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La Bete des souterra.. - Index of

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— Je persiste à penser que Massalia est un méchant personnage, insista le grand vizir. Il n’aime pas<br />

les animaux… Il colporte <strong>des</strong> calomnies sur la bête <strong>des</strong> <strong>souterra</strong>ins. Vous savez, mes chers enfants, il ne<br />

faut pas croire tout ce qu’on raconte. Le peuple exagère les méfaits de l’animal. Je crois que la Bête a<br />

beaucoup à nous apprendre. Il y aurait de gros avantages à collaborer avec elle. Si l’on cessait de la<br />

persécuter, elle serait de moins mauvaise humeur et arrêterait de s’en prendre aux marmots <strong>des</strong> paysans !<br />

Arrivé au sommet, le convoi s’arrêta devant une palissade de rondins qui, en se déployant sur quatre<br />

côtés, formait une sorte de fortin. De petits baraquements s’élevaient aux abords de cette station de sports<br />

d’hiver plutôt rustique.<br />

« Ici, pas de gentils moniteurs souriants, songea Peggy, mais <strong>des</strong> gar<strong>des</strong> armés jusqu’aux dents. »<br />

— Nous sommes encore trop bas, expliqua Ranuck, la délicieuse gourmandise se déguste au sommet<br />

de la montagne. Des chariots chauffés et bâchés de cuir emmènent les gourmets tout en haut du pic, là où<br />

l’on trouve la neige la plus pure, la plus chère aussi. Vous verrez d’ailleurs que la couleur en est<br />

incomparable.<br />

D’un geste négligent, il désigna une cabane où l’on pouvait louer <strong>des</strong> fourrures. Peggy et ses amis<br />

sautèrent du chariot tandis que le vizir ordonnait à ses hommes de vérifier les attelages.<br />

Les jeunes voyageurs se dirigèrent vers la baraque de rondins.<br />

Peggy Sue grelottait, elle dut prendre sous son bras le chien bleu qui avait disparu au sein de la<br />

couche de neige et poussait <strong>des</strong> jappements angoissés. Les flocons roses collaient à la peau, vous glaçant<br />

jusqu’aux os. Par inadvertance, Peggy se passa la langue sur les lèvres, avalant du même coup les menues<br />

parcelles neigeuses qui s’étaient collées autour de sa bouche. Elle éprouva un terrible vertige en même<br />

temps qu’une bouffée de gourmandise incontrôlable. Ce fut bref mais intense ; elle crut qu’elle allait<br />

s’évanouir.<br />

— Attention, chuchota-t-elle à l’intention de Sebastian et du chien bleu, il faut se méfier <strong>des</strong> flocons<br />

et se protéger le visage avec un chiffon. Si vous léchez la neige comme je viens de le faire, une faim<br />

dévorante s’emparera de vous. Les trafiquants doivent bien connaître ce phénomène, regardez les gar<strong>des</strong> :<br />

ils sont tous masqués !<br />

C’était vrai. Aucune <strong>des</strong> sentinelles enveloppées de peau de loup n’avait la bouche découverte.<br />

Toutes portaient une muselière de cuir. Sebastian pesta et se plaqua la main sur le bas du visage. Seul le<br />

chien bleu s’obstina à tirer la langue et à gober les flocons qui voletaient.<br />

— C’est bon ! jappait-il. Miam ! que c’est bon ! J’en veux encore !<br />

Au moment où ils atteignaient l’auvent de la petite baraque, Sebastian les attira à l’écart. S’étant<br />

assuré que personne ne risquait de l’entendre, il murmura :<br />

— Pouvons-nous faire confiance à ce Ranuck ? Il apprécie un peu trop la Dévoreuse, à mon goût ! Je<br />

crois que Massalia a raison, c’est bien le chef <strong>des</strong> compagnons de la pieuvre. Il la défend. Jamais il<br />

n’acceptera qu’on se serve de l’arbalète, il faudra se passer de sa permission.<br />

Comme le visage de Peggy Sue trahissait l’hésitation, il ajouta :<br />

— Il est visible que notre mission va contre les intérêts de cet homme. J’ai peur qu’il nous ait attirés<br />

dans un piège. Il pourrait bien avoir dans l’idée de nous éliminer… Une fois la palissade franchie, nous<br />

serons entre les mains <strong>des</strong> trafiquants de sorbets.<br />

Sébastian se savait assez fort pour affronter dix hommes et le combat ne l’effrayait pas, mais il<br />

redoutait quelque traîtrise et cette histoire de neige délicieuse le mettait mal à l’aise.<br />

— Cet homme ne m’inspire pas confiance, martela-t-il. Il ne nous attaquera pas de front, il le fera par<br />

la ruse.

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