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Homályzónák Zones d' Ombre - MEK - Országos Széchényi Könyvtár

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hôtel et ils croyaient que leur malheur s’appelait Savoy 12 . » Mais les masses d’ex-prisonniersen route vers l’Ouest sont trop nombreuses et trop pauvres, et déjà révolutionnaires; elles sont une force que l’Hôtel Savoy lui-même, avec tous ses étages, ne pourracontenir.Tout d’un coup, pourtant, l’hôtel recouvre tout son lustre aux yeux de Dan. Son cousinAlex, un jeune gommeux qui séjourne à Paris pendant l’année, lui propose de financerson voyage en France ; en réalité, il veut l’éloigner de Stasie à moindres frais. Dans unsursaut de dignité – et de solidarité dans l’infortune à laquelle se mêle un sentimentamoureux inavoué – Gabriel refuse de partir. Dès lors, l’hôtel retrouve à ses yeux sesqualités perdues : son portier en livrée, ses lustres dorés. Et la même série de raisonnementapparaît une nouvelle fois : on peut rester le même et changer, arriver avec unechemise et repartir avec vingt malles 13 . Bien sûr, s’il ne craignait pas tant de se perdre luimême,il partirait à l’instant à Paris – avec ou sans Stasie. D’ailleurs, il décide finalement departir (sans elle), puis, de nouveau sur un coup de tête, il reste.Toute l’histoire est construite sur l’enchaînement de plusieurs cycles : le reflux saisonnierdes prisonniers, les changements d’avis et d’humeur du héros, le retour sur les lieuxdéjà vus (l’hôtel, le bar à danseuses nues, le quartier juif, la soupe populaire, le cimetière).Pourtant, un mouvement linéaire se dégage, c’est la lente arrivée de Bloomfield. Bloomfieldest l’enfant du pays qui a réussi en Amérique. Depuis le début du livre, on annoncequ’il va venir. Il arrive… Il est à Berlin… Il est presque là. Les messages sont apportés parle liftier, Ignace, et Hirsch, un ancien homme d’affaires ruiné un peu fou, reconverti dansla voyance en tirages de loterie gagnants, à qui l’association d’industriels locale paye parcharité une chambre au sixième. À travers Bloomfeld, c’est l’Ouest qui vient pour de bonrépandre ses bienfaits sur la ville. Partout, on l’attend : aux étages supérieurs du Savoy,bien sûr, mais aussi parmi les industriels, et dans le quartier juif où les affaire languissentdepuis qu’on l’annonce, et à la soupe populaire, et à l’orphelinat qui doit réparer son toit,etc… Tout le monde attend, parce que chaque année, Bloomfield paye généreusementtout ce qu’on lui demande. Et des Juifs malades ont cessé d’aller chez le médecin parcequ’il suffit d’attendre encore un peu, et Bloomfield payera la note 14 .Un soir, enfin, Bloomfield arrive. Les phares de sa limousine sont comme une lunetombée dans la ruelle 15 . C’est ainsi qu’il prend possession de la ville, en répandant sa lumièrelà où régnait l’ombre. D’ailleurs, on s’est dûment préparé à son œil inquisiteur :depuis des jours, les employés du Savoy astiquent les boiseries. « Cette propreté a quelquechose d’inquiétant. On ne se sent plus chez soi 16 . » Pour l’écrivain et moraliste anglais12Op. cit., p. 16413Op. cit., pp. 81–8214Op. cit., pp. 123–12415Op. cit., p. 12816Op. cit., p. 132226 Henri de Mo n t e t y

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