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— Il fait plus de bruit que dix boîtes de conserve dans un sac à provisions, chuchota-t-il.<br />
Peggy lui intima de se taire, et les trois amis pénétrèrent dans la forteresse dont les gar<strong>des</strong> venaient<br />
d’entrebâiller les portes bardées de fer.<br />
Dès le seuil, ils furent pris en charge par un valet muni d’un impressionnant trousseau de clefs. Ils<br />
durent franchir trois grilles avant d’accéder aux chambres de repos. Peggy nota que les principaux<br />
occupants <strong>des</strong> dortoirs étaient <strong>des</strong> enfants, regroupés par tranche d’âge.<br />
« On dirait une colonie de vacances, pensa-t-elle. Une colo qui aurait l’allure d’une prison… »<br />
Il n’y avait aucun chahut. Les gamins, trop sages, <strong>of</strong>fraient un tableau curieusement silencieux.<br />
Inhabituel si l’on considérait l’absence de surveillants.<br />
— Ils ont peur, déclara le chien bleu. Je le sens.<br />
— Pourquoi fixent-ils les murs ? s’étonna Sébastian. Vous avez remarqué ? Ils scrutent les murailles<br />
comme si quelque chose allait en sortir.<br />
Le valet les fit grimper à l’étage. À chaque palier, il déverrouillait une nouvelle grille. Cela<br />
commençait à devenir pénible !<br />
Peggy Sue nota que de larges crevasses sillonnaient les murs. On les avait rebouchées avec du<br />
ciment ; elles n’en demeuraient pas moins visibles.<br />
— Voilà, annonça le serviteur, les chambres de vos seigneuries sont ici. Dois-je <strong>des</strong>cendre le chien<br />
aux écuries ?<br />
— Non ! protesta Peggy, il dormira avec moi.<br />
— Comme vous voudrez, fit l’homme en s’inclinant. Ce sont de bonnes chambres, vous pourrez y<br />
dormir en toute tranquillité, les cloisons y ont été renforcées avec <strong>des</strong> tiges d’acier, le général Massalia y<br />
a veillé.<br />
— Je tombe de sommeil, bâilla Sébastian. Ce voyage m’a tué, je sens que je vais m’écrouler. Depuis<br />
que je suis redevenu humain je ne suis plus aussi résistant qu’avant. J’avais oublié ce que signifiait le mot<br />
fatigue. Je ne me réveillerai pas avant midi, même si un monstre me tire par les pieds au cours de la nuit !<br />
Après avoir embrassé Peggy, il poussa la porte de sa chambre et disparut. <strong>La</strong> jeune fille pénétra dans<br />
la cellule qu’on lui avait réservée.<br />
— Une vraie geôle, fit le chien bleu. Il y a même un pot de chambre ! Quel confort ! Quelque chose<br />
me dit qu’il ne doit pas y avoir beaucoup de touristes sur Kandarta.<br />
N’osant se déshabiller, Peggy Sue se contenta d’ôter ses souliers et de s’étendre sur le lit. L’absence<br />
de fenêtre l’oppressait.<br />
— J’ai l’impression d’avoir été emmurée vivante, murmura-t-elle.<br />
— Je suis trop fatigué pour m’en inquiéter, soupira le chien en se roulant en boule sur le dallage. On<br />
reparlera de ça demain matin, si personne n’est venu nous égorger pendant la nuit !<br />
À peine la truffe posé sur les pattes, il s’endormit. <strong>La</strong> jeune fille, elle, resta les yeux ouverts, à fixer<br />
le plafond. Elle avait beau être très fatiguée, elle ne pouvait se résoudre à s’abandonner au sommeil. Tout<br />
était trop bizarre… Cette colonie de vacances aux allures de prison, ces enfants terrifiés… Non, elle<br />
devait rester aux aguets.<br />
Au bout d’un moment, elle commença à percevoir <strong>des</strong> grattements lointains, comme si quelqu’un était<br />
occupé à creuser une fosse dans les fondations du bâtiment. Non, ce n’était pas cela… Le bruit semblait<br />
monter vers la surface. C’était comme l’écho d’un mystérieux travail de sape [2] . Quelqu’un creusait sous