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<strong>La</strong> confrérie <strong>des</strong> monstres<br />
Ils rentrèrent au palais. Le roi Walner sortit de sa voiture, soutenu par ses servantes. Il riait sottement<br />
et, au passage, fit un pied de nez au chien bleu. On dut le porter jusqu’au sommet de l’escalier d’honneur.<br />
— Sa Majesté est très fatiguée, diagnostiqua Ranuck, elle va garder la chambre un moment.<br />
« Quelle aubaine pour toi, vieux scélérat ! songea Peggy, de cette manière tu peux régner à sa place et<br />
organiser les choses à ta guise. »<br />
— Considérez-vous désormais comme mes invités, annonça le grand vizir avec un clin d’œil appuyé.<br />
Un valet va vous conduire à vos chambres, nous parlerons de nos projets dès ce soir.<br />
Peggy Sue et Sébastian découvrirent qu’on leur avait octroyé <strong>des</strong> appartements princiers, remplis de<br />
soieries, de statues et d’objets en or de toutes sortes.<br />
Le garçon sortit sur le balcon pour voir s’il lui serait possible, en escaladant la façade, de se hisser<br />
jusqu’à la terrasse où était remisée l’arbalète géante.<br />
— Ça paraît difficile, avoua-t-il, déçu. Le marbre est si lisse et il n’y a aucun point d’appui. Il va<br />
falloir passer par l’intérieur.<br />
Feignant de visiter le palais, les jeunes gens s’approchèrent de la pièce stratégique. Encore une fois,<br />
ils durent rebrousser chemin, l’endroit était gardé par <strong>des</strong> sentinelles qui leur intimèrent de faire demitour<br />
avant de recevoir une flèche au travers du corps.<br />
— C’est mal parti, grommela Sébastian. Il va falloir imaginer un stratagème…<br />
Des esclaves leur servirent un succulent déjeuner dans leurs appartements, mais ni Peggy Sue ni le<br />
chien bleu ne parvinrent à avaler quoi que ce soit.<br />
— C’est dégoûtant, hoqueta le petit animal, la viande a un goût de vieux mégot.<br />
— Exact, fit Peggy, c’est comme si je mâchais de la cendre froide…<br />
Sébastian frappa du poing sur la table.<br />
— Voilà ce qui arrive quand on se drogue ! gronda-t-il. Vous avez mangé de la neige rose, vous êtes<br />
bien punis ! Dans peu de temps vous partagerez les banquets de Ranuck, vous deviendrez <strong>des</strong> cannibales.<br />
— Non… non… balbutia Peggy Sue, ça va passer. Nous n’avons pas mangé assez de neige pour être<br />
irrémédiablement intoxiqués.<br />
— C’est ce que vous croyez, ragea le garçon. Vous êtes tombés dans le piège que nous tendait le<br />
grand vizir. Voilà pourquoi il nous a emmenés sur la montagne <strong>des</strong> délices. Il savait qu’une fois que vous<br />
auriez goûté à la neige vous deviendriez ses complices.<br />
— Ça va passer, répéta Peggy, toute pâle. Je ne recommencerai pas.<br />
— Moi, ça ne me déplairait pas de manger de la cuisse humaine, avoua le chien bleu, mais, bon, je<br />
ferai comme Peggy.<br />
*<br />
Ranuck ne tarda pas à se manifester. Embusqué derrière les colonnes de marbre du palais, il avait<br />
auparavant longuement observé Peggy Sue et le chien bleu.<br />
« Il sait que nous avons mâché de la neige, se dit la jeune fille. Il attend que la délicieuse