Homályzónák Zones d' Ombre - MEK - Országos Széchényi Könyvtár

En 1700, Samuel Oppenheimer eut beaucoup moins de chance que les habitants dughetto en 1669 : les forces de l’ordre ne protégèrent pas sérieusement les biens du banquierqui perdit dans l’affaire toute sa comptabilité et craignit un instant pour sa vie etcelle des siens. La force publique intervint en effet beaucoup plus mollement. Toute l’affairepartit d’une querelle de brasserie entre un ramoneur et un employé d’Oppenheimer.Dans un premier temps des soldats arrivèrent à s’emparer du ramoneur, mais celui-ci parvintà s’enfuir et à rameuter la foule, comme jadis l’étudiant avait rameuté ses camarades.En deux heures la foule fit pour plus de 20 000 florins de dégâts, mais, selon le TheatrumEuropæum, les soldats attendirent que l’émeute se calmât ; pour le principe le ramoneur,cause du tumulte, fut exposé le lendemain au pilori. Starhemberg, gouverneur de Vienne,s’était montré moins énergique que son prédécesseur le comte de Souches.Les reproches que les Viennois catholiques adressaient aux Juifs se nourrissaient d’argumentstraditionnels d’ordre religieux. L’opinion leur reprochait de spéculer sur les changeset, en ce temps de fréquentes dévaluations, de répandre de faux bruits pour jouerà la baisse. On les accusait surtout d’immoralité, mais le peuple leur reprochait surtoutd’être des gens dangereux qui pratiquaient le meurtre rituel. Nous avons vu qu’un faitdivers aussi banal que la disparition d’une femme dont le cadavre fut retrouvé quelquetemps après dans le ghetto suffit à déclencher la crise qui amena cinq ans après la ruinede la communauté. Et lors de la consécration de l’église à Saint Léopold, la synagogue futqualifiée de sentine du crime (eine Mördergrube). Même Kollonich dans l’Einrichtungswerkles accusait d’enlever et de tuer les enfants chrétiens. Les prédicateurs populairesn’ont pas découragé ces croyances. Si les étudiants viennois ont été si excités en1669, c’est aussi parce que le corps enseignant comprenait plusieurs Jésuites d’origineespagnole et que le vieil antisémitisme a été rénové à l’Université comme à la Cour, parl’antisémitisme castillan, tous deux nourris d’arguments théologiques. Les gens du peupleleur reprochaient sans cesse d’être les meurtriers du Christ – ce fut le point de départ dela querelle qui provoqua l’émeute de 1700 37 .L’évolution à l’époque des LumièresTout dépend désormais de l’attitude du souverain et il faut opposer une fois de plusMarie-Thérèse et son fils Joseph II. Marie-Thérèse a nourri tout au long de son règne dessentiments antisémites, alors que Joseph II a imposé la tolérance à l’égard des Juifs.Marie-Thérèse qui les accusait d’avoir collaboré avec l’ennemi franco-bavarois durantla guerre de Succession d’Autriche, prononça le bannissement des 10 000 Juifs de Praguele 17 décembre 1744. Ils devraient quitter la ville sous un mois et le pays sous six mois.37Theatrum Europæum, t. X, p. 259 BnF, Paris, G 903. Publié à Francfort/Main, le Theatrum est une compilation des dépêches envoyées des différentesvilles d’Europe. Aussi le recueil est-il comme source, d’une valeur comparable à celle de la presse périodique.26 Je an Bérenger