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La Bete des souterra.. - Index of

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— Ne traînez pas ! hurla un surveillant muni d’un chronomètre et d’un porte-voix. <strong>La</strong> zone de<br />

brouillard mesure trois kilomètres de long. Le vent souffle à la vitesse approximative de dix<br />

kilomètres/heure et pousse la fumée bleue sur nos talons. Si vous voulez échapper au poison, vous devez<br />

maintenir la cadence.<br />

— Qui est-ce ? demanda Peggy Sue.<br />

— Le navigateur, dit le blessé. C’est le pilote de la caravane. Il apprécie la force du vent et<br />

l’emplacement <strong>des</strong> poches de brouillard toxique. Plus le vent souffle, plus le poison se déplace avec<br />

rapidité. Cela implique de courir plus vite pour ne pas être rattrapé par la fumée. Aujourd’hui il ne faut<br />

pas se plaindre, la brise est calme. Une moyenne de dix kilomètres/heure n’a jamais tué personne. Mais<br />

certains jours de bourrasque, la brume glisse au long <strong>des</strong> rues à la vitesse d’un cheval au galop, il faut<br />

alors filer ventre à terre pour se maintenir dans la zone respirable.<br />

Sébastian tourna la tête. Loin en arrière, on apercevait à l’horizon <strong>des</strong> toits un panache de fumée<br />

indigo.<br />

— Si l’on s’assoit au bord d’un trottoir pour se reposer, dit amèrement le blessé, on court le risque<br />

d’être submergé par la brume. Il faut à tout prix éviter d’être touché par elle si l’on ne veut pas partir en<br />

lambeaux. Je pense que vous avez compris le principe ?<br />

Peggy Sue hocha la tête. Sébastian courait d’un pas lourd mais régulier.<br />

— Lorsque la bourrasque se déchaîne, il est presque impossible de tenir le rythme, dit l’homme.<br />

Heureusement le climat de Kromosa est assez clément. Les jours de calme plat, le souffle de la<br />

Dévoreuse stagne au-<strong>des</strong>sus <strong>des</strong> crevasses et cesse de nous poursuivre. Nous pouvons alors nous arrêter<br />

pour paresser, mais cela ne se produit guère plus d’une ou deux fois par semaine en cette saison.<br />

— Comment t’es-tu blessé ? demanda Peggy Sue.<br />

— Sur un piège posé par les compagnons de la pieuvre. Ils nous détestent. Ils ont pris l’habitude de<br />

creuser <strong>des</strong> trous dans le sol et d’y enfouir de longues pointes pour nous percer les pieds. Voilà pourquoi<br />

nous faisons courir <strong>des</strong> éclaireurs en tête de colonne. Ils déblayent le terrain et repèrent les pièges. C’est<br />

un travail dangereux car l’on risque soi-même de poser le talon sur un clou empoisonné. Si vous voulez<br />

être admis dans la colonne, allez voir Bomo, le chef, et postulez pour cet emploi, on vous acceptera sans<br />

difficulté.<br />

— Je peux tirer les chariots, dit Sébastian. Je suis fort.<br />

— Oui, fit l’homme, mais la fille est trop fluette, elle n’y arrivera pas. Si elle accepte le poste<br />

d’éclaireuse, elle a une chance d’être admise par le clan. Évidemment, c’est une activité dangereuse.<br />

Peggy fit la grimace. <strong>La</strong> perspective de plonger le pied dans un trou hérissé de pointes vénéneuses ne<br />

la réjouissait guère ; d’autre part, elle voyait là un moyen rapide de gagner la considération du clan.<br />

— Si je comprends bien, dit Sébastian, le nuage de fumée cache d’autres dangers…<br />

— Oui, grommela l’inconnu. Il faut monter une garde vigilante car les compagnons de la pieuvre<br />

rôdent dans les décombres, se dissimulant dans la brume. Ils préparent <strong>des</strong> pièges, creusent <strong>des</strong> fosses ou<br />

essayent de se glisser dans les chariots pour saboter les attelages. Tout leur est bon pour nous <strong>of</strong>frir en<br />

pâture à leur idole : la Dévoreuse. Ils n’ont qu’un but dans la vie, veiller à ce qu’elle ait toujours de quoi<br />

manger.<br />

Peggy Sue se sentait envahie par le découragement. Dans quel bourbier étaient-ils tombés ? Sébastian<br />

serait-il capable de courir huit heures par jour sans succomber à l’épuisement ? Depuis qu’il était<br />

redevenu humain, il n’était plus aussi fort qu’avant. Chaque fois qu’il se fatiguait, il sombrait dans un<br />

sommeil comateux – anormal – dont rien ne pouvait le sortir, pas même un coup de canon tiré près de

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