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— Oui, supplia-t-elle, il faut que vous fassiez quelque chose… On a peur de la Dévoreuse. On<br />
l’entend la nuit… Elle gratte dans les murs. Elle creuse pour entrer dans les maisons. C’est nous qu’elle<br />
vient chercher. Mais tu vas la tuer, hein, Peggy ? Tu vas la tuer pour que nous puissions enfin dormir en<br />
paix.<br />
Quand elle se retrouva seule avec le chien bleu, Peggy Sue soupira :<br />
— C’est une grande responsabilité qu’on nous confie là. Tous ces enfants comptent sur nous ; ça me<br />
serre le cœur. Nous n’avons jamais affronté un tel monstre, serons-nous à la hauteur ?<br />
Le soir, alors qu’ils dînaient d’une écuelle de soupe au lard et d’un morceau de fromage, Sébastian<br />
chuchota :<br />
— J’ai croisé de drôles de types dans la ville. Des hommes, <strong>des</strong> femmes… ils avaient l’air de vrais<br />
crétins et riaient aux anges. J’ai demandé à Massalia qui étaient ces gens, il m’a expliqué que c’étaient<br />
<strong>des</strong> victimes <strong>des</strong> sorciers.<br />
— Comment cela ? s’enquit Peggy.<br />
— C’est simple, comme la Dévoreuse ne s’attaque qu’aux enfants, les sorciers vendent aux parents<br />
<strong>des</strong> produits qui font grandir les gosses en l’espace d’une nuit.<br />
— Quoi ? couina le chien bleu. Tu veux dire qu’après avoir bu ce sirop ils se couchent enfants et se<br />
réveillent adultes ?<br />
— Exactement ! Ils vieillissent de vingt ans dans la nuit. Une fois devenus <strong>des</strong> femmes, <strong>des</strong> hommes,<br />
ils ne risquent plus que la bête <strong>des</strong> <strong>souterra</strong>ins s’intéresse à eux… Le problème, c’est que leur cerveau ne<br />
vieillit pas avec le reste du corps, il reste celui d’un gosse, si bien qu’ils ont l’air de vrais crétins.<br />
— Des tas d’adultes ont l’air de vrais crétins, de toute façon, grommela le chien bleu, philosophe. On<br />
ne doit pas faire la différence.<br />
Sébastian baissa encore la voix pour ajouter :<br />
— Massalia dit que les sorciers sont partout, à comploter dans l’ombre. Ils se font appeler « les<br />
compagnons de la pieuvre ». Ils défendent la Dévoreuse et voient en elle une espèce à protéger. Un<br />
animal en voie d’extinction. Ils essayent de convertir les jeunes à leurs idées, en leur expliquant qu’ils<br />
devraient être heureux de servir de casse-croûte à la bestiole, qu’ainsi ils contribuent à sa survie. Ils<br />
forment, paraît-il, une confrérie très puissante.<br />
— À quoi peut-on les reconnaître ? s’inquiéta Peggy.<br />
— C’est bien là le problème, maugréa Sébastian. On ne les reconnaît pas. Ils sont comme toi, comme<br />
moi… sauf qu’ils font partie d’une secte.