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La Bete des souterra.. - Index of

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Orages <strong>souterra</strong>ins<br />

Peggy Sue était fort mécontente. En effet, depuis quatre jours Sebastian ne se donnait même plus la<br />

peine d’entretenir un semblant de conversation avec ses amis. Il agissait comme s’il était seul à bord,<br />

comme si Peggy Sue n’avait pas plus d’épaisseur que les volutes de gaz enveloppant le vaisseau.<br />

— Tu vas bien ? lui demanda-t-elle. Il y a plus de quatre jours que tu ne m’as pas adressé la parole !<br />

Sebastian leva les yeux et dit :<br />

— Peggy, nous n’avons quitté la surface que depuis vingt-quatre heures. Et je n’arrête pas de te poser<br />

<strong>des</strong> questions, c’est toi qui ne me réponds pas. Tu es en train d’halluciner. C’est l’air <strong>des</strong> pr<strong>of</strong>ondeurs.<br />

Essaye de résister aux idées bizarres qui te traversent la tête…<br />

Peggy Sue fronça les sourcils. Vingt-quatre heures ? Seulement vingt-quatre heures ? Elle avait<br />

pourtant bien l’impression d’avoir dormi quatre nuits à bord du dirigeable. Mais peut-être confondait-elle<br />

les nuits avec les simples siestes qu’il lui était arrivé de faire, de temps à autre ? Tout s’embrouillait<br />

dans son esprit, et elle se sentait tantôt pleine d’une étrange lucidité, tantôt confuse, à peine capable de<br />

déchiffrer trois lignes dans le manuel de bord.<br />

— Il ne faut pas tant t’agiter, dit Sebastian. Tu t’hyperventiles [25] et le gaz court-circuite ton cerveau.<br />

Si tu continues ainsi, tu risques de brûler tes cellules mentales et de devenir idiote.<br />

Peggy Sue se demanda si elle devait le croire.<br />

Perdait-elle la boule ou bien… ou bien était-ce Sebastian qui ne parvenait plus à estimer<br />

correctement l’écoulement du temps ?<br />

<strong>La</strong> peur s’empara d’elle : et si leurs cerveaux se consumaient un peu plus chaque fois qu’ils aspiraient<br />

une bouffée d’air mêlée de gaz ? Combien de temps allaient-ils rester conscients à ce rythme ?<br />

Elle enfila son masque, mais l’engin était assez difficile à supporter.<br />

— Ça gratte, dit-elle au chien bleu, et puis on transpire comme dans un bain de vapeur quand on a ce<br />

truc sur la figure. Je dois déjà avoir les joues couvertes de boutons !<br />

*<br />

Une heure plus tard, il se mit à pleuvoir. Une averse drue, méchante, cingla les flancs de l’aérostat,<br />

éveillant à l’intérieur de la vessie <strong>des</strong> échos inquiétants. <strong>La</strong> pluie ne tarda pas à se changer en grêle, et<br />

Peggy Sue éprouva le besoin de sortir de l’igloo pour vérifier que les rustines du ballon ne se décollaient<br />

pas.<br />

— Hé ! cria-t-elle, ce n’est pas de l’eau, c’est de la terre, <strong>des</strong> cailloux… ça provient de la voûte, au<strong>des</strong>sus<br />

de nos tête.<br />

L’aérostat résonnait comme un tambour. L’adolescente leva le bras pour se protéger le visage de la<br />

morsure <strong>des</strong> graviers. Le Capitaine Fantôme allait-il résister au martèlement ?<br />

Elle se mordit la langue en espérant que la douleur allait chasser son angoisse. À ce moment, elle crut<br />

entendre gronder un orage, quelque part au nord. Des lumières jaunâtres scintillèrent dans le lointain. Il y<br />

eut un craquement, sec, terrible, un brasillement de flash, puis un roulement, énorme, interminable, se<br />

répercuta sous la voûte immense de la coquille.

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