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seule.<br />
— Quel bonheur, souffla Peggy en se sentant pâlir. J’ai hâte d’y être…<br />
Elle quitta la crypte en adressant <strong>des</strong> sourires aux conjurés.<br />
— Hé ! protesta le chien bleu, on part déjà ? Mais on n’a rien mangé ! Elle avait pourtant l’air bien<br />
appétissante cette limace fumée.<br />
Les portes d’acier se refermèrent derrière eux et les gar<strong>des</strong> se remirent en faction, la hache à la main.<br />
Peggy s’empressa de regagner ses appartements. Sébastian l’y attendait. Elle lui raconta tout.<br />
— Ça va mal, observa le garçon. Nous nous sommes jetés dans la gueule du loup. Si tu refuses de<br />
devenir leur complice, ils nous supprimeront… Peut-être même nous mangeront-ils !<br />
— Il faut passer à l’action, décida Peggy. Nous n’avons plus le choix. Nous devons nous emparer de<br />
l’arbalète !<br />
— J’y ai réfléchi, et il n’y a pas trente-six solutions, soupira Sébastian. Le mieux est d’attaquer de<br />
front et de les surprendre. Les gar<strong>des</strong> ne se méfieront pas de nous, ils nous prennent pour <strong>des</strong> enfants sans<br />
défense. Ils ne connaissent pas ma force. Je peux les assommer sans problème. Ils n’auront même pas le<br />
temps de comprendre ce qui leur arrive.<br />
— N’exagère pas, lui rappela Peggy. Tu sais bien que tu peux déployer une puissance herculéenne<br />
pendant trois minutes, mais qu’ensuite tu t’écroules pour dormir. Si cela se produit, tu t’effondreras à<br />
leurs pieds et ils te transperceront de leurs javelots.<br />
— Je ferai vite, assura le garçon. Une fois la Dévoreuse abattue, je pense que les compagnons de la<br />
pieuvre perdront tous leurs pouvoirs.<br />
— Sans doute.<br />
— Alors ne tardons pas.<br />
*<br />
Le cœur serré, les trois amis se dirigèrent vers la partie du palais où se trouvait entreposée l’arbalète<br />
géante. Hélas, lorsqu’ils voulurent s’engager dans le corridor menant à la terrasse, les soldats leur<br />
barrèrent la route.<br />
— Zone protégée, aboya un centurion, personne n’accède à la terrasse sans être accompagné du roi et<br />
du vizir. Déguerpissez, les gosses, ou je vous botte les fesses !<br />
Le chien bleu en pr<strong>of</strong>ita pour passer entre les jambes du soldat et galopa en aboyant jusqu’à la porte<br />
interdite.<br />
— Mon chien ! pleurnicha Peggy, jouant la petite fille éplorée. <strong>La</strong>issez-moi passer, je veux juste<br />
récupérer mon chien… Il n’obéit à personne…<br />
— Zone protégée, répéta sottement le soldat, personne n’accède à l’arbalète en l’absence du roi et du<br />
vizir.<br />
Sébastian esquissa un geste pour l’écarter, mais aussitôt dix légionnaires jaillirent de derrière les<br />
colonnes et le mirent en joue avec <strong>des</strong> javelots.<br />
Sans attendre, le garçon se jeta dans la bataille, leur écrasant le visage à coups de poing. Une fureur<br />
démentielle l’habitait, et ses bourra<strong>des</strong> cabossaient casques et cuirasses comme s’il s’agissait de simples<br />
boîtes de conserve. Progressant à gran<strong>des</strong> enjambées, avec une rapidité inouïe, il frappait sans relâche.<br />
Éberluée, Peggy Sue le regardait bouche bée. Jamais elle n’avait vu son petit ami se battre avec autant de<br />
fureur.<br />
« Ça ne durera pas, songea-t-elle avec angoisse, dans deux minutes il sera épuisé et tombera endormi,