Homályzónák Zones d' Ombre - MEK - Országos Széchényi Könyvtár

passaient à l’Ouest. Cette circulation et les percep tions con suméristes, de même quel’attrait des devises occidentales sanctifié par les pouvoirs 10 ont pris des formes singulières.La contiguïté joue aussi un rôle important. On peut supposer que dans les trois pays, laperception, dans les milieux techniques, de l’ancrage dans la tradition occidentale et enparticulier germanique, est demeurée très importante 11 .Le sens à donner aux divisions internes des partis communistes au pouvoir s’imposedonc comme une question de première importance et évolutive. Et ce d’autant que,comme on l’a vu brièvement pour la crise de 1970 en Pologne, les Soviétiques pouvaienttrès bien signifier qu’ils n’avaient aucune envie d’apparaître comme les acteurs des crisesintérieures de ces pays. Ce qui signifie que l’impression donnée en général d’un simpleface à face entre URSS et pays soumis à son influence ne recouvrait qu’en surface lesréalités de ces crises. 1956 en Hongrie et en Pologne auraient certes pu incarner les premièresgrandes crises (même s’il y avait eu juin 1953 à Berlin, nom bre de révoltes dans descamps, etc.), mais ce fut le point crucial où la tutelle soviétique apparut com me définitive.L’intervention à Prague, elle, marqua non pas la reprise en main soviétique sur la ré gionmais plutôt les limites des capacités soviétiques à intervenir – ce que comprirent très viteles diri geants polonais et qui fut une évidence dans le reste du bloc où les voix nationaless’éloignèrent de plus en plus les unes des autres 12 . La question des relations entre parti etintelligentsia offre donc un visage bien plus complexe que ce qui est présenté dans lesouvrages cités plus haut. Or les années 1960-1970 sont aussi marquées par l’affirmationp ol it iq u e d e l ’é c on om i e n a t i o n a l e 13 avec ce que cela entraîne pour l’affirmation des élitestechniciennes sur un mode différent de ce qu’a connu l’URSS 14 . L’accent ne doit pas êtremis uniquement sur les déplacements des lignes politiques di verses, mais sur le glissementsocial qui établit ces couches intellectuelles dans une position bien plus forte etconfortable après 1968 qu’auparavant. Certes l’optique tchécoslovaque, surtout dans lesmilieux des lettres et des sciences humaines, peut faire oublier cette réalité. Mais elles’impose lors de l’examen des sociétés comme l’a montré Roman Krakovsky justementpour la Tchécoslovaquie.La crise polonaise mériterait une analyse approfondie. Nous nous contenterons desou le ver une question. Comment est-il possible de destituer le parti au pouvoir sans quecela n’apparaisse ? C’est pourtant ce qu’a fait le général Jaruzelski le 13 décembre 1981.Avec l’accord des Soviétiques. Le parti com muniste, l’avant-garde officielle – et10Voir P. Gradvohl, L’Europe centrale est-elle concevable ? …, op. cit., p. 27.11Thèse dirigée par Antoine Marès à Paris 1 et qui a reçu en 2013 le prix d’histoire sociale de la Fondation Mattei Dogan : http://www.msh-paris.fr/news/news/article/remise-du-prix-dhistoire-sociale-de-la-fondation-mattei-dogan-fmsh-2013/.12Voir Vojtech Mastny et Malcom Byrne, avec l’aide de Magdalena Klotzbach (éd.), A Cardboard Castle? An Inside History of the Warsaw Pact, 1955–1991,Budapest, New York, Central European University Press, 2005.13Voir P. Gradvohl, L’Europe centrale est-elle concevable…, op. cit., p. 148 et sq.14Voir Jan KUBIK, « On variations of soviet-type modernity: why Poland did not have its own ITR progressi ves », pp. 195-201, Ab Imperio, 2103/1, maisaussi l’article de Pal Tamas sur les spécificités de l’ingénieur soviétique dans ce même numéro.250 Pau l Gra dvo h l