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La Bete des souterra.. - Index of

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<strong>La</strong> forêt <strong>souterra</strong>ine<br />

Alors qu’elle tourbillonnait dans l’obscurité, Peggy sentit un tentacule s’enrouler autour de sa taille.<br />

Elle cessa aussitôt de tomber, mais sa terreur s’en trouva décuplée. Cédant à la panique, elle se mit à<br />

gigoter et à distribuer <strong>des</strong> coups de pied en tous sens. C’était stupide, car si le tentacule l’avait lâchée à<br />

cet instant, elle serait allée s’écraser comme une tomate mûre <strong>des</strong> centaines de kilomètres plus bas, au<br />

fond de l’œuf !<br />

Après s’être essoufflée en pure perte, elle fit une remarque étrange :<br />

« Bizarre, pensa-t-elle, ça ne ressemble pas à de la peau. Je ne sens pas d’écailles sous mes doigts.<br />

On dirait plutôt de l’écorce… »<br />

Ne sachant que faire, elle prit son mal en patience. Enfin, <strong>des</strong> lumières apparurent dans le lointain…<br />

Il ne s’agissait pas d’explosions de méthane mais bel et bien de flambeaux résineux dont les flammèches<br />

dansaient dans les courants d’air.<br />

Ces lueurs permirent à la jeune fille de constater que le tentacule noué autour de sa poitrine était en<br />

réalité une racine… Une racine interminable d’une élasticité extrême. Elle n’avait pas été capturée par<br />

la Dévoreuse mais par une sorte de liane sortant d’une fissure de la voûte granitique. Elle ne tarda<br />

d’ailleurs pas à distinguer <strong>des</strong> dizaines de racines semblables grouillant dans la pénombre telle une<br />

nichée de serpents. Elles ondulaient mollement ou cinglaient l’air ; parfois elles s’emmêlaient ou se<br />

nouaient avec paresse. Le spectacle était à la fois grandiose et terrifiant.<br />

Ces tubercules hérissés de radicelles avaient fini par former une espèce de toile d’araignée. Ce filet<br />

étroitement tricoté, suspendu au-<strong>des</strong>sus du vide, constituait une « piste d’atterrissage » pour tout ce qui<br />

tombait <strong>des</strong> crevasses.<br />

Au fur et à mesure qu’elle s’en rapprochait, Peggy se rendit compte que <strong>des</strong> dizaines d’enfants<br />

couraient à la surface de cette épuisette végétale.<br />

<strong>La</strong> racine géante qui l’avait interceptée au cours de sa chute la déposa sur la « toile d’araignée » et<br />

dénoua son étreinte. Incapable de conserver son équilibre, Peggy tomba à quatre pattes.<br />

« Ce filet a bel et bien été tricoté avec <strong>des</strong> racines, constata-t-elle. Les mailles ont l’air vivantes…<br />

Elles bougent ! »<br />

Une musique aigrelette lui fit relever la tête. Un garçon d’une dizaine d’années s’avança. Il était vêtu<br />

de haillons verts et soufflait dans une flûte. D’autres enfants le suivaient, portant <strong>des</strong> torches enflammées.<br />

On eût dit <strong>des</strong> lutins habillés de feuilles.<br />

— Bienvenue chez les compagnons de la forêt <strong>souterra</strong>ine, lança-t-il en cessant de souffler dans son<br />

instrument. Je suis Pipoz, le charmeur de serpents. Je travaillais dans une fête foraine. Mon patron était<br />

méchant ; pour lui échapper – un jour qu’il voulait me battre – j’ai sauté dans une crevasse et je me suis<br />

retrouvé emberlificoté dans un fouillis de racines. Des racines, ça ressemble à <strong>des</strong> serpents… Comme<br />

j’avais ma flûte, j’ai essayé de les charmer, et ça a marché !<br />

Il avait une drôle de tête constellée de taches de rousseur et un nez pointu. Ses cheveux rouges<br />

s’échappaient de <strong>des</strong>sous son bonnet mité.<br />

— Bienvenue, dit très sérieusement un garçon d’environ seize ans qui brandissait un flambeau. Moi,<br />

je suis Anaztaz, le chef de cette communauté. Pipoz vient de te sauver la vie en ordonnant à cette racine<br />

de t’attraper au vol. Il a suffi qu’il lui joue un petit air approprié, et hop !

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