire, véhicule, etc.) à envoyer sur place présente
des inconvénients majeurs (coût du transport, pièces de rechange, etc.). L’envoi d’élèves
dans un pays du Sud n’est pas non plus d’un grand secours – du strict point de vue du
développement des populations défavorisées – dans la mesure où la main-d’œuvre ayant
les mêmes qualifications que les élèves ne manque pas.
En d’autres termes, les élèves des enseignements technique et professionnel ne sont pas
en mesure de fournir à ces populations ce dont elles ont le plus besoin.
Mener avec ces élèves, une action appropriée, efficace au sens de la contribution à un
monde plus respectueux de la dignité humaine, n’est pas aisé.
Faire comprendre cela aux élèves est toutefois une ambition accessible. Elle suscitera
probablement chez eux – et ceci, en somme, vaut pour tout un chacun – une certaine
déception, mais c’est le prix à payer pour le développement d’un engagement réellement
utile.
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