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Dans ce tuyau ? Où est la chasse d’eau ?<br />
Au fil <strong>des</strong> minutes ils devenaient plus nombreux, et les pauvres monstres semblaient en grand danger<br />
d’être débordés.<br />
— On y va, haleta Alzir. J’envoie le béthanon dans l’enveloppe. Le ballon va se gonfler. Restez bien<br />
cachés. Je vais me tenir à la proue. De cette manière, la Dévoreuse me verra. Elle me connaît, elle croit<br />
que je suis un lèche-bottes.<br />
Il fallut peu de temps au béthanon pour emplir l’enveloppe qui se défroissa en chuintant.<br />
— Oh ! le joli ballon ! crièrent les sosies. On veut grimper, nous aussi ! On veut aller se promener<br />
dans les airs !<br />
Alzir se dépêcha de larguer les amarres et d’augmenter le débit du gaz. L’aérostat s’éleva aussitôt<br />
d’une bonne dizaine de mètres. Les marionnettes poussèrent <strong>des</strong> cris de déception.<br />
— Quelle plaie ! ragea Alzir. Leurs beuglements vont éveiller l’attention de la Dévoreuse. <strong>La</strong> bombe<br />
devrait exploser dans cinq minutes. Si le mélange est bon, il devrait créer un nuage rose… si, au<br />
contraire, ces crétins de sosies ont tripoté les valves, le nuage sera bleu… et nous tuera tous.<br />
Peggy Sue se mordait les lèvres, et le chien bleu tremblait du museau à la pointe de la queue. Seul<br />
Sébastian s’obstinait à pouffer de rire.<br />
Pendant ce temps, le Capitaine Fantôme s’élevait dans la pénombre.<br />
Alzir se tenait dressé à la proue, cramponné aux haubans. Il savait qu’à partir d’une certaine hauteur<br />
la fable <strong>des</strong> « essais » ne tiendrait plus. <strong>La</strong> Bête finirait par comprendre qu’elle assistait à une tentative<br />
d’évasion et réagirait en conséquence.<br />
— Trois minutes, annonça-t-il. Dans trois minutes nous saurons si la bombe va cracher du somnifère<br />
ou du poison. J’ai fait de mon mieux. Il ne faudra pas m’en vouloir si ça rate.<br />
Peggy se rendit compte qu’elle était en train de s’enfoncer les ongles dans les paumes. Son cœur<br />
faisait un bruit énorme dans sa poitrine.<br />
— Une minute, annonça Alzir.<br />
Comme chaque fois qu’il était trop ému, le chien bleu se mit à aboyer. Peggy lui serra le museau pour<br />
le faire taire.<br />
— Oh ! gémit le jeune monstre, je crois que la Dévoreuse s’inquiète de ce qui est en train de se<br />
passer. Elle regarde dans notre direction et commence à agiter ses tentacules. Je vais augmenter le débit<br />
du gaz pour accélérer la remontée.<br />
— Pas trop ! lui conseilla Peggy Sue. Si l’enveloppe éclate nous sommes fichus ! N’oublie pas<br />
qu’elle a été recousue.<br />
— Dix secon<strong>des</strong>, bredouilla Alzir.<br />
Peggy ferma les yeux et se serra contre ses amis. Au moins, si le nuage de gaz était bleu, ils auraient<br />
la consolation de mourir ensemble.<br />
— 9, 8, 7… égrena Alzir.<br />
Une explosion sourde ébranla les parois de la coquille. Un sifflement strident se fit entendre. <strong>La</strong><br />
bombe venait d’exploser. Elle répandait son mélange au fond de l’œuf.<br />
— Quelle couleur ? hurla Peggy. Quelle couleur ?<br />
— Je ne vois rien ! gémit Alzir. Il fait trop sombre !<br />
Pendant une trentaine de secon<strong>des</strong>, les fugitifs furent la proie d’une intense frayeur.<br />
« Bleu ou rose ? se demandait Peggy Sue. Rose ou bleu… le sommeil ou la mort ? »<br />
Par chance, une explosion de méthane se produisit en altitude, illuminant l’espace intérieur de la<br />
coquille.<br />
— Rose ! cria le jeune monstre. Le nuage est rose… ça a marché !